Nétanyahou présent à Auschwitz ? Une invitation qui continue de faire polémique

Nétanyahou présent à Auschwitz ? Une invitation qui continue de faire polémique La Pologne commémore les 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz ce lundi 27 janvier. Le gouvernement polonais a invité de nombreux dirigeants internationaux, dont le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

C'est une invitation qui a fait grand bruit, celle de Benyamin Nétanyahou aux commémorations des 80 ans de la libération d'Auschwitz. Ce lundi 27 janvier, la Pologne rend hommage aux victimes et aux survivants du camp de concentration et d'extermination nazi, lequel avait été libéré en 1945 par l'armée rouge après avoir fait plus d'un million de morts, essentiellement des personnes juives. Et pour commémorer cet événement historique de la fin de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement polonais a décidé d'inviter de nombreux dirigeants internationaux, dont ceux d'Israël. Une décision imposée par le président conservateur Andrzej Duda et suivie par le Premier ministre Donald Tusk.

Mais en conviant le Premier ministre israélien, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) depuis le 21 novembre dernier, car soupçonné de crimes contre l'humanité et crime de guerre à Gaza, la Pologne se met dans une position délicate. Le pays ayant ratifié le Statut de Rome qui reconnait les compétences de la CPI, il se doit de respecter les décisions de justice prise par cette dernière. Concrètement, si Benyamin Nétanyahou met le met en Pologne, le pays doit l'arrêter immédiatement. Le gouvernement polonais a cependant décidé d'ignorer les directives de la CPI : "Que ce soit le Premier ministre, le président, ou le ministre de l'Education… Quiconque viendra aux cérémonies d'Auschwitz verra sa sécurité garantie et ne sera pas arrêté", déclarait Donald Tusk le 9 janvier.

Pris entre deux feux - la colère qu'aurait entrainé la mise à l'écart de l'Etat hébreu à la commémoration des victimes de la Shoah et la colère qu'a suscité l'invitation du dirigeant israélien en dépit des accusations formulées contre lui -, le gouvernement polonais a essayé de jouer les équilibristes. "D'un côté, on a le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, et de l'autre il est évident, pour moi depuis le début, que le Premier ministre israélien, ou n'importe quel autre représentant d'Israël, a le droit de visiter le camp de concentration d'Auschwitz en toute sécurité, surtout lors des commémorations", expliquait Donald Tusk après avoir annoncé sa décision. Pour certains observateurs, Varsovie a voulu envoyer un signe d'amitié à Israël et plaire aux Etats-Unis, principal allié de l'Etat hébreu, de nouveau dirigés par Donald Trump.

Cela reste un vrai revirement pour la Pologne qui, lors de l'émission du mandat d'arrêt contre Benyamin Nétanyahou, avait assuré se soumettre à la décision de justice de la CPI, notamment par la voix de son vice-ministre des affaires étrangères, Wladyslaw Teofil Bartoszewski. Cette volte-face a provoqué la colère de 51,9% des Polonais qui s'opposent à la décision de Donald Tusk selon un sondage de l'IBRiS commandé par Rzeczpospolita et relayé par Euractiv.

Présent ou absent, Nétanyahou concentre l'attention

Malgré l'invitation et la promesse de ne pas être arrêté, Benyamin Nétanyahou ne devrait pas être présent, pas plus que le président israélien Isaac Herzog. L'Etat hébreu devrait toutefois être représenté par l'un de ses ministres à la cérémonie des 80 ans de la libération d'Auschwitz : le ministre de l'Education Yoav Kisch qui n'est pas visé par un mandat d'arrêt de la CPI. L'absence de Benyamin Nétanyahou va être remarquée, mais celle de tout représentant d'Israël l'aurait été encore plus. D'autant que la Pologne et l'Etat hébreu entretiennent des relations amicales selon Jean-Charles Szurek, directeur de recherche émérite au CRNS et spécialiste de la région interrogé par 20Minutes.

Ne pas se rendre en Pologne est le moyen le plus sûr pour Benyamin Nétanyahou de ne pas être interpellé en raison du mandat d'arrêt de la CPI, un détail qui a dû peser dans sa décision. Mais le Premier ministre israélien peut se servir de la situation de l'Etat hébreu pour décliner l'invitation à Auschwitz : Israël qui a conclu une trêve avec le Hamas après 15 moins de guerre poursuit les négociations et se prépare à la suite du conflit.