Mexique : des manifestants dénoncent un "crime d'État" et attaquent le palais présidentiel

Mexique : des manifestants dénoncent un "crime d'État" et attaquent le palais présidentiel Des dizaines de manifestants ont enfoncé mercredi l'une des portes du palais présidentiel à Mexico, avant de pénétrer, pour certains, dans l'enceinte.

Sur les images diffusées par la chaîne télévisée mexicaine Mileno, on peut voir des dizaines de manifestants réunis à Mexico, devant l'une des portes du palais présidentiel. À visage découvert pour les uns, cagoulés pour les autres, plusieurs d'entre eux s'emparent d'un pick-up blanc et le poussent de toute leur force contre la porte du palais qui se brise en partie sous la puissance du geste. L'entrée défoncée, des manifestants au visage masqué pénètrent dans les lieux, où le président de la République, Andrés Manuel López Obrador, tenait au même moment une conférence de presse. La scène s'est produite ce mercredi 6 mars au Mexique.

Les manifestants réclamaient des résultats dans l'enquête concernant la disparition de 43 étudiants de l'école normale d'Ayotzinapa, survenue il y a presque 10 ans. La nuit du 26 au 27 septembre 2014, le groupe d'étudiants s'était rendu à Iguala, ville voisine, afin de "réquisitionner" deux bus supplémentaires pour se rendre à une manifestation à Mexico et commémorer le massacre de Tlatelolco, en 1968. Alors que pendant longtemps, la version officielle a été de dire que les étudiants auraient été confondus avec des narcotrafiquants rivaux et tués par le cartel des Guerreros Unidos, les proches des victimes ont toujours rejeté cette version, pointant la responsabilité des forces de l'ordre dans cette affaire.

Il semble que les étudiants auraient été arrêtés par la police locale et ensuite remis au cartel, qui les auraient tués. Au Mexique, cette affaire est en tout cas devenue pour beaucoup le symbole de l'impunité et des dysfonctionnements de la justice. En août 2022, soit déjà huit ans après le drame, la commission pour la vérité d'Ayotzinapa avait publié un rapport dans lequel l'affaire était officiellement qualifiée de "crime d'État". Un ex-procureur général et pas moins de 64 membres des forces de l'ordre, militaires et policiers, avaient même été arrêtés.

Si le président mexicain a annoncé ce mercredi que les manifestants seraient prochainement reçus par le sous-secrétaire à l'Intérieur, Andrés Manuel López Obrador a davantage insisté sur le fait que cet acte relèverait, selon lui, avant tout de la "provocation", et ce, alors que la campagne en vue des élections fédérales des États-Unis mexicains de 2024, qui désigneront notamment le prochain président mexicain, bat son plein.