Affaire Clothilde Ghiti : son mari condamné, ce qu'a vu leur petite fille a changé le procès"

Affaire Clothilde Ghiti : son mari condamné, ce qu'a vu leur petite fille a changé le procès" Après trois jours de procès, la justice a condamné Sileye Ba à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Clothilde, enceinte de huit mois. Sa deuxième femme a également été condamnée pour violences.

C'est une "décision juste", pour le père de Clothilde Ghiti. Après trois jours de procès, la justice a condamné Sileye Ba à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de dix ans pour le meurtre, en 2022 dans le Loiret, de Clothilde. Celle-ci était enceinte de huit mois et aurait été tabassée à mort par son mari dans la nuit du 2 au 3 août 2022, sous les yeux de leurs enfants. La seconde femme de Sileye Ba, Dieynaba Kande, écope de dix ans de prison pour violences habituelles.

C'est le témoignage de la fille de Clothilde et Sileye, âgée de cinq ans au moment des faits, qui a conduit à cette décision. Elle a décrit à la Cour des gestes de violence de son père envers sa mère, notamment des étranglements et des coups au visage.

Le père de Clothilde, Didier Ghiti, a réagi après cette annonce, face à la presse : "Ma fille ne sera pas ressuscitée, ni le bébé, mais c'est une décision juste ".

Cette affaire a révélé une vie de famille plus que complexe. Si le meurtre date d'août 2022, le début de l'affaire remonte à plus loin. Clothilde Ba rencontre Sileye Ba en 2015 lors d'un stage au Sénégal. Elle l'épouse en cachette seulement quelques mois plus tard et rentre avec lui en France. Ils s'installent tous deux chère le père de Clothilde. Celui-ci remarque très vite des changements de comportements chez sa fille : "Clothilde était athée, mais sensible à la culture bouddhiste, elle croyait en la réincarnation, en la vie éternelle, en l'existence des extraterrestres. Lorsqu'elle est rentrée du Sénégal avec l'homme qui était devenu son mari, nous avons vécu sous le même toit et j'ai constaté qu'elle n'était plus la Clothilde que je connaissais", raconte Didier Ghiti au Parisien.

Polygamie, emprise et soupçons de violence

"Clothilde était en quête de spiritualité et cet homme lui apportait probablement certaines réponses, l'emprise a commencé comme ça", se rappelle le père de Clothilde. Sileye Ba est un musulman appartenant au mouvement Baye Fall qui prône un désintérêt des possessions matérielles et l'importance du travail. Mais dans le cas du couple, "ni l'un ni l'autre ne travaillait" selon le père de Clothilde. La jeune femme est astreinte aux tâches ménagères. Si Didier Ghiti a un temps subvenu aux besoins de sa fille et son gendre, il explique les avoir "mis à la porte" après que "la cohabitation soit devenue invivable".

Installé dans un appartement à Montargis, le couple accueille son premier enfant en 2016. Le quotidien de la jeune femme change encore un peu plus en 2018, lorsque Dieynaba Kande, présentée comme une cousine de Sileye Ba bénéficiant d'un contrat de fille au pair, s'installe chez elle. Il s'agit en réalité de la deuxième épouse de son mari. Un ménage à trois qui dure pendant des années et durant lequel Clothilde donne naissance à deux autres enfants en 2019 et 2020. Clothilde, qui se met progressivement à porter le voile, semble surveillée par Dieynaba selon les témoignages de voisins rapportés par le Parisien.

La situation de la famille fait l'objet de plusieurs signalements dans les années qui suivent. Au printemps 2022, plusieurs alertes sont réalisées auprès des services sociaux du Loiret sur l'état dégradé du logement, où vivent au six personnes, les risques sanitaires pour les enfants et les soupçons de violences. Lors d'un contrôle, Clothilde Ba qui affiche un important hématome sur le visage déroule des explications, elle attribue sa blessure à une agression dans la rue et non aux coups de son mari ou de Dieynaba. Elle a ensuite esquivé tous les autres rendez-vous, selon Le Parisien.

Mais quelques mois plus tard, Clothilde Ba est retrouvée morte et l'autopsie révèle des traces de multiples blessures et ecchymoses sur l'ensemble du corps, notamment sur les parties génitales. Les preuves "d'humiliations et des maltraitances subies par Clothilde", selon Me Pauline Rongier, avocate de plusieurs parties civiles au procès. 

La mère de Clothilde témoin de violence et sous l'emprise de son gendre

Si Clothilde semblait sous l'emprise de Sileye Ba, sa mère Sylvie Ghiti a peut-être aussi été victime du trentenaire, selon son ex-mari. Entre 2019 et 2020, alors qu'elle envoie une aide financière à la famille de sa fille qui dépend de ses revenus et des aides sociales, Sylvie Ghiti finit par rejoindre l'appartement du couple à Montargis. Elle se convertit à la religion musulmane et se plie aux règles de vie imposées par Sileye Ba, qu'elle considère comme son "guide". Une emprise signalée par Didier Ghiti qui sait son ex-femme malade : "Sylvie souffrait de schizophrénie depuis de longues années. Elle était parfaitement vulnérable et elle est tombée à son tour sous l'emprise de cet homme". Des alertes restées sans réponse.

Cette vie à sept dure deux ans et éclate lorsque la mère de Clothilde assiste à des violences psychologiques, physiques et d'un contrôle exacerbé visant sa fille. Des scènes dont elle parle dans des messages retrouvés sur son téléphone. Sylvie Ghiti quitte l'appartement en 2021 et vit plusieurs mois dans sa voiture, seule, sans contact avec sa fille ou ses petits-enfants. La mère de Clothilde se suicide en mai 2022, seulement quelques mois avant la mort de sa fille, laissant derrière elle un message qui semble accuser Sileye Ba d'être responsable de son malheur : "Ton Dieu m'a détruite et vous aussi".

Sileye Ba a reconnu "des gifles" mais nie avoir "tabassé" Clothilde. Il a dix jours pour faire appel de la décision de la cour d'assises du Loiret, prise le 18 septembre, ce qui serait son intention selon nos confrères de France 3. Lui et sa coaccusée se sont mutuellement mis sur le dos le coup qui a été fatal à Clothilde Ghiti.