Palestine - Israël : retour sur le conflit et le cessez-le-feu de 2021
En avril et mai 2021 éclataient de nouveaux affrontements entre Israéliens juifs, arabes et Palestiniens, en plein Ramadan. Retour sur ces événements.
Le 13 avril 2021, premier jour du ramadan pour les musulmans, la police israélienne débranchait les haut-parleurs de la mosquée al-Aqsa, la plus grande mosquée de Jerusalem. L'opération avait pour but d'éviter que l'appel à la prière ne vienne perturber les cérémonies juives du Jour du Souvenir, célébrées le même jour devant le Mur des Lamentations. Perçue comme une provocation, elle déclenchait une montée progressive des tensions et des violences entre juifs et musulmans dans le pays.
Le 7 mai 2021, des heurts éclataient sur l'esplanade des mosquées à Jérusalem. Des Palestiniens, rassemblés pour la rupture du jeûne ce soir-là, jetaient des pierres et autres objets lourds sur la police israélienne qui essayaient de faire évacuer les lieux. Les forces de l'ordre israéliennes ripostaient en lançant des grenades lacrymogènes, blessant près de 200 manifestants. Le lendemain, des foules de musulmans, encouragés par un chef du Hamas, convergeaient vers l'esplanade, déclenchant de nouveaux heurts avec la police. Ces heurts marquaient le début de l'escalade des violences entre Israël et la Palestine.
Des affrontements guerriers ont lieu à partir du 10 mai 2021 et durent 11 jours. Lorsqu'un cessez-le-feu est signé, le 21 mai 2021, le bilan humain est estimé à au moins 256 morts du côté palestinien et 14 morts du côté israélien, sans compter de nombreux blessés.
Pourquoi un conflit entre Israël et la Palestine ?
Dans les jours qui suivent ces premiers heurts du 7 mai sur l'esplanade des mosquées à Jerusalem, de nouvelles manifestations dégénèrent à Jérusalem, mais aussi dans la bande de Gaza, le long de la frontière avec Israël. Le 10 mai 2021, alors que l'État hébreu célèbre Yom Yeroushalayim, qui commémore la conquête de la partie orientale de Jérusalem lors de la guerre des Six Jours en 1967, plusieurs explosions sont entendues dans la ville sainte. Le Hamas, de son côté, revendique le tir de roquettes. Une "ligne rouge" franchie par les groupes armés palestiniens, selon les mots de Benjamin Netanyahu, qui conduit Israël à répliquer en menant des raids sur la bande de Gaza. Une vingtaine de Palestiniens, dont neuf enfants, sont tués lors de ces raids, selon les services médicaux palestiniens.
La flambée des violences dans le conflit entre Israël et la Palestine mène à des affrontements à l'extérieur de Jérusalem, notamment dans la ville de Lod, près de Tel Aviv, où un jeune Arabe est tué dans la nuit du 12 mai 2021. Le même jour, Israël annonce avoir tué 16 membres de la branche armée du Hamas à Gaza. Reuven Rivlin, le président israélien, met alors en garde contre le risque de guerre civile. Le 13 mai, le ministre de la Défense Benny Gantz ordonne un renforcement des forces de sécurité dans les villes où cohabitent des juifs et des arabes. Dans la soirée, des roquettes sont tirés depuis le Liban en direction de la côte israélienne, suggérant une entrée du Hezbollah dans le conflit.
Où ont eu lieu les tirs entre Israël et la Palestine ? La carte
Après les heurts qui ont éclaté à Jérusalem, ainsi qu'à Jaffa et à Lod, près de Tel Aviv, Israël et la Palestine se sont livrés à des échanges de tirs nourris entre la bande de Gaza et l'État hébreu. Selon les précisions de France 24, le Hamas a notamment multiplié les tirs de roquettes au sud d'Israël, vers des villes telles que Sderot, Ashkelon et Beer-Sheva. À Gaza, les frappes aériennes de l'armée israélienne ont détruit un immeuble de six étages et endommagé plusieurs autres habitations de civils.
Quelle ont été les réactions internationales au conflit israélo-palestinien en 2021 ?
