"Finis ton assiette !" Les parents qui le disent aux enfants devraient arrêter sur-le-champ, selon des experts
Quel parent n'a jamais dit cette phrase à son enfant : "Finis ton assiette". Une injonction qui pousse ce dernier à tout manger et à ne pas faire de gaspillage, mais qui peut transformer le repas en véritable calvaire. Il est vrai que les enfants, surtout les plus jeunes, refusent facilement certains aliments qui ne leur plaisent pas ou manquent d'envie de manger. Est-ce pour autant une sage décision de les forcer à finir leur repas pour être bien nourris ou pour s'habituer à manger varié ?
Selon des experts, il serait préférable d'éviter. Lara Zibarras, psychologue et coach en troubles alimentaires, est de cet avis. "En forçant les enfants à finir leur assiette, on leur apprend à ignorer leurs signaux de satiété et à manger au-delà de leur point de confort", a-t-elle estimé auprès du média américain Parents. Elle assure que, comme les adultes, les plus jeunes ont un point de satiété après lequel "si on pousse plus loin, on peut rapidement se retrouver inconfortablement repus – et ce n'est pas agréable".
Elle ajoute que l'appétit peut aussi varier selon les jours : il dépend notamment de l'activité physique et mentale de la journée. "Les enfants sont pareils : parfois ils ont faim à cause de poussées de croissance ou d'une journée de jeu chargée, et d'autres fois, ils n'ont tout simplement pas si faim que ça et ce n'est pas grave".

Solène Collin, diététicienne pédiatrique, déconseille pour sa part d'utiliser la technique du chantage au dessert. Avec celle-ci, l'enfant va davantage apprécier l'aliment chantage au détriment de l'autre, a-t-elle affirmé auprès du Huffpost. De plus, elle met en avant un autre problème qui peut expliquer le rejet de certains aliments : la néophobie alimentaire, soit le rejet des aliments nouveaux. Il ne faut cependant pas trop s'en inquiéter car "selon les études, elle touche 75 à 77% des enfants, soit trois enfants sur quatre. Elle peut se poursuivre jusqu'aux 10 ans de l'enfant à des degrés divers", a-t-elle expliqué.
Trop forcer les enfants à manger peut même, à long terme, leur provoquer des angoisses dues à l'alimentation. Une étude s'est penchée sur l'assiette de 62 petits âgés entre 2 et 4 ans, issus de familles ayant au moins un parent qui présentait un surpoids. Ils ont constaté que les parents qui contrôlent trop l'assiette de leur enfant augmentent le risque de ce dernier d'avoir des problèmes de poids car il n'apprend pas à écouter sa faim.
Pour améliorer leur alimentation, il faut déjà dialoguer. Demandez-leur, par exemple, de vous décrire leur faim avant de préparer le repas et expliquez-leur les différents signaux qui y renvoient. Pour éviter le gaspillage, servez des portions plus petites, quitte à en remettre s'ils en redemandent ou gardez les restes pour un prochain plat. Des petits jeux peuvent également être mis en place pour faire évoluer leurs goûts : vous pouvez, par exemple, mettre en avant les efforts de l'enfant avec des gommettes à placer sur un tableau. Manger en famille aide aussi à faire des progrès, car cela fait du repas un moment agréable de partage.