L'accord UE-Mercosur signé : la France peut-elle encore le contrer ? Un soutien de dernière minute
Ursula von der Leyen, présente à Montevideo pour le sommet des pays du Mercosur (alliance économique entre l'Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay), a annoncé que les négociations sur l'accord de libre-échange étaient finalisées. Elle a salué "une victoire pour l'Europe". La présidente de la Commission européenne avait, en effet, assuré sur X dès la veille du sommet que cet accord serait bénéfique pour les deux parties : "Nous avons la chance de créer un marché de 700 millions de personnes. Le plus grand partenariat commercial et d'investissement que le monde ait jamais connu". Cependant, il faut encore que l'accord soit validé par les pays européens : "Je me réjouis maintenant d'en discuter avec les pays européens", a déclaré Urusula von der Leyen, lors d'une conférence de presse. Si le traité est ratifié, les droits de douane de nombreux produits, tels que la viande, seraient supprimés ou du moins réduits.
"Je sais qu'il y a de fortes oppositions, des soutiens à l'isolation et la fragmentation, mais cet accord est une réponse montrant que nous sommes unis sur la scène internationale", a ajouté Ursula von der Leyen à Montevideo ce vendredi. Parmi ces oppositions, la France est en première ligne. Ce jeudi 5 décembre, Emmanuel Macron a réaffirmé son désaccord par rapport au traité "en l'état" auprès de Ursula von der Leyen. Cette opposition émane de tous les bords politiques. "La présence en Uruguay d'Ursula Von der Leyen, qui se vante d'accélérer la finalisation de l'accord avec le Mercosur, est une véritable provocation", avait déploré sur X Jordan Bardella, président du Rassemblement national. Avis partagé par le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, qui veut que la France "dise clairement qu'elle n'acceptera jamais cet accord". Cette annonce intervient, en plus, alors qu'une grande instabilité politique touche le pays après la démission de Michel Barnier. Cela pourrait affaiblir la position diplomatique française.
L'Italie rejoint la France, un blocage encore possible ?
La France s'inquiète notamment de l'impact du traité sur l'environnement et l'agriculture. L'Hexagone craint une concurrence déloyale des produits latino-américains soumis à des normes bien moins exigeantes qu'en Europe. La France est soutenue dans son opposition par la Pologne. L'Italie vient aussi, ce jeudi 5 décembre, de rejeter l'accord en l'état. "Le gouvernement italien estime que les conditions ne sont pas réunies pour souscrire au texte actuel" et que "la signature peut avoir lieu seulement à condition que des protections adéquates et des compensations en cas de déséquilibres pour le secteur agricole soient mises en place", ont expliqué des sources gouvernementales, comme le rapporte Le Parisien. C'est un puissant appui pour la France. Pour former une minorité de blocage, quatre Etats membres, réunissant 35% de la population de l'UE, doivent se manifester. A eux trois, le seuil des 35% est atteint, mais il reste encore un autre pays à convaincre. L'Autriche ou encore les Pays-Bas avaient aussi déjà exprimé des réticences.
A l'inverse, le traité est soutenu par deux blocs européens forts : l'Allemagne et l'Espagne. Ils souhaitent ratifier l'accord avant l'arrivée en janvier de Donald Trump à la Maison Blanche, qui a menacé d'augmenter les droits de douane. Si le Conseil européen valide le texte, il sera alors soumis au Parlement européen, qui devra le voter à la majorité pour qu'il soit mis en place. A cette échelle, la France pourrait se faire entendre, mais il est possible que la Commission européenne sépare le volet commercial du volet politique de l'accord. Ainsi, la partie commerciale échapperait à cette ratification unanime et un vote majoritaire deviendrait suffisant.