La tombe de Robert Badinter profanée : des messages politiques sur la sépulture
Alors que Robert Badinter doit entrer au Panthéon de Paris ce jeudi 9 octobre, sa tombe a fait l'objet de plusieurs dégradations. Des "tags liés à ses engagements contre la peine de mort et pour la dépénalisation de l'homosexualité" ont été retrouvés sur la tombe de l'ancien ministre de la Justice, située dans le carré juif du cimetière parisien de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, indique la mairie de Bagneux citée par BFMTV.
L'édile de Bagneux, Marie-Hélène Amiable, condamne avec "la plus grande fermeté" cet "acte lâche" dans un communiqué. Elle dénonce des "inscriptions odieuses" : "Elles sont indignes de cet ancien ministre et sénateur, porteur des avancées historiques qui ont permis d'abolir la peine de mort en France, en 1981 et de dépénaliser l'homosexualité en 1982."
Les actes de vandalisme perpétrés le jour de la panthéonisation de l'avocat et homme politique ne semblent pas être une simple coïncidence. D'autant que l'homme, décédé dans la nuit du 8 au 9 février 2024, repose dans cette tombe depuis près d'un an et demi. S'agit-il d'une forme de protestation contre l'entrée au Panthéon de Robert Badinter ? C'est une hypothèse envisageable compte tenu du caractère des inscriptions retrouvées sur place. Quid de l'hypothèse d'un acte antisémite ? Robert Badinter était issu d'une famille juive. Son père a été victime de l'antisémitisme et du nazisme, arrêté par la Gestapo lors d'une rafle à Lyon, déporté et décédé dans un camp d'extermination. Les tags semblent pour autant plus dirigés contre les réalisations politiques de Robert Badinter que contre ses origines juives.
Le corps de Robert Badinter repose toujours dans la tombe du cimetière parisien de Bagneux, malgré la panthéonisation. Un choix expliqué par Elisabeth Badinter, la veuve de l'artisan de l'abolition de la peine de mort, dans les colonnes de Libération. Elle rappelle la volonté des époux de se retrouver côte à côté après leur mort : "Ce qu'on voulait, c'est ne pas être séparés". Chose qui aurait été rendue plus difficile avec le déplacement du corps de l'ancien garde des Sceaux au Panthéon. Elisabeth Badinter disant elle-même ne pas être légitime pour rejoindre son mari à sa mort. C'est donc un cercueil rempli de quatre objets représentant symboliquement Robert Badinter - sa robe d'avocat, le livre Idiss qu'il a écrit en hommage à sa grand-mère, la biographie du député Nicolas de Condorcet qu'il a signé avec son épouse et Choses vues de Victor Hugo - qui reposera à l'Intérieur du Panthéon.