"Véritable bain de sang" : L214 porte plainte contre un abattoir halal déjà signalé

"Véritable bain de sang" : L214 porte plainte contre un abattoir halal déjà signalé L'association de défense animale L214 porte plainte contre un abattoir de Meaux, en Seine-et-Marne, pour "sévices graves, actes de cruauté et maltraitance". Elle dénonce, image à l'appui, des pratiques cruelles, déjà signalées par le passé.

"Un véritable bain de sang et une interminable agonie pour les animaux". L'association de défense animale L214 alerte sur les maltraitances subies par les animaux dans un abattoir de Meaux, en Seine-et-Marne. Elle a annoncé porter plainte pour "sévices graves, actes de cruauté et mauvais traitements" et a demandé la "fermeture immédiate" du site dans un communiqué publié ce jeudi 22 mai.

Comme à son habitude, L214 accompagne son enquête de vidéos tournées en caméra cachée dans l'établissement ciblé. Les images insoutenables montrent des scènes de cruauté dans lesquelles les animaux baignent dans leur sang, sont "égorgés à vif" et parfois de manière "laborieuse" par des "cisaillements" répétés. Une manœuvre qui ajoute à la souffrance des animaux qui ne sont pas étourdis avant l'abattage. Les images montrent aussi des moutons et des bovins suspendus à la chaîne d'abattage alors qu'ils sont encore conscients tandis que d'autres bêtes sont découpées vivantes. L'association révèle également une utilisation "répétée de l'aiguillon électrique pour faire avancer les bovins dans les couloirs" de l'abattoir.

Un abattage rituel sans étourdissement et non conforme

Si L214 insiste sur l'absence d'étourdissement des animaux, pourtant censé permettre la réduction de la douleur pour les bêtes, c'est parce que l'établissement ciblé à Meaux est spécialisé dans l'abattage rituel pour la production de viande halal. A la différence des abattoirs standards, ces établissements ne sont pas tenus à l'obligation d'étourdir les animaux avant la mise à mort, même s'ils peuvent la respecter. Pour bénéficier de cette dérogation, les abattoirs doivent cependant être certifiés et répondre à des critères pour assurer l'obligation de protection des animaux abattus qui, elle, reste de mise.

L'abattage sans étourdissement doit se dérouler dans certaines conditions, notamment après l'immobilisation mécanique de l'animal jusqu'à sa perte de consciente, et les autres étapes de l'abattage ne doivent être réalisées qu'après s'être assuré de la bonne perte de connaissance des animaux comme le rappelle le ministère de l'Agriculture. Des conditions visiblement non respectées dans l'établissement de Seine-et-Marne, comme le révèlent l'enquête et les vidéos, qui aggrave leur douleur et prolonge l'agonie avant la mort. "Il arrive que le sacrificateur redonne des coups de couteau dans la plaie béante des bovin" souligne L214.

"Ces infractions graves et systémiques rendent impossible le respect de la réglementation encadrant l'abattage des animaux", insiste L214 qui enjoint le "certificateur halal AVS de retirer immédiatement son agrément à l'abattoir de Meaux". "Dans ces conditions, l'établissement ne peut en aucun cas être autorisé à fonctionner lors de l'Aïd-el-Kebir du 6 juin prochain", estiment les défenseurs de la cause animale. Un avis partagé par le grand imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, qui a a indiqué auprès de l'association être "choqué par ces images, où déjà le sang est répandu, des animaux sont maltraités, dans des conditions indignes de notre civilisation, vu les avancées technologiques et techniques".

L'abattoir déjà signalé il y a presque 10 ans

Ce n'est pas la première fois que cet abattoir, qui produit chaque année plus de 2.500 tonnes de viande d'ovins, bovins et caprins, est signalé. En 2016, ce sont les services vétérinaires du département qui avaient relevé de graves non-conformités dans cet abattoir : une non-application des procédures de vérification de la perte de conscience des animaux, des installations inadaptées permettant aux animaux de voir leurs congénères abattus et des problèmes d'immobilisation des animaux. Des manquements graves encore encore en cours neuf ans plus tard selon les documents de L214.