Toulouse : polémique autour de la promotion du prêtre Dominique Spina, condamné pour viol, on vous explique
Ce prêtre a dû refuser sa promotion au rang de chancelier de son diocèse de Toulouse à la demande de l'archevêque. Le père Dominique Spina avait été nommé début juin à ce poste, mais après de nombreuses contestations et indignations, l'Église a fait marche arrière. L'homme de foi a en effet été condamné en 2006 en appel pour le viol d'un lycéen en 1993 alors qu'il était prêtre au diocèse de Bayonne. Il a purgé une peine de cinq ans de prison.
L'archevêque de Toulouse, Monseigneur Guy de Kérimel, avait justifié la nomination initiale du prêtre au rang de chancelier en expliquant avoir "pris le parti de la miséricorde". En tant que chancelier, fonction principalement administrative, il aurait eu la charge de l'établissement diocésain et de la conservation des actes officiels de l'archevêque. Dominique Spina est déjà employé aux archives depuis cinq ans. Il aurait également eu la charge d'apporter de l'aide et des conseils sur l'administration des sacrements aux prêtres et aux paroisses.
"Il n'exerce plus de charge pastorale, sinon celle de célébrer l'Eucharistie, seul ou exceptionnellement pour des fidèles. Considérant que nous n'avons rien à reprocher à ce prêtre depuis ces trente dernières années pour faits susceptibles de faire l'objet de poursuites judiciaires, canoniques ou civiles, j'ai donc choisi de le nommer dans cette fonction administrative", avait également expliqué Mgr de Kérimel.
"Un camouflet envers les victimes d'abus sexuel"
L'archevêque a dû finalement changer de fusil d'épaule, vu les critiques. Il a en effet souvent été reproché à l'Église de protéger les prêtres accusés et/ou coupables de faits d'abus sexuels. Même les évêques de France se sont prononcés contre la nomination de Dominique Spina, estimant qu'elle pouvait "raviver des blessures" et "déconcerter" les fidèles. Le pape Léon XIV a par ailleurs fait de la lutte contre les violences sexuelles une priorité de son mandat.
"Un prêtre violeur qui a purgé la peine infligée par la justice a le droit à être réinséré dans la société, certes. Mais qu'il le soit à un poste clé, prestigieux avec une charge symbolique forte, celui de chancelier, au sein de l'un des plus grands diocèses de France, voilà qui choque", résume le journaliste Jérôme Cordelier dans un article pour Le Point.
"Ma décision avait été interprétée par de nombreuses personnes comme un camouflet envers les victimes d'abus sexuel, j'en demande pardon aux victimes", a déclaré Mgr de Kérimel dans un communiqué. À sa demande, Dominique Spina a ainsi "renoncé à la charge de chancelier avec une réelle disponibilité de cœur".
L'archevêque a tout de même publié un communiqué invitant à un débat sur la rédemption et la "justice restaurative". "L'archevêque met sur le même plan les victimes et le prêtre violeur", analyse Le Point, en soulignant "la mort sociale très éprouvante" des auteurs d'abus et regrettant "ne pas avoir su trouver la juste place à laquelle [Dominique Spina] a droit". De quoi alimenter la polémique malgré l'annulation de la promotion du prêtre.