La communauté internationale a manifesté son inquiétude face au ravivement du conflit Israël-Palestine. Sur Twitter, Emmanuel Macron déclarait : "La spirale de la violence doit cesser au Proche-Orient. J'appelle avec force au cessez-le-feu et au dialogue. J'appelle au calme et à la paix." "Le Président de la République est déterminé à œuvrer avec l'ensemble des parties pour y mettre un terme au plus vite", indiquait l'Élysée. Dans ce cadre, Emmanuel Macron s'était entretenu avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
De son côté, le président américain Joe Biden affichait son soutien à l'État hébreu. "Mon espoir est que la situation soit résolue aussi rapidement que possible, mais Israël a le droit de se défendre quand des milliers de roquettes sont tirées vers son territoire", déclarait-il depuis la Maison-Blanche. Le secrétaire d'État, Anthony Blinken, s'était lui aussi entretenu avec Mahmoud Abbas, soulignant la "nécessité de mettre fin aux tirs de roquettes" et d'engager "la désescalade des tensions".
La Russie multipliait aussi les appels au calme. Le président turc Recep Tayyip Erdogan affichait depuis le début de la crise son soutien aux Palestiniens. Le 17 mai 2021, il critiquait vivement les attaques d'Israël : "Ce sont des meurtriers, à tel point qu’ils tuent des enfants âgés de cinq ou six ans. Il n’y a que sucer le sang qui les assouvit."
Entre témoignages palestiniens et justifications israéliennes
Dans la nuit du 15 au 16 mai 2021, la rue Wehda à Gaza était ciblée par les forces israéliennes. Tandis que l'armée israélienne évoquait "des pertes civiles involontaires", le Hamas parlait de son côté de "meurtre prémédité", tout comme Raja Sourani, directeur de l'ONG du Centre palestinien pour les droits de l’homme, qui évoquait un "massacre délibéré". Le Premier ministre israélien réagissait ainsi aux critiques émergeant sur la gestion de la crise : "Je veux rappeler au monde qu'en tirant sur nos villes, le Hamas commet un double crime de guerre. Il vise nos civils et se cache derrière des civils palestiniens, les utilisant comme boucliers humains".
Bombardement de l'immeuble d'Associated Press : un symbole attaqué
Le 15 mai 2021, des frappes aériennes provoquaient l'effondrement d'un immeuble de treize étages abritant la chaîne d’information qatarie Al-Jazeera et de l’agence de presse américaine Associated Press (AP). Une attaque annoncée quelques minutes plus tôt, permettant l'évacuation du bâtiment. Pour Benyamin Netanyahou, Premier ministre d'Israël, cette cible était "parfaitement légitime", et "toutes les mesures avaient été prises pour qu'il n'y ait pas de blessé civil". Reporters sans frontières évoquait cependant un "crime de guerre" et saisissait la Cour pénale internationale.
Un retour à la paix conclu le 21 mai 2021
Un cessez-le-feu a pris effet le 21 mai 2021 à 2H du matin entre Israël et le Hamas. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a joué un rôle d'intermédiaire déterminant dans cet accord. Deux délégations égyptiennes ont d'ailleurs été envoyées pour faire respecter le cessez-le-feu. Le président américain Joe Biden a également usé de son influence sur le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour lui faire accepter la cessation des affrontements. Le Qatar avait aussi tenté une médiation. Le jour de la prise d'effet du cessez-le-feu, de nouvelles tensions ont été obervées entre musulmans et policiers israéliens sur l'esplanade des mosquées à Jerusalem.
Les deux camps ont revendiqué ce cessez-le-feu comme une victoire pour les leurs. La communauté internationale a cependant appelé à un règlement plus durable du conflit entre Israël et le Hamas : "Gaza fait partie intégrante du futur État palestinien et aucun effort ne doit être épargné pour parvenir à une véritable réconciliation nationale qui mette fin à la division", a déclaré Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU. L'UE a appelé à une "solution politique", tandis que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, soulignait "la nécessité d'une relance d'un véritable processus politique entre les parties".