Un projet inspiré des attentats du 13 novembre ? Ce qu'avaient prévu les suspects interpellés dans le Nord
Un scénario comparable à celui des attentats du Bataclan a-t-il été évité ? Les événements survenus le 13 novembre 2015 servaient d'exemple à un trio de jeunes gens interpellés car suspectés d'avoir voulu mener des projets kamikazes, c'est-à-dire des attentats suicides dans des lieux publics. Les trois suspects sont âgés de 19 à 24 ans et originaires du département du Nord, plus précisément de Lille et de Dunkerque, ils ont été interpellés le 2 avril par la Sous-direction antiterroriste (Sdat) de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) après un signalement effectué par un proche des mis en cause.
Une enquête a été ouverte par le parquet national antiterroriste (Pnat) pour les chefs de "participation à une association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d'un crime d'atteinte aux personnes", "détention de substance ou produit incendiaire ou explosif ou d'éléments destinés à composer un engin incendiaire ou explosif pour préparer une destruction" et "dégradation ou atteinte aux personnes en relation avec une entreprise terroriste", le dimanche 6 avril. Deux des suspects, le principal mis en cause et l'individu lui ayant fourni une arme qui s'est ensuite révélée factice, ont été mis en examen et placés en détention provisoire à l'issue de leur garde à vue ce dimanche. Le troisième suspect a été mis en examen pour "non-dénonciation de crime" et placé sous contrôle judiciaire.
Le principal suspect connu des renseignements
Les trois suspects ont publiquement évoqué leur volonté de commettre un attentat au nom de l'organisation État islamique sur les réseaux sociaux rapporte Le Parisien, mais c'est le plus jeune qui apparaît comme le plus impliqué. Prénommé Morad M., le jeune homme diffusait des messages à la gloire de l'Etat islamique sur Snapchat, dans lesquels il appelait à "noyer dans le sang les mécréants", et consultait des vidéos de décapitation sur Internet et d'autres faisant l'éloge d'auteurs d'attentats en France. Le suspect a même prêté allégeance au groupe État islamique dans un courrier retrouvé par les enquêteurs lors d'une perquisition. Dans cette lettre, il proférait à nouveau des menaces d'attentats.
Le suspect de 19 ans était jusqu'alors inconnu des fichiers de signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), mais il était déjà connu du renseignement territorial pour des menaces sur Mila, une adolescente harcelée après avoir eu des propos critiques sur l'islam. Il se serait radicalisé tout seul sur Internet. Sa mère avait quitté le foyer familial et son père était absent selon les informations de BFMTV.
Ceintures explosives et cibles multiples
Le principal suspect semblait vouloir prendre exemple sur de précédents attentats kamikazes en reprenant un mode opératoire déjà éprouvés. Il lançait d'ailleurs des appels à rejoindre son action sur les réseaux sociaux en faisant des références aux attendats du Bataclan en 2015 ou à ceux du quartier de l'Opéra en 2018. Il s'était renseigné sur la confection d'une ceinture explosive artisanale et avait commencé à modifier un gilet qui a été retrouvé durant les perquisitions. Le trio s'intéressait particulièrement au TATP, un explosif puissant et instable facilement accessible et prisé des organisations djihadistes. Plusieurs ingrédients entrant dans la composition du TATP ont été retrouvés en possession des suspects. Selon les informations de Franceinfo, le dispositif explosif n'était pas encore au point, mais la menace représentée par le plus jeune suspect reste considérée comme dangereuse.
Autre inspiration venue de précédents attentats : les cibles apparemment envisagées par les suspects. Les individus avaient identifié plusieurs lieux publics comme des cibles potentielles, notamment un foyer pour jeunes du Nord, un restaurant ou une boîte de nuit. Des lieux fréquentés et pour certains festifs qui rappellent les cibles des attentats de novembre 2015 qu'étaient la salle de concert du Bataclan, les restaurants du 10ème et 11ème arrondissements de Paris et le Stade de France. Les suspects avaient également cité un site appartenant à la communauté juive parmi les cibles d'une action violente.
L'avocat du principal suspect n'a pas souhaité s'exprimer après la mise en examen et le placement en détention provisoire. En revanche, le conseil du deuxième suspect poursuivi pour "association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d'un crime d'atteinte aux personnes" a rappelé la présomption d'innocence dont bénéficie son client "jusqu'à preuve du contraire". "Mon client n'est pas radicalisé et n'épouse aucune thèse jihadiste", a-t-il ajouté auprès de RTL.
16:09 - Le principal suspect résidait dans un Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale
D'après BFMTV, le principal suspect, Morad M. a été interpellé le 2 avril dernier par le RAID à 6 heures du matin, dans son foyer pour jeunes adultes de Dunkerque. Selon les informations de La Voix du Nord, "il résidait au Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (C.H.R.S.) Thérèse Caulier Soliha Flandres". Un voisin confie auprès du média local que les forces de l'ordre "avaient bloqué les accès de chaque extrémité tout autour, et nous interdisaient de sortir avec les véhicules". Le dispositif était "assez discret", poursuit-il.
15:41 - Un projet d'action violente "abandonné" ?
Morad M. - celui ayant fourni une arme qui s'est ensuite révélée factice auprès du principal mis en cause - et qui a également été placé en détention provisoire a reconnu avoir eu un projet d'action violente dans une période où il allait mal, mais a fait savoir que ce souhait était en réalité "abandonné", indique BFMTV dans ses colonnes, ce lundi. L'homme était pourtant très actifs sur les réseaux sociaux, encore la veille de son interpellation.