Direct - Emeutes au Chili : des images dures, le ton monte

Direct - Emeutes au Chili : des images dures, le ton monte Un couvre-feu est décrété à Santiago mais aussi dans 9 autres villes du Chili. Le mouvement de contestation sociale s'est durci ces derniers jours, le gouvernement a décidé de répondre par la force, avec l'intervention des militaires.

L'essentiel
  • D'importants mouvements de contestations secouent le Chili depuis une dizaine de jours. Les premières mobilisations ont émergé à Santiago, début octobre, pour s'opposer à la hausse du prix du ticket de métro. Le gouvernement a fait marche arrière sur cette mesure, mais la capitale s'est embrasée. L'exécutif a mobilisé plus de 10 000 policiers et militaires à Santiago pour contenir le mouvement social. Au moins 11 personnes sont décédées à la suite des affrontements avec les forces de l'ordre, Santiago est le théâtre d'importants incendies criminels, de pillages et de dégradations depuis quelques jours. Un couvre-feu est de nouveau décrété pour une troisième nuit consécutive la nuit du lundi 21 au 22 octobre à Santiago, a annoncé le général Javier Iturriaga, chargé d’assurer la sécurité publique.
  • Le président chilien, Sebastian Pinera a étendu hier l'état d'urgence décrété samedi à Santiago à plusieurs villes pour tenter d'endiguer le mouvement de contestation sociale qui prend des proportions considérables. "Nous sommes en guerre contre un ennemi puissant, qui est prêt à faire usage de la violence sans aucune limite", a-t-il déclaré, dans une allocution tenue depuis le siège national de l'armée, justifiant les décisions de fermeté de son régime face aux "escalades de la violence et du vandalisme". "La démocratie a l'obligation de se défendre", a-t-il ajouté.
  • Suivez les dernières informations sur les émeutes au Chili

Le direct

21/10/19 - 23:50 - Quels dégâts à Santiago ?

[Fin du direct] La capitale du Chili, Santiago, a été fortement perturbée par les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Sur les sept lignes de métro de Santiago, seule la ligne 1 a retrouvé un service partiel ce lundi 21 octobre. Les bus n'ont assuré qu'un service partiel ce lundi, et la plupart des cours ont été suspendus dans les écoles et les universités de la capitale chilienne. En dehors des transports, ce sont des dizaines de supermarchés qui ont été saccagés ou incendiés, ainsi que des véhicules et des stations de service, d'après l'AFP. Un couvre-feu est ainsi décrété pour la troisième nuit consécutive la nuit du 21 au 22 octobre à Santiago.

21/10/19 - 22:33 - Des analystes avaient prédit les violences au Chili

Depuis des années, la colère des Chiliens monte… jusqu’à exploser il y a une dizaine de jours. Le déclencheur ? Le prix du ticket de métro qui a encore augmenté. Mais des analystes avaient prédit ces révoltes. « De l'extérieur, on ne pouvait voir que les réussites du Chili, mais à l'intérieur, il y a des niveaux élevés de fragmentation, de ségrégation et une jeunesse qui, même si elle n'a pas vécu la dictature, a cessé de voter il y a de nombreuses années. Elle en a eu marre et elle est sortie dans la rue pour montrer sa colère et sa déception », a expliqué à l'AFP Lucia Dammert, professeure à l'université de Santiago du Chili.

21/10/19 - 21:58 - Quelle est l’origine de la colère des Chiliens ?

Le Chili est un pays divisé socialement : de graves fractures sociales ont nourri depuis des années la colère des Chiliens. Si le revenu annuel moyen par habitant au Chili (plus de 20 000 dollars) est le plus élevé d'Amérique latine, le pays est surtout le plus inégalitaire de la région : un Chilien sur deux vit avec moins de 480 euros par mois, et le système de retraites par capitalisation engendre très souvent une retraite inférieure au salaire minimum d'environ 400 dollars. 

21/10/19 - 21:00 - Transports à l’arrêt, magasins fermés… le Chili retient son souffle

Les militaires patrouillent toujours dans la plupart des rues de la capitale du Chili, Santiago ce lundi soir. Les magasins sont fermés, les transports quasiment arrêtés et les habitants restent chez eux. C’est l’une des plus grandes crises sociales que vit le Chili actuellement. Malgré la suspension de l’augmentation du ticket de métro de 30 centimes, la mesure qui avait mis le feu au pays, les affrontements ne s’arrêtent pas. L’état d’urgence est toujours maintenu dans plusieurs régions, dont celle de la capitale.

