Salut militaire turc : les joueurs l'ont refait, des sanctions demandées

Salut militaire turc : les joueurs l'ont refait, des sanctions demandées Face à la France ce lundi soir, les joueurs turcs ont de nouveau réalisé un salut militaire, même si leur geste n'a pas été montré à la télévision. Des sanctions ont été demandées, notamment par la ministre des Sports.

[Mis à jour le 15 octobre 2019 à 10h02] Même si le match entre la France et la Turquie s'est déroulé sans les tensions redoutées, compte tenu du contexte politique actuel, les joueurs turcs ont fait fi de la polémique. En égalisant à la 81e minute et comme face à la Moldavie quelques jours plus tôt, ils ont réalisé le salut militaire en soutien à la politique de leur président Erdogan, qui a déployé des forces militaires en Syrie pour combattre les Kurdes. Et Hakan Çalhanoğlu de confirmer que ce geste n'avait rien d'anodin, devant les médias en fin de match : "Nous sommes toujours avec notre pays, même dans les mauvais moments".

Reste que ce soutien patriote exprimé lors d'un match de football professionnel, international qui plus est, ne plaît pas à tout le monde. Des sanctions envers la sélection turque sont exigées depuis plusieurs jours et au lendemain de la rencontre entre la France et la Turquie, cela s'est répété. Roxana Maracineanu, la ministre française des Sports, a sollicité L'UEFA, l'instance footballistique européenne majeure, qui organise ce genre de matchs. "Merci à la FFF (Fédération française de football, ndlr) et aux forces de l'ordre pour leur travail afin d'assurer le bon déroulement du match. Les joueurs turcs ont gâché ces efforts en réalisant un salut militaire, contraire à l'esprit sportif. Je demande à l'UEFA une sanction exemplaire", a tweeté l'ancienne nageuse.

La polémique, avant le match, était telle que de nombreuses personnalités politiques se sont manifestées sur les réseaux sociaux, demandant l'annulation de la rencontre, qui avait été classé "à risques" par le ministère de l'intérieur. De Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, en passant par Jean-Christophe Lagarde, Nicolas Dupont-Aignan, Alexis Corbière, Gilbert Collard ou encore Eric Ciotti, nombreux sont ceux qui se sont indignés contre le maintien de ce match, finalement sans accroc. Mais alors, que faut-il voir dans ce salut militaire ?

Un salut militaire déconnecté de l'actualité ?

Patrice Moyeuvre, chercheur associé à l'IRIS (Institut de relations internationales) et spécialiste de la Turquie, s'est exprimé à propos de ce geste. Selon lui, le rapport à l'armée est très différent en Turquie : "Dès l'école maternelle, les enfants font le salut à l'école. Il ne faut pas y voir autre chose qu'un geste culturel. (...) Si on n'a pas fait le service militaire, on n'est pas un homme". Vu sous cet angle, le salut militaire turc aurait avant tout une valeur patriotique et traduirait un lien fort du peuple turc avec son armée, en dehors selon lui d'une implication politique quelconque, et sans relation avec les conflits actuels. 

En outre, certains internautes ont souligné le fait que d'autres footballeurs d'autres nationalités pouvaient parfois faire le salut militaire, tout comme Antoine Griezmann qui s'en amuse  régulièrement quand il croise le président de la République Emmanuel Macron. L'attaquant des Bleus s'est ainsi illustré à l'issue de la finale de la Coupe du monde face à la Croatie en juillet 2018 ou lors de la cérémonie de remise de la Légion d'honneur en juin dernier. Aucun soupçon sur un geste à connotation politique n'avait alors émergé !

Salut militaire d'Antoine Griezmann à Emmanuel Macron à l'issue de la finale de la Coupe du monde à Moscou, le 15 juillet 2018.
Salut militaire d'Antoine Griezmann à Emmanuel Macron à l'issue de la finale de la Coupe du monde à Moscou, le 15 juillet 2018. © CIAMBELLI/SIPA
Salut militaire d'Antoine Griezmann à Emmanuel Macron lors de la remise de la Légion d'honneur aux Bleus à l'Elysée le 4 juin dernier.
Salut militaire d'Antoine Griezmann à Emmanuel Macron lors de la remise de la Légion d'honneur aux Bleus à l'Elysée le 4 juin dernier. © Francois Mori/AP/SIPA