Avant cet âge, faire goûter de l'alcool à ses enfants est vraiment une mauvaise idée

Avant cet âge, faire goûter de l'alcool à ses enfants est vraiment une mauvaise idée Si l'initiation à l'alcool commence fréquemment dans le cercle familial, les spécialistes conseillent de respecter une limite d'âge.

Ce n'est qu'en 1956 que l'alcool a été interdit dans les cantines scolaires pour les moins de 14 ans, et il a fallu attendre 1981 pour que cette mesure soit élargie au lycée. Auparavant, il arrivait que du vin ou du cidre soit servi aux mineurs. Si aujourd'hui, la pratique est interdite dans les établissements scolaires, des enfants goûtent l'alcool avec leurs parents et ce bien même avant d'avoir 18 ans. Selon les chiffres de ESCAPAD 2017, OFDT partagés par le site gouvernemental drogues.gouv.fr, 85,7% des jeunes de 17 ans ont déjà expérimenté l'alcool et 30% de ces consommations ont lieu en présence des parents. Cette initiation commence même le plus fréquemment en famille, souvent entre 5 et 10 ans, avance le site gouvernemental. 

Selon Lindsay Squeglia, chercheuse à la Medical University of South Carolina, il existe, en fait, une certaine confusion sur la bonne façon d'apprendre aux jeunes à être responsable sur leur consommation. "On a longtemps pensé que si on apprenait à ses enfants à boire, ils n'auraient pas de problèmes avec l'alcool. Les recherches menées au cours des dernières décennies ont vraiment montré que ce n'était pas vrai", a-t-elle expliqué auprès de National Geographic. Les enfants ou adolescents autorisés à consommer de l'alcool par leurs parents auraient, au contraire, tendance à boire plus abondamment.

Une étude publiée dans National Library of medicine explique que trois facteurs de risques peuvent être contrôlés par les parents : la fourniture d'alcool directe à leurs enfants, leurs attitudes favorables par rapport à cette consommation et leur propre consommation. Si les parents boivent devant leurs enfants, ces derniers considèrent cette action comme une norme. Il est aussi conseillé d'en discuter avec ses enfants pour qu'ils comprennent les effets et les risques ainsi que d'établir des règles claires. 

Lindsay Squeglia conseille alors de retarder au maximum l'initiation à la boisson, notamment pour protéger le développement du cerveau encore en cours. "Pour chaque année où un enfant retarde sa consommation d'alcool, la probabilité qu'il ait des problèmes au cours de sa vie est réduite de 14%. Notre principal message, c'est donc : retardez, retardez, retardez", explique la spécialiste. 

Ilana Waserscztajn, psychologue clinicienne, met en avant l'importance de l'âge et de la maturité physique et psychologique. Il faut aussi bien distinguer le fait de goûter en trempant les lèvres et le fait de prendre vraiment un verre : "On peut expérimenter vers 11-14 ans selon moi, mais évidemment, aujourd'hui, à 14 ans, ce n'est pas juste goûter", a-t-elle déclaré auprès de Magicmaman.

Pour Laurent Muraro, coordinateur général à Entraid'Addict, auprès de France Assos santé, la limite se situerait vers 13 ans : "Avant 13 ans, l'interdit protecteur est de rigueur (...) Cependant, même chez les plus jeunes, il est important d'expliquer pourquoi on pose cet interdit, afin de lui donner du sens. Après 13 ou 14 ans, un interdit strict sur l'alcool pourrait engendrer chez les adolescents une envie de transgression". Redire et répéter que l'alcool est dangereux pour la santé et à consommer évidemment avec modération.