Moutons phosphorescents : mais pour quoi faire ?

Moutons phosphorescents : mais pour quoi faire ? Un peu moins de 17 ans après la naissance de Dolly en Ecosse, des chercheurs ont réussi à créer des moutons phosphorescents, quasi fluos quand ils sont exposés à des ultra-violets. Explications.

[Mis à jour le 25 avril 2013 à 18h51] Les moutons sont nés au mois d'octobre en Uruguay, au sein de l'Institut de reproduction animale national (IRAUy). En association avec l'Institut Pasteur de Montevideo, cet organisme a annoncé le 24 avril avoir réussi à procéder à une "transgénèse" sur ces animaux, c'est-à-dire à la modification génétique de leur ADN. En résumé, les moutons se sont vus introduire un gène étranger, issu des méduses, qui a la particularité de les rendre fluorescents quand ils sont exposés à une lumière ultra-violette. L'intérêt ? Il ne s'agit pas, bien évidemment, de créer génétiquement des troupeaux entiers de moutons fluos, mais simplement d'avoir une preuve visuelle tangible (et certes spectaculaire) de la réussite de l'opération.

Le but est en effet de propulser l'Uruguay à la pointe des technologies génétiques modernes. Jusqu'à présent, la transgénèse n'avait jamais encore été testée en Amérique latine. Mais l'expérience va encore bien au-delà. En prouvant qu'on peut modifier génétiquement l'ADN d'un mouton sans porter atteinte à son développement "normal", on ouvre la porte à un nombre infini de perspectives nouvelles. On pourrait ainsi tester d'autres gènes, par exemple avec une "protéine spécifique", rapporte le porte-parole de l'Institut. La transgénèse pourrait, à terme, pallier des carences du corps humain (comme l'insuline chez les diabétiques) par un procédé complexe. En introduisant cette protéine dans l'ADN des brebis, on pourrait leur permettre de produire du lait qui sera à son tour utilisé dans des médicaments expliquent les chercheurs. L'expérience a déjà été tentée sur des vaches ou des chèvres en Argentine et au Brésil il y a peu.

Dolly, un précédent polémique ?

Reste que cette manipulation génétique, si elle est totalement différente, n'est pas sans rappeler le cas de Dolly. Cette brebis est née le 5 juillet 1996 en Ecosse, à partir du noyau d'une cellule extraite d'une glande mammaire d'une autre brebis, devenant ainsi le premier mammifère cloné de l'histoire. L'animal a été euthanasié le 14 février 2003 après avoir vieilli prématurément. La brebis souffrait d'arthrite et de problèmes respiratoires.

La mort prématurée de Dolly serait due en partie au clonage dont elle était issue. Selon les experts, son arthrite serait en effet liée à la cellule d'origine ayant permis le clonage. Celle-ci disposait de "télomères" raccourcis, c'est à dire que les branches des chromosomes prélevés étaient plus courtes que la moyenne. Or le clonage procède par divisions de cellules pour en produire de nouvelles, divisions provocant elles-mêmes un raccourcissement des télomères. Ainsi, les télomères, qui raccourcissent naturellement avec les années, le vieillissement et le stress, auraient connu chez Dolly un cheminement encore plus rapide.

Si, de fait, les moutons phosphorescents de l'Institut de reproduction animale de l'Uruguay semblent viables après six mois, il faudra donc attendre quelques années pour s'assurer qu'aucune tare n'ait été transmise aux animaux par la modification de leur ADN.

EN VIDEO - Des chercheurs écossais ont annoncé en 1997 qu'ils étaient parvenus à réaliser un clone de brebis, DOLLY, à partir d'une cellule du pis de sa mère.