Guerre en Ukraine : pourquoi le Donbass est-il si important pour Poutine comme pour Zelensky ?
Lors des négociations de paix, le président russe a fait de la province de Donetsk un territoire essentiel dans le cadre des négociations de paix. Comment expliquer l'intérêt de cet oblast aux yeux de la Russie ? Dominique Trinquand, ancien général à la retraite et expert militaire, a accordé une interview au journal Le Parisien dans laquelle il revient notamment sur les raisons d'un tel attachement pour Vladimir Poutine et pour la Russie. "Vladimir Poutine vise depuis le début du conflit l'annexion de quatre oblasts en plus de la Crimée : Zaporijia, Kherson, Lougansk et Donetsk. Aujourd'hui, après ces trois années de guerre, Lougansk est quasiment occupé à 95 % par les Russes. Donetsk l'est probablement à 80 %. Zaporijia et Kherson beaucoup moins", analyse le général.
D'après lui, sur les quatre provinces, Vladimir Poutine estime qu'au moins une pourrait être complètement conquise. Le dirigeant russe vise l'oblast de Lougansk. En revanche, après sa rencontre avec Donald Trump en Alaska le 15 août dernier, Vladimir Poutine a aussi compris qu'il ne pourrait pas avoir dans leur totalité les provinces de Zaporijia et de Kherson. "Il cherche donc à acquérir diplomatiquement l'oblast de Donetsk qu'il n'arrive pas à conquérir par les armes", explique Dominique Trinquand.
Une province stratégique
Ce qui motive l'intérêt russe est multifactoriel : d'abord, Vladimir Poutine adopte la posture de défendre les Russophones de la région de Donetsk en voulant les intégrer à la Russie. L'oblast de Donetsk est historiquement peuplé de nombreux russophones venus s'installer après la Seconde Guerre mondiale dans la région alors industrielle. Ensuite, pour Poutine, Donetsk présente l'intérêt de nombreuses richesses avec des mines, des capacités industrielles importantes… Enfin, cette province est aussi un symbole militaire. C'est là que se sont tenus les combats les plus intenses et les plus meurtriers. "Mais avoir plus ou moins de pertes, la Russie s'en moque. Elle consomme du soldat comme on consommerait de la bière. Poutine cherche surtout à gagner du temps dans ses opérations, en gagnant du terrain le plus rapidement possible", analyse le général Trinquand.
Côté ukrainien et comme l'explique le général Trinquand, la violence et l'intensité des combats dans la région ont aussi marqué les soldats ukrainiens : "ils ont perdu beaucoup d'hommes et où ils ont empêché la progression russe", estime l'ex-militaire. De plus, ils souhaitent conserver les acquis de l'accord de 1995. Un accord "qui consacrait la reconnaissance et des garanties de sécurité de la Russie envers l'Ukraine", précise Dominique Trinquand. Tout cela rend aujourd'hui la position russe difficile, surtout après trois ans de guerre.