Explosions à Beyrouth : vidéos, dernier bilan... Les dernières infos sur le Liban

Explosions à Beyrouth : vidéos, dernier bilan... Les dernières infos sur le Liban

LIBAN. Après la double explosion dans le port de Beyrouth, qui a fait au moins 170 morts (dont deux Français) et 6 500 blessés, le pays s'enfonce dans la crise.

[Mis à jour le 14 août 2020 à 18h15] Après la double explosion meurtrière du port de Beyrouth, le Liban s'enfonce dans la crise. Près d'une semaine après le drame, le Premier ministre libanais Hassan Diab annonçait la démission de son gouvernement, sous la pression de la rue, qui accusait la classe politique d'incompétence et de corruption, et d'être responsable du drame du mardi 4 août dernier. Le chef du gouvernement libanais a fait cette annonce lors d'un discours à la nation, six jours après l'explosion qui a dévasté une partie de la ville, faisant au moins 170 morts et plus de 6 500 blessés selon un dernier bilan.

Avant cette annonce, quatre ministres avaient claqué la porte du gouvernement. Dimanche, des tensions ont éclaté en marge de manifestations organisées contre le gouvernement. Les manifestants ont pris d'assaut plusieurs ministères de la ville, notamment de l'Energie ou celui de l'Economie. Un membre des forces de l'ordre a été tué et plusieurs manifestants blessés. Samedi, le Premier ministre libanais Hassane Diab avait proposé l'organisation d'élections législatives anticipées, ce qui n'a pas calmé la population libanaise, qui réclame un changement radical de la classe politique. Un souhait émis également par le président français Emmanuel Macron lors de sa visite à Beyrouth jeudi dernier. Le chef de l'Etat, premier à se rendre sur place, avait promis de l'aide au Liban, à condition que cette aide aille bien à la population et à la reconstruction de la ville.

Il a estimé lors d'une visioconférence des pays donateurs pour le Liban, hier, que "les autorités libanaises doivent mettre en place des réformes politiques et économiques". "Nous devons tout faire pour que ni la violence ni le chaos ne puissent l'emporter", juge-t-il. "C'est l'avenir du Liban et de toute la région qui se joue." Au terme de cette visioconférence, Emmanuel Macron a annoncé que le montant total de "l'aide d'urgence engagée ou mobilisable à brève échéance" est de 252,7 millions d'euros, dont 30 millions d'euros de la part de la France. Depuis l'explosion, qui a détruit une partie de la ville et fait des centaines de milliers de sans abris, quatre ministres libanais ont démissionné.

Le déroulé des explosions à Beyrouth

Mardi 4 août, vers 18 heures heure locale (soit 19 heures, heure française), une première explosion retentit dans le quartier du port de Beyrouth, qui se trouve au nord de la capitale libanaise, en plein centre-ville, près des souks fréquentés. Une forte déflagration qui provoque un incendie et fait dépêcher des effectifs de pompiers et de premières inquiétudes. Quelques minutes plus tard, vers 18h07, une seconde déflagration encore plus violente, dégageant cette fois un champignon ressemblant à une explosion nucléaire et détruisant bâtiments, voitures et faisant exploser les vitres des immeubles sur plusieurs kilomètres.Dans la soirée, l'institut américain de géophysique (USGS) a expliqué que ses capteurs avaient enregistré l'explosion équivalente à un séisme de 3,3 sur l'échelle ouverte de Richter.

Quelles sont les causes des explosions ?

Après la double déflagration dans le port de Beyrouth, le chaos. Les autorités libanaises affirmaient devoir éclaircir les causes du drame. Il a d'abord été expliqué que les explosions avaient été causées par un bateau transportant des feux d'artifices, puis à un attentat. Une théorie alimentée par Donald Trump qui, sur Twitter, analysait ces déflagrations comme un "terrible attentat", affirmant qu'il s'agissait d'une bombe. Au lendemain des faits, le Premier ministre Hassan Diab explique que les explosions auraient été déclenchées par un entrepôt de 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium, substance servant à fabriquer des engrais, mais aussi des explosifs. Elles auraient été stockées depuis six ans dans un bâtiment du port. Vendredi, trois jours après les faits, le président libanais, Michel Aoun, a évoqué la possibilité que ce drame ait été provoqué par une "intervention extérieure", parlant d'un éventuel missile ou d'une bombe. 

Les vidéos du chaos à Beyrouth

Les images sont hallucinantes. Le journal britannique The Guardian a publié sur YouTube une vidéo regroupant des images de drones prises au dessus du port ravagé de la capitale libanaise. Sur les réseaux sociaux, d'autres images des explosions tournent en boucle. On y découvre une impressionnante fumée et une déflagration faisant exploser les vitres des bâtiments alentours. Selon le gouverneur de la ville, près de la moitié de la capitale libanaise aurait été touchée et les dégâts matériels seraient évalués à entre 3 et 5 milliards de dollars.

Le dernier bilan des explosions

D'après un nouveau bilan, les explosions survenues à Beyrouth mardi ont 170 morts, dont deux Français, 6 500 blessés, des dizaines de disparus et les centaines de milliers de sans-abri, selon un dernier bilan provisoire communiqué par ministère de la Santé libanais. "Il y a certainement encore (des victimes) sous les décombres et nous recevons des dizaines d'appels pour des disparus", expliquait mercredi le ministre de la Santé, Hamad Hassan. Le ministère des Affaires étrangères a indiqué, jeudi 6 août, que la France déplorait au moins un mort et trois blessés graves et 21 blessés. Le parquet de Paris a ouvert une enquête. Emmanuel Macron a annoncé qu'une "cinquantaine" de Français ont été blessés dans les explosions.

Un bilan qui devrait encore s'alourdir au fil des heures, compte tenu du nombre de blessés connus dans un état grave, mais également des personnes portées disparues et pouvant être toujours ensevelies sous les décombres. A noter également que trois hôpitaux de la ville ont été endommagés par la double déflagration. La Croix Rouge a lancé un appel aux dons et aux dons de sang.

Qui est le Français mort au Liban ?

La France déplore donc au moins un mort, trois blessés graves et 21 blessés plus légers. L'identité du citoyen français décédé dans la double explosion de Beyrouth a été communiquée par Roselyne Bachelot, ministre de la Culture dans la soirée jeudi : il s'agit de Jean-Marc Bonfils, un architecte installé au Liban où il travaillait notamment sur des projets de reconstruction de bâtiments détruits par la guerre. "L’architecte français Jean-Marc Bonfils est décédé dans la terrible catastrophe de Beyrouth. Je rends hommage à son œuvre majeure, telle la restauration d’immeubles patrimoniaux détruits par la guerre du Liban. La France et le Liban sont unis dans le chagrin de sa mort", écrit la ministre sur Twitter.

Le Liban, un pays en crise

La catastrophe du mardi 4 août est d'autant plus importante qu'elle intervient au milieu d'une vaste crise économique et politique au Liban. Monnaie nationale en chute libre, institutions à la dérive, classe moyenne en plein effondrement, licenciements massifs, restrictions bancaires drastiques, coupures de courant... Le pays est depuis des mois en proie à une grogne sociale symbolisée par d'importantes manifestations. A cette crise économique s'ajoute la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus. Quelques minutes seulement après la double explosion, le ministre de l'Intérieur libanais avait d'ailleurs rappelé les modalités d'une prochaine phase de reconfinement, entre le 6 et me 10 août. Au Liban, pays relativement peu touché au début de la crise du Covid-19, est désormais en proie à une violente seconde vague, avec près de 200 nouveaux cas par jour.