Il existe toujours trois rois en France et ils sont bien payés par l'Etat
En France, la disparition de la monarchie nous semble bien lointaine. Pourtant, trois rois règnent toujours sur le territoire. Il ne s'agit pas d'héritiers des Bourbon ou des Orléanais, mais bien de personnalités ayant le statut de roi et exerçant encore aujourd'hui leur pouvoir. Ils sont élus par des familles aristocratiques, dirigent des terres, rendent la justice ou encore président des cérémonies. Ils sont aussi responsables du maintien de l'ordre social et de la qualité de vie des habitants.
Pour les rencontrer, il faut toutefois parcourir environ 16 000 km depuis l'Hexagone, soit une trentaine d'heures de vol depuis Paris avec deux escales. Ces royaumes se trouvent, en effet, à Wallis-et-Futuna, une collectivité d'outre-mer française au milieu du Pacifique sud. Elle est composée de trois îles : Wallis, Futuna et Alofi. L'ensemble représente 142 km² soit 1,5 fois Paris, et 10 000 personnes y vivent à l'année.
Au XVe siècle, les premières dynasties s'y sont installées avant de passer sous protectorat français en 1887. Wallis-et-Futuna est ensuite devenu en 1961 un territoire d'outre-mer et a obtenu "un statut personnel". Si la Constitution française doit y être appliquée, elle laisse place aux trois royaumes. Ces trois dernières monarchies reconnues par l'Etat sur le territoire français sont celle d'Uvea sur l'île de Wallis et son roi Patalione Kanimoa, de Sigave sur le nord-ouest de Futuna avec son souverain Eufenio Takala et d'Alo sur le sud-est de Futana et sur l'île d'Alofi où le trône est vacant.

Elles sont dirigées par des rois coutumiers, ce qui est possible selon l'article 75 de la Constitution française, qui permet de garder la chefferie traditionnelle pour gouverner le territoire. Ces dirigeants, élus par l'aristocratie locale, n'ont évidemment pas les pleins pouvoirs et peuvent être destitués s'ils perdent le soutien de plusieurs clans ou s'ils sont condamnés pour abus de pouvoir. Ils sont aussi entourés d'une cour et de ministres avec des portefeuilles comme celui de la pêche rituelle, de l'entretien des jardins, de l'approvisionnement en eau douce... Chaque village a également un chef.
Les rois coutumiers sont payés par l'Etat : la France leur reconnait une responsabilité dans la gestion du territoire, tels des élus locaux à qui on verse une indemnité. Selon un récent rapport parlementaire, le roi de Wallis serait payé 5527 euros par mois et celui de Futuna 3725 euros. Les ministres et chefs de village gagneraient entre environ 500 et 900 euros mensuels.
Quels sont les pouvoirs de ces rois ? Le plus important se manifeste dans la gestion du foncier. A Wallis-et-Futuna, la terre appartient à des familles. Les dirigeants attribuent ou retirent des terres selon les besoins. Ils ont aussi un certain pouvoir dans le judiciaire, notamment pour des litiges mineurs comme des conflits familiaux ou de terres. La mission la plus importante pour la population est de garantir le respect des coutumes car le roi est vu comme "le représentant terrestre de l'esprit des ancêtres". A contrario, il n'a pas de droit de veto dans les décisions politiques locales. Il participe à un conseil territorial où il peut donner son avis, mais ne sera pas le décisionnaire final.