Agressions sexuelles sur des bébés à l'hôpital de Montreuil : pourquoi le parquet fait appel de la remise en liberté des deux suspects

Agressions sexuelles sur des bébés à l'hôpital de Montreuil : pourquoi le parquet fait appel de la remise en liberté des deux suspects Le juge des libertés et de la détention a décidé, le 2 aout, de la mise en liberté des deux suspects, toujours poursuivis. Le parquet a fait appel de cette décision et demande leur placement en détention provisoire.

Redouane E. et Juliette S. sont poursuivis pour agressions sexuelles sur des bébés à l'hôpital de Montreuil. Après leur garde à vue, ils ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire suite à leur passage devant le juge des libertés et de la détention, le 2 aout. Une décision qui a choqué l'opinion publique au vu de la gravité des faits reprochés et qui va à l'encontre des réquisitions du ministère public. 

Le parquet de Bobigny disposait de 5 jours pour faire appel de cette décision et c'est ce qui a été fait, comme l'a confirmé mercredi 6 aout le procureur de la République Éric Mathais. 

Mais pourquoi ont-ils été remis en liberté ? Comme l'explique une magistrate à nos confrères du Parisien, "le principe, c'est la liberté". Cela a également été expliqué par le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, dans un poste sur X le 5 aout : "La loi ne permet pas de placer certains individus en détention provisoire, alors que les faits qu'ils ont commis choquent profondément les Français et que nous devons protection aux enfants."

Ce que l'on sait de l'affaire

Des images impossibles à regarder ont été diffusées. On y voit des bébés subir des agressions sexuelles. En cause, un couple dont la femme est infirmière au service de néonatalogie de l'hôpital de Montreuil. Tout commence sur le réseau social TikTok, il y a quelques jours. Des vidéos alertaient alors sur "un scandale dans un hôpital du 93".

Face à l'ampleur du phénomène, une femme s'est présentée, mercredi 30 juillet, au commissariat de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour se dénoncer de ces faits. Elle assurait alors avoir agi sous l'emprise de son conjoint, âgé de 28 ans. Ils ont été mis en garde à vue.

Après cette garde à vue, les deux jeunes gens ont été mis en examen par le tribunal judiciaire de Bobigny pour agressions sexuelles sur mineurs et captation d'images à caractère pédopornographique concernant l'infirmière, pour complicité par instigation d'agressions sexuelles sur mineurs concernant son compagnon. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire. En attendant leur jugement, ils n'ont pas le droit d'entrer en contact l'un avec l'autre, de travailler avec des mineurs, de se rendre en Seine-Saint-Denis pour lui, de se rendre à l'hôpital pour elle. L'infirmière a d'ailleurs été suspendue à titre conservatoire de l'hôpital André Grégoire.

Les faits, agressions sexuelles sur mineurs, complicité par instigation d'agressions sexuelles sur mineurs, enregistrement, détention et diffusion d'images à caractère pédopornographique, se seraient produits de décembre à janvier. Pour le moment, aucune victime n'a clairement pu être identifiée.

Des agressions à motivation raciale ?

Cette affaire ayant pris racine sur TikTok, les déclarations qui y sont faites sont plus prises au sérieux que d'habitude. Un homme affirme sur le réseau social que "deux personnes qui travaillent avec les nourrissons (…) s'amusent à maltraiter les enfants noirs". Une piste écartée par le parquet de Bobigny : "Le caractère racial qui aurait présidé au choix des nourrissons agressés n'est corroboré par aucun élément de l'enquête", selon le parquet à l'AFP. Est précisé que "l'un des enfants est blanc et l'autre noir".

Cela n'a pas empêché un rassemblement d'une cinquantaine de personnes, samedi 2 août, devant l'hôpital de Montreuil. Ils dénonçaient alors le caractère racial des agressions. Les manifestants souhaitaient être reçus par la direction de l'hôpital, ou par du personnel concerné. Ils ont été escortés calmement par la police à l'extérieur. La mobilisation est appelée à se poursuivre.

Un communiqué a été diffusé vendredi 1er août par la direction du groupement hospitalier de territoire Grand Paris Nord-Est. On y apprend que l'infirmière "exerçait exclusivement dans le service de réanimation néonatale de l'hôpital de Montreuil", c'est-à-dire qu'elle travaillait avec des bébés prématurés et non à la maternité. L'hôpital dénonce "une grave dérive personnelle" et "condamne fermement" les faits s'ils sont avérés.