Au procès de Cédric Jubillar, la question déconcertante des avocats du suspect

Au procès de Cédric Jubillar, la question déconcertante des avocats du suspect Lors du troisième jour du procès Jubillar, la défense a pris la parole. Les avocats de Cédric ont voulu démontrer des failles et des négligences dans l'enquête.

Depuis ce lundi 22 septembre se tient le procès de Cédric Jubillar devant la cour d'assises du Tarn. Le peintre plaquiste est accusé d'avoir tué sa femme, Delphine, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, mais dont le corps n'a jamais été retrouvé. Ce mercredi 24 septembre, Cédric Jubillar a maintenu qu'il n'avait "pas tué Delphine". "Mon fils veut une réponse sur la mort de sa mère alors que, moi-même, je ne peux pas lui apporter", a-t-il assuré devant la cour. 

De son côté, la défense est revenue en détails sur l'enquête, cherchant à mettre en avant des manquements. Si des moyens humains, matériels et financiers "à hauteur d'un demi-million d'euros ont été mobilisés, comme l'a souligné l'avocate de Cédric Jubillar, Me Emmanuelle Franck, le corps n'a pas été retrouvé. Une question déconcertante a été posée : "Qu'est-ce qui vous permet de conclure que Delphine Jubillar est décédée dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 ?", a ainsi lancé l'autre avocat de l'accusé, Me Alexandre Martin, rapporte Le Point. "Il n'est pas question de condamnation : on le poursuit pour le meurtre d'une femme dont on n'a jamais retrouvé le corps ! Quels éléments avez-vous pour dire qu'elle est décédée, à part le temps qui passe et l'absence de signe de vie ?", a-t-il renchéri. Il a également souligné qu'il n'y avait "pas de trace de lutte" et "aucune trace de sang nulle part". Selon lui, il n'y a donc "pas de résultat permettant une orientation criminalistique", rapporte TF1.

Le directeur d'enquête, Bernard Lorvellec, a affirmé que toutes les pistes avaient été étudiées : du départ volontaire, au suicide en passant par un rôdeur. Il a avancé qu'il était "invraisemblable" que Delphine Jubillar soit sortie seule la nuit, sans ses lunettes, alors qu'elle avait absolument besoin de correction, qu'elle avait peur du noir et qu'elle ait disparu sans laisser de traces alors qu'elle était amoureuse d'un autre homme, très attachée à ses enfants et bien entourée. Pour l'enquêteur, Cédric Jubillar "lui avait la motivation, un mobile, l'opportunité". Il refusait, en effet, la séparation et avait plusieurs fois menacé sa femme. Louis, le fils du couple, a témoigné d'une dispute entre ses parents le soir de la disparition. L'accusé se serait aussi confié à des camarades de détention et maitresses sur ce qu'il aurait fait à sa femme. 

Des pistes pas assez approfondies ?

La défense a répliqué en assurant qu'il y avait des déclarations contradictoires sur différents points, notamment concernant la peur de l'obscurité de Delphine. Une de ses amies aurait déclaré que cette dernière avait coutume de vivre la nuit. Il y a aussi l'hypothèse d'un étui à lentilles pour remplacer les lunettes, mais qui n'a jamais été recherché. Me Franck a aussi soulevé l'histoire du livret de famille qui a été retrouvé par une personne à Albi sur la voie publique. L'avocate s'est offusquée que cette personne n'ait pas été interrogée : "Mais vous ne l'interrogez pas ! On a une femme qui disparaît, son livret de famille est retrouvé sept mois plus tard sur la voie publique et vous n'avez pas eu envie de faire des prélèvements ADN dessus ? Vous vous rendez compte que c'est grave ?"

Les avocats de la défense ont aussi remis en avant la piste de l'amant de Delphine et de sa femme. "Il n'y a pas de perquisitions chez eux, vous ne regardez pas la voiture de la femme, l'application fétichiste sadomasochiste active présente dans le téléphone de l'amant ne vous intéresse pas ? Ils s'intéressaient aux clubs échangistes, ça ne vous intéresse pas ?", s'est étonnée Me Emmanuelle Franck, expliquant que cela pouvait entrainer l'implication d'autres personnes. Elle a également rappelé que la procédure de divorce entre Cédric et Delphine était préparée "à l'amiable". Ce jeudi 25 septembre, plusieurs experts du dossier sont attendus à la barre.