Attaque à La Nouvelle-Orléans : militaire, radicalisation, immigration... Ce que l'on sait du suspect
"Un amour, un gars sympa, un ami, très intelligent, attentionné". C'est en ces termes qu'Abdur Jabbar décrit son frère, Shamsud-Din Jabbar, l'assaillant de la fusillade à La Nouvelle Orléans identifié par le FBI. Au volant d'une camionnette Ford blanche, l'assaillant a foncé "à grande vitesse" sur la foule dans la nuit du mardi 31 décembre au mercredi 1er janvier, avant d'ouvrir le feu sur les forces de l'ordre, faisant au moins 15 morts et des dizaines de blessés.
Le conducteur a essayé "d'écraser le plus de personnes qu'il pouvait" et "était farouchement déterminé à provoquer un carnage", a souligné au préalable la cheffe de la police de La Nouvelle Orléans, Anne Kirkpatrick. "L'auteur des faits a tiré sur nos agents de son véhicule quand il a été accidenté. Deux d'entre eux ont été touchés. Leur état est stable", a-t-elle précisé. Cette dernière corrobore l'hypothèse de la maire LaTroya Cantrell qui évoque une "attaque terroriste". De son côté, le FBI a affirmé traiter l'affaire "avec les services de police comme un acte de terrorisme". Pendant la fusillade avec les forces de l'ordre, l'homme de 42 ans a été abattu.
Des liens complexes avec l'Etat Islamique
Plusieurs indices semblent traduire un lien entre l'assaillant Shamsud-Din Jabbar et l'Etat islamique (EI). Un drapeau du groupe djihadiste a été retrouvé par le FBI dans le véhicule utilisé par l'assaillant. Par ailleurs, selon le président américain, Joe Biden, "quelques heures à peine avant l'attaque", le suspect avait "publié sur les réseaux sociaux des vidéos indiquant qu'il était inspiré par l'Etat islamique". Ces vidéos témoignent aussi d'un "désir de tuer", a-t-il ajouté, avant de préciser tenir ces informations du FBI, dans une allocution de la résidence de Camp David, proche de Washington.
Pour autant, le profil du principal suspect interroge. D'autant plus qu'il a été décoré à de multiples reprises pendant ses années d'engagement. Il a reçu plusieurs décorations dont la Global War on Terrorism Service Medal, indiquent plusieurs médias américains comme Fox News et le Wall Street Journal. Cette médaille créée en 2003 par l'ex-président des USA George W. Bush, récompense les soldats déployés dans le cadre de la "guerre contre le terrorisme" après les attentats du 11 septembre 2001.
Shamsud-Din Jabbar, un ancien militaire texan
Face à l'ampleur de l'attaque, le président élu Donald Trump s'est exprimé sur son réseau social, Truth Social, et a établi un lien à peine sous entendu entre l'immigration illégale et l'attaque à La Nouvelle Orléans : "Quand je disais que les criminels qui arrivent sont bien pires que les criminels que nous avons dans notre pays, cette affirmation a toujours été réfutée par les démocrates et les "fake news" médias, mais elle s'est avérée vraie". Mais le milliardaire a oublié un détail important : le suspect était un citoyen américain.
Shamsud-Din Jabbar, "né et élevé à Beaumont, au Texas", n'était pas issu de l'immigration, comme l'indique une vidéo datant de 2020. Sur celle-ci, l'assaillant explique avec un accent typique du sud des États-Unis, comment son expérience dans l'armée lui a été bénéfique dans sa nouvelle carrière de gestionnaire immobilier. En effet, le vétéran avait quitté l'armée de manière "honorable" selon le FBI, après avoir été incorporé de 2007 à 2015, terminant sergent-chef, souligne le ministère de la Défense. Quant à son casier judiciaire, il fait état de deux faits, peu aggravants : un vol en 2002 et conduite avec un permis non valide en 2005, a révélé le New York Times.
Joint par le quotidien new-yorkais, l'un de ses amis de jeunesse le décrit comme une personne qui ne "créait pas de problèmes" et "avait de bonnes notes". Le militaire retraité indique avoir repris contact avec lui sur les réseaux sociaux en 2017 mais n'avoir "jamais décelé de comportement menaçant". Toutefois, "on pouvait voir qu'il était devenu vraiment intense quant à sa foi", ajoute-t-il. Le frère du suspect, Abdur Jabbar, a de son côté indiqué que Shamsud-Din Jabbar s'était converti à l'islam à un jeune âge, soulignant que son acte "ne représente pas l'islam. Mais plutôt une forme de radicalisation".