ONU et Ukraine : contre la Russie, des discours et un vote décisif ?

ONU et Ukraine : contre la Russie, des discours et un vote décisif ? ONU ET UKRAINE. Une session d'urgence est organisée à l'ONU, depuis lundi 28 février 2022, pour travailler à l'adoption d'une résolution qui "déplore" la guerre en Ukraine. Un texte qui ne condamne pas malgré des discours quasi-unanimes contre l'opération militaire de la Russie.

La Russie seule contre le reste du monde ? C'est ce qui pourrait se décider, ou presque, entre ce mardi 1er et le mercredi 2 mars 2022. Près d'une semaine après le début de la guerre en Ukraine, et après des mois de tensions qui n'ont fait que s'exacerber, les Nations Unies pourraient faire entendre leur voix de manière quasi-unanime pour aller à l'encontre de l'opération militaire lancée par Vladimir Poutine. Une procédure rare a ainsi été entamée au siège de l'ONU, à New-York, lundi 28 février : une session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale des Nations unies. 

Ce rendez-vous qui réunit les 193 Etats-membres a été organisé à la suite d'une décision prise le Conseil de sécurité de l'ONU, l'instance dirigeante de l'organisation à laquelle siègent notamment la France, les Etats-Unis, la Chine, le Royaume-Uni, la Russie et dix autres pays. La résolution a été adoptée dimanche 27 février, la Russie n'ayant pu opposer son droit de veto. Il s'agissait là d'une question de procédure. En revanche, les Russes l'ont fait valoir vendredi 25 février, empêchant le Conseil de sécurité d'adopter une résolution condamnant l'invasion et exigeant le retrait des troupes  de Vladimir Poutine en Ukraine.

A l'ONU, la France refuse l'abstention 

Par un tour de passe-passe procédural, les Nations Unies sont donc tout de même parvenues à entamer un travail pour établir un texte pour blâmer l'offensive de la Russie. Mais aucune condamnation ne sera prononcée. L'ONU devrait simplement annoncer qu'elle "déplore dans les termes les plus forts" l'opération militaire. Un langage adouci car, pour être adoptée, la résolution doit obtenir 2/3 de "pour" parmi l'ensemble des votes exprimés. L'adoucissement des propos vise donc à obtenir un nombre de voix suffisant, alors que plusieurs incertitudes planent. 

Car les pays arabes (excepté le Koweït) sont restés silencieux, tandis que les puissantes Chine et Inde ne devraient pas voter en faveur du texte, elles qui se sont abstenues, vendredi, au Conseil de sécurité. Histoire de ne pas se froisser avec Vladimir Poutine sans pour autant être en accord avec ses décisions. Mais l'ambassadeur français à l'ONU, Nicolas de Rivière, a prévenu : "personne ne peut détourner le regard, l'abstention n'est pas une option." L'Europe de l'ouest et les Etats-Unis sont, sans surprise, sur la même longueur d'ondes et adopteront le texte, tout comme la plupart des pays d'Amérique latine et d'Afrique, pour condamner -même si le terme ne sera pas dans le texte- l'attaque de la Russie. La France, elle, par la voix de son ambassadeur, "appelle tous les Etats-membres de cette assemblée à voter pour ce texte. Au-delà de l'Ukraine, il s'agit de défendre la Charte et la raison d'être des Nations Unies." Les prises de parole doivent se succéder ce mardi et mercredi.

Vision opposées entre l'Ukraine et la Russie à l'ONU

Ce n'est que la 11e session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale des Nations Unies qui est organisée. A chaque fois depuis la première en novembre 1956, cela s'est produit dans le cadre d'une guerre : crise de Suez, invasion soviétique de la Hongrie, crise au Liban, crise congolaise, guerre des Six Jours, invasion soviétique de l'Afghanistan, conflit israélo-palestinien et occupation de la Namibie par l'Afrique du Sud. L'Ukraine attend beaucoup des Nations Unies, après l'échec des négociations diplomatiques les jours précédant le début de l'opération russe. "Si l'Ukraine ne survit pas, l'ONU ne survivra pas", a estimé l'ambassadeur ukrainien Sergiy Kyslytsya. "Nous pouvons sauver l'Ukraine, sauver les Nations unies, sauver la démocratie et défendre les valeurs auxquelles nous croyons", a-t-il ajouté. De son côté, Vassily Nebenzia, représentant de la Russie, a assuré que la Russie n'a "pas de plan d'occupation de l'Ukraine" et que la volonté de Vladimir Poutine était de "protéger" les habitants du Donbass, "ce qui passe par la démilitarisation et la dénazification de l'Ukraine".