Amandine, 13 ans, morte de maltraitances maternelles : son père livre le dernier message de sa fille
À partir de ce lundi 20 janvier 2025, une mère et son compagnon comparaissent devant la cour d'assises de Montpellier. Ils sont accusés d'avoir laissé Amandine, 13 ans, mourir de faim dans un débarras pendant les cinq derniers mois de sa vie. Lui est jugé pour "privation de nourriture et de soin", et encourt trente ans de réclusion criminelle. Elle, pour "actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort", risque la prison à perpétuité.
Le 6 aout 2020, les pompiers et gendarmes de Pézenas interviennent au domicile de Sandrine Pissara, à Montblanc, Près de Béziers (Hérault). Ces derniers découvrent un corps couvert de lésions, c'est celui d'Amandine, une adolescente qui ne pèse plus que 28 kilos pour 1m55. Les investigations, l'autopsie et les auditions permettront d'affirmer que la jeune fille est morte d'une crise cardiaque associée à une septicémie, conséquence de "négligences graves" et de son "état cachectique". "Quand je l'ai vu à la morgue, j'ai eu du mal à la reconnaître", confiait son père, Frédéric Florès. Il évoque l'image des "camps de concentration" pour décrire le visage de sa fille, le teint blafard. "Son corps ressemblait aux victimes, avec la peau sur les os", poursuivait-il.
Sa mère la qualifie de "capricieuse, rebelle et voleuse"
Toute l'enquête durant, la mère de la petite Amandine, Sandrine Pissara a maintenu ne pas être responsable de la mort de sa fille. Elle explique dès le lendemain de sa mort aux gendarmes qu'elle soufrait de troubles alimentaires depuis le confinement et que les lésions visibles sur son corps résultaient de blessures qu'elle s'était infligées à elle-même. Elle décrie même une enfant "capricieuse et rebelle, voleuse et égoïste". Pourtant, pendant les derniers mois de sa vie, Amandine a été enfermée dans une pièce sans lumière dans laquelle avait été installée une caméra pour la surveiller, affirment ses frères et soeurs. Le médecin légiste conclura finalement qu'Amandine a été "victime de négligences graves de la part de son environnement familial".
En effet, son beau père - qui vivait avec elles - "dans une relation de soumission totale" précise France Info, est également jugé. Mais ce n'est pas tout, trois signalements aux services de la protection de l'enfant ont été ignorés, et n'ont pas donné lieu à un placement de l'adolescente. En 2012 puis 2014, l'Education nationale émet un signalement, mais l'assistance éducative prononce un non-lieu. Une procédure pour "violence sur mineur par ascendant" est ouverte en 2014 après plusieurs signalements préoccupants pour des blessures suspectes sur Amandine, elle est classée sans suite.
Amandine, un "objet à détruire"
Amandine a été placée dans un débarras pendant plusieurs mois, dans l'obscurité la plus totale, aucune source de lumière naturelle n'était accessible. L'interrupteur de la pièce était situé à l'extérieur de celle-ci. La caméra de vidéosurveillance était reliée à la tablette de Sandrine Pissara et Jean-Michel C, son beau père. Elle pouvait être punie à rédiger des lignes sur des cahiers entiers.
Son corps était recouvert d'escarres à sa mort, les experts estiment qu'elles était restée allongée un long moment en raison d'une extrême fatigue. Sa mère déversait "sa rage sur celui qui lui résiste pour le déposséder de sa liberté, l'abolir en tant que sujet", ayant fait d'Amandine "un objet à détruire sur lequel elle a le droit de vie ou de mort", analyse un psychiatre dans les colonnes de France Inter.
Je veux "porter haut la voix de ma fille"
De son côté, le père d'Amandine n'avait rien vu venir en 2020. Trois semaines avant la mort de sa fille, il avait même reçu un message de la par de la maman - son ex-femme, Sandrine Pissara - lui indiquant que "les vacances se passaient super bien", et qu'Amandine ainsi que toue la petite famille étaient en bonne santé. Désormais divorcé, il se dit complètement dévasté. "Ce que j'attends de la justice, c'est qu'ils soient sanctionnés à la hauteur de leur cruauté et de leurs actes parce qu'ils m'ont privé et jamais je pourrai récupérer ma fille", indique Frédéric Florès.
Ce dernier n'attend en réalité "pas grand chose et tout à a fois" de ce procès. Je veux "porter haut la voix de ma ville, qu'on entende que sa mère est une femme cruelle" et que "le mot coupable soit prononcé avec une sanction à la hauteur de la cruauté de ses actes", poursuit-il. Il livre également les circonstances du dernier échange avec sa fille, avant que cette dernière ne succombe. Amandine avait échappé à la surveillance de sa mère avant de trouver son téléphone pour, justement, pouvoir parler à son père. "C'est la dernière fois qu'il l'a entendu dire qu'elle l'aimait et qu'elle avait hâte de le voir", ajoute France Inter. Le verdict du procès est attendu pour le vendredi 24 janvier 2025 au plus tard.