Ce territoire européen menacé d'annexion par Trump, une dérive à la Poutine ?
"Ce territoire européen menacé d'annexion par Trump, une dérive à la Poutine ?"
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Ce territoire européen menacé d'annexion par Trump, une dérive à la Poutine ?

Donald Trump continue d'évoquer ses ambitions expansionnistes et n'exclut pas de recourir à la force pour prendre le contrôle du Groenland ou du Panama.

Donald Trump persiste et signe. Alors qu'il a plusieurs fois évoqué sur un ton plus ou moins sérieux des projets expansionnistes ces derniers jours, le président américain élu, qui sera officiellement investi le 20 janvier, a confirmé sa volonté de placer plusieurs territoires sous contrôle américain lors d'une prise de parole provocatrice, le mardi 7 janvier, dans sa résidence de Mar-A-Lago, en Floride. Dans son viseur, le canal de Panama et le Groenland. "Le canal de Panama est vital pour notre pays. Nous avons besoin du Groenland pour des raisons de sécurité nationale", a-t-il lancé pour justifier ses ambitions.

Motivé par des enjeux économiques, commerciaux et militaires, Donald Trump ne semble pas plaisanter quand il dit envisager de prendre le contrôle de ces territoires. Concernant le Panama, il a plusieurs fois mentionné cette possibilité et s'est récemment plaint des tarifs de péages appliqués aux navires américains, allant jusqu'à soupçonner une influence chinoise. Et le mardi 7 janvier, il a ouvertement critiqué l'accord passé par son prédécesseur Jimmy Carter, en 1977, qui a permis au Panama d'avoir le contrôle total du canal qui traverse son territoire mais qui a été construit par les Etats-Unis. Une erreur selon le futur président américain. Quant au Groenland, Donald Trump a estimé que son offre de rachat de l'île arctique formulée durant son premier mandat pourrait, ces prochaines années, devenir un accord impossible à refuser pour le Danemark.

Ces déclarations s'accompagnent d'une nouveauté : le milliardaire de 78 ans a pour la première fois évoqué un possible usage de la force. Depuis sa résidence, Donald Trump a déclaré ne pas exclure un recours à la force militaire pour prendre le contrôle de ces territoires : "Je ne peux pas vous l'assurer, sur aucun des deux".

"L'Amérique d'abord" : seule boussole de Trump

La position de Donald Trump n'est pas si surprenante, elle n'est fait que suivre la logique du futur locataire de la Maison Blanche : l'Amérique d'abord. Ce slogan ne veut pas tant dire "uniquement l'Amérique" que "tout pour l'Amérique", y compris ce qui ne lui appartient pas (encore ?). S'il estime que les frontières des Etats-Unis doivent être fermement protégées, le septuagénaire ne considère pas celles des autres pays avec le même caractère sacré. La pensée expansionniste de Donald Trump s'était d'ailleurs illustrée au moment de l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine quand il avait décrit un acte de "génie" comme le rappelle le New York Times. L'Américain n'a jamais condamné l'annexion forcée de plusieurs régions ukrainiennes par la Russie et à ses yeux le rétablissement des frontières initiales n'est pas une condition sine qua non à un accord de paix entre Moscou et Kiev, contrairement à Joe Biden et à l'OTAN.

Faut-il craindre que Donald Trump ne tente, comme Vladimir Poutine, de prendre le canal de Panama et le Groenland par la force ? En agissant de la sorte Donald Trump placerait les Etats-Unis sur le même plan que la Russie et son régime autoritaire imposant sa vision au reste du monde.

Des oppositions nettes aux ambitions de Donald Trump

Si Donald Trump a clairement exposé ses désirs expansionnistes, l'opposition s'est également faite entendre, à commencer par les pays directement menacés. Au Panama, le ministre des Affaires étrangères a rappelé que "la souveraineté de notre canal n'était pas négociable", reprenant les mots de son Président sur l'axe maritime considéré comme une "conquête irréversible", du fait de l'accord avec Jimmy Carter. Et au Groenland le Premier ministre a réaffirmé au nom de son territoire : "Nous ne sommes pas à vendre et ne le serons jamais. Nous ne devons pas perdre notre longue lutte pour la liberté."

Le Groenland peut compter sur le soutien d'autres pays pour défendre ses frontières, comme la France. Puisque l'île de l'Arctique est raccrochée au Danemark, ses frontières sont celles de l'Union européenne. Or, "il n'est pas question que l'UE laisse d'autres nations du monde quelles qu'elles soient s'en prendre à ses frontières souveraines", a assuré le ministre française des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur France Inter le mercredi 8 janvier. Mais il faut savoir que le Groenland est libre de déclarer son indépendance, et ce depuis 2009. S'il ne l'a pas fait car dépendant trop largement du Danemark, des perspectives d'échanges ou d'investissements économiques avec les Etats-Unis pourraient pousser le territoire à revoir sa position. Seulement Donald Trump est loin de proposer autant d'indépendance que le Danemark et sans doute qu'il empêcherait tout échange avec la Chine ou la Russie également intéressées par cette région du monde et qui sont à l'origine du regain d'intérêt de l'Américain à ce bout de terre glacé.