21/10/19 - 20:28 - Le couvre-feu, un « souvenir de la dictature » pour les Chiliens

Après les violents affrontements entre les forces de l'ordre et les manifestants causant 11 morts au Chili, le gouvernement a instauré l'état d'urgence et un couvre-feu. Une décision qui ne va pas dans le sens de l'apaisement, selon Bérangère, une Française vivant à Viña del Mar, au nord de Santiago, interrogée par franceinfo. « Le dernier couvre-feu c'était en 1987, encore sous Pinochet. Donc, oui, je pense qu'une grande partie de la population n'a pas vraiment apprécié. Les écoles ont été fermées là aujourd'hui. Mon mari est professeur, il ne travaille pas », témoigne-t-elle. 

21/10/19 - 19:51 - Chili : qui est à la tête du mouvement de protestation ?

L’originalité de ce mouvement au Chili, c’est qu’on ne sait pas qui en est à l’origine et s’il est structuré. Si on sait que ce sont des mouvements étudiants, « il n'y a pas véritablement de structure qui agit en tant que porte-parole de ces mouvements », explique Gaspard Estrada, directeur exécutif de l'Observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes de Sciences Po sur franceinfo. C’est cette désorganisation du mouvement qui complique la tâche de l’État et a conduit le président Sebastián Piñera à faire intervenir l’armée. Cette intervention ne s’était pas vue au Chili depuis la fin des années 80. 

21/10/19 - 19:14 - Le pays vit encore avec un fort « sentiment d’inégalité »

Au Chili, un « legs de la dictature militaire et un sentiment d'inégalité » sont à l’origine des émeutes qui secouent le pays, selon Gaspard Estrada, directeur exécutif de l'Observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes de Sciences Po. Il explique à franceinfo pourquoi ce sont quelques centimes sur le ticket de métro qui ont déclenché des manifestations d’une telle ampleur : « Cela peut paraître peu, quelques centimes, mais pour les étudiants c'est beaucoup et cela illustre une certaine forme de malaise au Chili du fait des inégalités sociales qui sont très fortes ». Pour lui, si le Chili possède un fort taux de développement et est un modèle pour ses voisins, la réalité locale est bien différente.

21/10/19 - 18:47 - La bourse de Santiago a chuté de plus de 4 points

Alors que le Président Pinera vantait il y a quelques jours la stabilité économique du Chili, la Bourse de Santiago a chuté de 4% suite aux émeutes de ce week-end qui ont fait 11 morts, rapporte l'AFP sur son compte Twitter espagnol. "L’indice sélectif des cours de bourse, principal indicateur de la Bourse, a diminué de 4,47%, à 4 960,34 m, à 15 h 30 GMT", peut-on lire sur ce tweet.

21/10/19 - 18:14 - Le témoignage de Carlos Lucero, 30 ans, vendeur de sandwiches

"On pouvait le voir venir. Le gouvernement n'a rien fait, ce n'est pas seulement le billet de métro qui a déclenché cette situation et qui a mené au vandalisme. Le gouvernement doit prendre des mesures énergiques pour améliorer les salaires, la santé et les retraites", a déclaré Carlos Lucero, un vendeur de sandwiches de Santiago, au micro de l'AFP ce lundi. 

21/10/19 - 17:55 - La fin de l'"oasis" du Président Pinera ?

D'après le média El Mostrador, il semble difficile que la situation revienne à la normale et que les événements qui ont secoué le pays ces derniers jours restent sans suite. Alors qu'il y a encore quelques jours le Président Pinera qualifiait le Chili d'"oasis", le calme semble désormais difficile à rétablir, toujours d'après ce média. Selon El Mostrador, la situation est allée trop loin et des faits trop graves se sont produits lors des protestations de ce week-end, pour que le gouvernement puisse "simplement" revenir en arrière et faire oublier cela.

