Marché de Noël de Magdebourg : un "possible attentat", ce que l'on sait sur le véhicule qui a foncé dans la foule

Marché de Noël de Magdebourg : un "possible attentat", ce que l'on sait sur le véhicule qui a foncé dans la foule L'attaque qui a fait au moins cinq morts au marché de Noël de Magdebourg vendredi soir pourrait être un "attentat". Une enquête est en cours pour comprendre les motivations du suspect, qui a été arrêté par la police.

Le drame s'est produit aux alentours de 19 heures, vendredi 20 décembre. La foule était réunie au marché de Noël de Magdebourg (Allemagne), quand une voiture, une BMW sombre, a réussi à franchir les sécurités et a traversé le marché sur 400 mètres. Au moins cinq personnes ont perdu la vie dans l'attaque et plus de 200 ont été blessées, dont 41 grièvement (dernier bilan, à 12h30 samedi). Le Premier ministre de la région de Saxe-Anhalt, Reiner Haseloff, a annoncé un premier bilan peu après 22 heures. Deux personnes avaient déjà perdu la vie, dont un enfant de neuf ans. L'assaillant a été arrêté par la police allemande, mais on ne connaît pas ses motivations. La piste d'un "attentat" est envisagée par les autorités.

En début de soirée, une BMW de couleur sombre franchi la barrière de sécurité avant de foncer dans la foule, réunie dans un marché de Noël. L'attaque a également fait 68 blessés. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a dit craindre "le pire" concernant le bilan humain, dans un post sur X. "Mes pensées vont aux victimes et à leurs familles. Nous sommes à vos côtés et aux côtés des habitants de Magdebourg. Mes remerciements vont aux secouristes dévoués en ces heures anxieuses", a-t-il écrit.

Le chancelier Allemand, Olaf Scholz, s'est rendu sur place dans la matinée. Il a rencontré le gouvernement local pour faire un point sur l'enquête. Il s'est ensuite rendu, avec d'autres responsables politiques, sur le lieu de l'attaque et a rendu hommage aux victimes au pied de l'église Saint-Jean, proche du marché de Noël. Le chancelier s'est ensuite exprimé face à la presse. "Quel événement épouvantable que de voir une telle brutalité s'exercer contre autant de personnes !", s'est désolé Olaf Scholz, qui a assuré qu'un soutien psychologique sera apporté aux secours, eux-mêmes traumatisés par les scènes de l'attentat. Il était précédé de Reiner Haseloff, qui a assuré que ce marché de Noël était "entré dans l'histoire tragique de Magdebourg, il restera un lieu de commémoration pour l'Allemagne ". Selon lui, "un certain nombre d'enjeux devront être soulevés quant à la sécurité, mais l'heure est au recueillement. Nous avons la mission de retirer des conséquences. "

Emmanuel Macron s'est également exprimé sur le réseau social X. Le président français se dit "profondément choqué" de l'attaque, ajoutant que la France "partage la douleur du peuple allemand".

"De vastes opérations de police ont actuellement lieu" au marché de Noël, a indiqué la police de Magdebourg. Les autorités précisent que le marché est actuellement fermé. Le véhicule aurait foncé dans la foule "sur au moins 400 mètres", relate la radio allemande Mitteldeutscher Rundfunk, une information confirmée par la police de Magdebourg.

Le profil inhabituel du suspect

Le conducteur du véhicule a été arrêté, a assuré la police municipale. On ne connaît pas encore les motifs de son acte, mais les autorités régionales suspectent "un attentat". "Nous avons arrêté l'auteur" : " il s'agit d'un homme originaire d'Arabie Saoudite qui exerce comme médecin ici" dans la région de Saxe-Anhalt, a indiqué Reiner Haseloff. Il a précisé que le conducteur a agi seul et serait un "loup solitaire". L'homme a 50 ans et dispose du statut de réfugié en Allemagne. Aucune sympathie avec la mouvance jihadiste n'est connue de sa part. Il partage même régulièrement ses positions sur les réseaux sociaux, où il explique avoir rompu avec l'islam et dénonce les "dangers" d'une islamisation de l'Allemagne. Il a été décrit comme "islamophobe" par la ministre Allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser.

Le marché ne rouvrira pas cette année, a annoncé Roni Krug, adjoint au personnel de la ville, cité par nos confrères Allemands de Der Spiegel. "Des gens sont morts ici. Si on ouvre un marché, cela signifie que les gens boivent du vin chaud et mangent là où des gens sont morts. Je ne peux pas approuver cela", déclare-t-il.

Lors d'un point presse, le chef de la police de Magdebourg a affirmé que les forces de l'ordre "partent du principe" que l'auteur de l'attaque est "un loup solitaire " qui "a agi seul. Le procureur Horst Walter Nopens a ensuite pris la parole sur les éventuelles motivations du suspect. Celui-ci aurait "éprouvé une certaine insatisfaction sur la façon dont les réfugiés saoudiens sont traités en Allemagne ". Il n'aurait pas " d'antécédents judiciaires". L'homme devrait être poursuivi pour meurtre et tentative de meurtre.

En 2016, un camion avait foncé dans un marché de Noël à Berlin, faisant treize morts et dix-sept blessés. Cette attaque, terroriste, avait été revendiquée par Daesh, se souvient BFMTV.

Les marchés de Noël sont une "cible idéologiquement appropriée pour les personnes motivées par l'islamisme", avaient mis en garde les services de renseignement allemands avant la période des fêtes.

La piste de "l'attentat"

Pour le moment, les motivations du suspect ne sont pas encore connues. On ne peut donc pas parler d'attentat, bien que les autorités envisagent ce scenario. En France, Marine Le Pen fait preuve de moins de prudence en parlant de "barbarie islamiste" et d'un "acte de guerre", dans un message publié sur X. Jordan Bardella, lui, parle bien d'un "attentat islamiste", sans preuve concrète, et vise "l'islam radical" qui "mène une guerre contre nos traditions chrétiennes". Des propos qui ont vivement été critiqués, notamment par Olivier Faure qui commente : "Tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de livrer ses préjugés dont le seul objectif est de cultiver le racisme anti musulmans."