Charlie Hebdo : ces 4 caricatures qui ont suscité l'indignation récemment, même auprès de figures politiques

Charlie Hebdo : ces 4 caricatures qui ont suscité l'indignation récemment, même auprès de figures politiques Ces derniers mois, certaines caricatures publiées par Charlie Hebdo ont particulièrement fait réagir, jusque dans la sphère politique française. Voici les plus marquantes.

Dix ans après. Le 7 janvier 2015, douze personnes dont huit membres de la rédaction de Charlie Hebdo perdaient la vie après l'attentat des frères Kouachi, des Français d'origine algérienne qui avaient prêté allégeance à Al-Qaïda. Les dessinateurs Charb, Cabu et Wolinski, faisaient notamment partie des victimes. À cette occasion, l'hebdomadaire a décidé de sortir un numéro spécial de 32 pages. La rédaction de Linternaute vous propose, elle, de revenir sur quatre dessins du journal satirique qui ont créé un véritable tollé lors de leur parution ces derniers mois.

Emmanuel Macron, "les consultations continuent"

Elle est peut-être la caricature qui a fait le plus réagir, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la sphère politique. Le dessin publié par Charlie Hebdo et signé par Félix le 4 septembre 2024 a provoqué l'indignation générale. On y distingue Emmanuel Macron, nu, entrain de filmer des hommes attendant chacun leur tour avant de violer Marianne, symbole de la République française, droguée au Rohypnol, la "drogue du violeur". Un dessin, paru alors que le président menait des entretiens pour désigner son nouveau Premier ministre, et que le procès des viols de Mazan avait débuté. "Les consultations continuent", titre le dessinateur.

"Abominable ! N'avez-vous donc aucun respect pour la dignité d'une femme si courageuse qui se bat pour obtenir justice après l'horreur qu'elle a subie ? (...) Vous n'êtes ni drôles ni iconoclaste : vous êtes juste monstrueux", taclait le député LFI de l'Essonne, Antoine Léaument, évoquant Gisèle Pélicot et le procès de Mazan. "Hideux", "dégueulasse", "répugnant", était-il possible de lire, également, sur les réseaux sociaux sous la publication du média. 

© Capture d'écran X Charlie Hebdo

Mort du petit Emile, "le nonosse qui excite la meute"

Quelques mois plus tôt, le 3 avril 2024, le journal satirique publiait une Une au sujet de la découverte des ossements du petit Emile, 2 ans, dans le Haut-Vernet. Un dessin qui n'a pas fait l'unanimité, loin de là. "Très très douteuse votre une. Sur le fond et sur la forme. De très mauvais goût. Ce n'est pas de la caricature ni de l'humour : c'est avoir un œil particulièrement glauque, voire vicelard, autour d'un drame particulièrement horrible", regrette un internaute sur le réseau social X. Un autre qualifie tout simplement le journal de "torchon". Pour l'ex-candidat aux élections législatives sous la bannière Philippot, Tony Leprêtre, cette Une est "à vomir". Selon lui, "il y a des limites à l'humour". L'homme se disait "écoeuré". 

Sur un fond rouge rappelant la couleur du sang, cette publication du journal satirique a créé un véritable tollé. On y voit deux journalistes munis chacun d'une caméra, entrain de courir avec le sourire aux lèvres derrière le squelette du petit Emile accroché à la ligne d'une canne à pêche. La critique est claire et dirigée vers la presse et les journaliste qui ont traité l'affaire. Elle dénonce une potentielle surmédicalisation de cette affaire qui avait secoué et ému un pays tout entier.

La représentation de Danièle Obono jugée "raciste" et "infâme"

Le 18 octobre 2023, le dessinateur Felix publiait un dessin représentant la député de La France insoumise Danièle Obono avec le commentaire suivant : "Gaza-Israël, la paix, c'est possible La France échange Obono contre les otages israéliens". Un message, et une représentation qui a déclenché une vive polémique dans les rangs insoumis. "Racisme et antisémitisme dans un même dessin. Quelle honte", s'indigne Manuel Bompard, coordinateur de LFI et ténor du parti. 

Le patronne des députés insoumis à l'Assemblée nationale Mathilde Panot, elle, juge que le "dessin de Charlie Hebdo se la joue 'temps béni des colonies'". "On ne vous gêne pas les racistes ?", lance-t-elle à destination du journal satirique. L'insoumis Arnaud Le Gall dénonce également les "otages israéliens au nez crochu" représentés sur le dessin. Pour l'eurodéputée Manon Aubry, Danièle Obono est "une nouvelle fois ciblée", dans un "dessin infâme", précise la présidente des députés écologistes dans la chambre basse du Parlement, Cyrielle Chatelain. 

Séisme en Turquie : le dessin de Charlie créé l'indignation

Alors qu'une série de séismes frappait la Turquie et la Syrie, et faisait au moins 8 000 morts selon le dernier bilan provisoire à l'époque, Charlie Hebdo avait décidé de publier un dessin à ce sujet. Une production qui n'est pas passée inaperçue et qui avait suscité de nombreuses réactions. Publié le 6 février 2023, le dessin représentait un immeuble détruit, une voiture retournée avec la légende suivante : "Séisme en Turquie. Même pas besoin d'envoyer des chars", dans un environnement de chaos. 

Un sous-entendu qui fait notamment penser à la position de la Turquie concernant le conflit en Ukraine. En effet, Ankara s'est positionné comme médiateur depuis le début de la guerre avec l'armée de Vladimir Poutine.

"Même les Turcs avaient été "Charlie Hebdo" pour partager votre douleur et aujourd'hui vous osez vous moquer de la souffrance d'un peuple en entier. Il faut vraiment avoir du culot pour faire ça alors qu'il y a encore des bébés qui attendent du secours sous les décombres", a notamment déclaré sous la publication du média sur X, Öznur Küçüker Sirene, turque et spécialiste des relations internationales. "Charlie est bon pour détecter les imbéciles. Ce dessin est une critique de la politique turque dans la région", abonde une deuxième internaute.