21/10/19 - 17:42 - L'INDH rappelle leurs droits aux citoyens chiliens victimes de violence

L'INDH a rappelé par un tweet que malgré l'état d'urgence et le couvre-feu instaurés par l'Etat, les citoyens conservent leurs droits : "un état d'exception constitutionnelle restreint le droit de libre circulation, mais le droit à l'intégrité physique et psychologique des personnes reste intact". L'institut a également rappelé le numéro auquel contacter l'INDH pour porter plainte en cas de violences policières, ou pour recevoir de l'aide.

21/10/19 - 17:31 - 11 actions en justice pour des violences policières

D'après CNN Chile, l'INDH (Institut national des Droits humains) aurait compté pas moins de 11 actions en justice au minimum, pour des actes de violences policières ou militaires depuis le début de la répression des manifestations au Chili. En outre, le directeur de l'INDH a salué les propos du général Iturriaga, se détachant de la posture du président Piner lorsqu'il a affirmé que "l'armée n'est pas en état de guerre". Cependant, déjà 7 plaintes ont été déposées pour des actes de violences des autorités sur la population, d'après cet institut. L'INDH dénombrait dimanche déjà 283 arrestations, ainsi que 44 blessés dont 9 graves. Est également mentionné le fait que deux enfants aient étés gravement blessés par balles : un garçon avec des balles dans le foie, les reins et les jambes, et une fillette avec des balles dans la jambe. 6 personnes ont également été blessées aux yeux, et d'autres violations des droits sont dénoncées comme un usage de la force excessif au moment de l'arrestation, notamment envers des personnes mineures, ainsi que le déshabillage imposé à des hommes et des femmes, et même des actes d'abus sexuels.

21/10/19 - 16:39 - La presse internationale revient sur la phrase de Sebastian Pinera

D'après le média 24 Horas, les propos du Président Pinera ont choqué les médias du monde entier. "Nous sommes en guerre contre un ennemi puissant et implacable qui ne respecte rien ni qui que ce soit", avait-il en effet déclaré. Or, comme le relaie 24 Horas, de nombreux médias ont eu la même réaction que je journal El País de España, qui s'est exprimé sur le sujet en ces termes : "l'accent est mis sur le vandalisme qui a caractérisé ces jours-ci et pas sur les revendications sociales qui ont conduit parallèlement à des manifestations pacifiques". En se concentrant sur les violences qui ont découlé de ces protestations, certains médias craignent que soit oublié le message initial des chiliens qui manifestent.

21/10/19 - 15:24 - Le général Iturriaga "n'est en guerre contre personne"

Le général Javier Iturriaga, chargé par le président Pinera de la gestion de la crise sociale au Chili et notamment à Santiago, est revenu sur les propos du président. Celui-ci avait en effet déclaré : "nous sommes en guerre contre un ennemi puissant, implacable, qui ne respecte rien ni personne". Quant à lui, le général Iturriaga aurait déclaré : "je suis heureux, je ne suis en guerre contre personne", d'après le média El Dinamo.

21/10/19 - 15:00 - Le bilan s'élève à 11 morts, d'après la maire de la métropole de Santiago

Karla Rubilar, maire de la métropole de Santiago, vient de donner une conférence de presse au Chili. Elle a confirmé que le nombre de morts s'élève maintenant à onze personnes décédées au cours des 48 dernières heures. D'après le média 24 Horas, elle aurait déclaré : "à mesure que les excès diminueront, nous pourrons mettre fin à l'état d'urgence, évacuer les militaires présents dans les rues et lever le couvre-feu. La confiance a été perdue, pas uniquement par ce gouvernement, mais depuis de nombreuses années. Mais nous sommes convaincus que nous avons entendu la parole du peuple et que nous pouvons leur apporter une réponse."

LIRE PLUS

En savoir plus

Emeutes au Chili : des images impressionnantes

Manifestation au Chili : des morts

Des affrontements violents ont eu lieu entre manifestants et policiers à Santiago dimanche. Les autorités compte au moins sept morts. Cinq personnes sont mortes dans l'incendie d'une usine de vêtements, deux personnes sont décédées dans l'incendie d'un supermarché, alors que ces bâtiments étaient en proie à des pillages. Les forces de l'ordre ont interpellé 1 462 personnes, dont 644 dans la capitale et 848 dans le reste du pays.