Conquête de Gaza : que contient le plan de Nétanyahou ? Les premières étapes lancées

Conquête de Gaza : que contient le plan de Nétanyahou ? Les premières étapes lancées Le plan militaire de conquête de Gaza a été validé par le gouvernement israélien ce vendredi 22 août. Sur le terrain, les premières opérations ont déjà commencé, selon le porte-parole de l'armée

L'armée israélienne se prépare à conquérir Gaza. Le plan militaire visant à prendre la ville, que Benyamin Nétanyahou annonçait devoir valider dans les prochaines heures lors d'une déclaration vidéo diffusée jeudi 21 août, a finalement été officiellement approuvé par le gouvernement israélien. Le ministre de la Défense, Israël Katz, l'a confirmé sur X : "Nous avons approuvé hier le plan destiné à vaincre le Hamas à Gaza – par des tirs nourris, l'évacuation des habitants et des manœuvres", a-t-il écrit. 

Baptisée "Les Chariots de Gédéon II", en référence au guerrier biblique choisi par Dieu pour vaincre une tribu ennemie, l'opération vise à s'emparer du dernier grand bastion du Hamas dans l'enclave, contrôlé à environ 75 % par Israël, rapporte Le Parisien. Selon les autorités israéliennes, deux brigades du mouvement islamiste resteraient encore opérationnelles dans Gaza-ville.

Prochaine "évacuation complète" des hôpitaux

Si les détails précis de l'opération n'ont pas encore été communiqués, l'armée a précisé que cinq divisions seront positionnées à différents points stratégiques de la ville de Gaza et de ses alentours. Pour alimenter les forces déjà présentes sur le terrain, l'armée prévoit le rappel de 60 000 réservistes supplémentaires début septembre. À terme, ce sont 120 000 soldats qui devraient être mobilisés pour une opération militaire qui pourrait durer jusqu'en 2026, a indiqué le 20 août le porte-parole de l'armée Effie Defrin.

Le plan de conquête de Gaza se compose essentiellement d'opérations militaires et face aux nombreuses critiques sur les frappes israéliennes ayant fait des victimes civiles parmi les Gazaouis, Israël a promis une évacuation de la population avant l'offensive. "Lorsqu'une opération majeure débutera dans la ville de Gaza, la population civile se verra offrir la possibilité d'évacuer (...) vers d'autres zones, pas nécessairement seulement vers les camps", rapporte le quotidien israélien Haaretz citant des sources gouvernementales. L'Etat hébreu ajoute prévoir la fourniture d'aide humanitaire aux personnes déplacées, mais uniquement "en dehors des zones de combat" toujours selon le journal. A ce sujet, le ministre israélien de la Défense a dit approuver "les préparatifs humanitaires pour l'évacuation" des populations civiles le mercredi 20 août.

Si aucun calendrier précis n'a encore été dévoilé, l'attaque s'annonce toutefois imminente. Les premières étapes de l'opération ont déjà commencé, comme annoncé par le porte-parole de l'armée israélienne, le général Effie Defrin, mercredi 20 août : "Nous avons commencé les opérations préliminaires et les premières étapes de l'attaque sur la ville de Gaza", a-t-elle déclaré, cité par le Courrier Internationale. "Les forces de Tsahal tiennent déjà les environs de la ville." 

L'armée a commencé à appeler hôpitaux et responsables médicaux de la ville de Gaza pour les prévenir d'une prochaine "évacuation complète" et leur enjoindre de "préparer un plan pour transférer le matériel médical du nord au sud". Tsahal assure qu'elle fournira "un lieu pour opérer, que ce soit un hôpital de campagne ou tout autre hôpital", mais le ministère de la Santé de Gaza, sous l'autorité du Hamas, a dénoncé une exigence qui "affaiblirait ce qui reste du système de santé", et "priverait plus d'un million de personnes de leur droit aux soins médicaux".

Prise en compte d'un accord "en cours de route"

L'armée israélienne a toutefois précisé que cette "opération prolongée" évoluera en fonction de la mise en place d'accord avec le Hamas. "Le plan évolutif et dynamique tiendra également compte d'un accord en cours de route", a prévenu Tsahal, dont la majorité des généraux sont sceptiques quant au sens purement militaire de l'opération.

Sur ce sujet, la réponse de Benjamin Netanyahu concernant la proposition de trêve faite par le Qatar et acceptée par le Hamas, était attendue "avant la fin de la semaine". Cet accord prévoit un cessez-le-feu de 60 jours et la libération d'une partie des otages en deux étapes : d'abord 10 otages et 18 dépouilles avant une trêve à l'issue de laquelle tous les autres otages doivent être rendus et des négociations doivent avoir lieu pour un accord plus large.

Sans citer explicitement cet accord, le Premier Ministre israélien a déclaré jeudi 21 août avoir "donné des instructions pour lancer immédiatement des négociations pour la libération de tous nos otages et mettre fin à la guerre dans des conditions acceptables pour Israël". Tel-Aviv, qui exige que tous les otages soient libérés en une seule fois, enverra des négociateurs une fois le lieu des discussions fixé, a précisé un responsable israélien cité par Les Echos.

Les conséquences d'un refus du Hamas pourraient être lourdes. Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a menacé ce vendredi 22 août que la ville de Gaza pourrait être détruite si le Hamas rejetait les conditions fixées par l'État hébreu – à savoir la libération de tous les otages et le désarmement. "Bientôt, les portes de l'enfer s'ouvriront sur les meurtriers et les violeurs du Hamas à Gaza, jusqu'à ce qu'ils acceptent les conditions posées par Israël pour mettre fin à la guerre" a écrit le ministre sur son compte X. "S'ils n'acceptent pas, Gaza, la capitale du Hamas, deviendra Rafah ou Beit Hanoun", a-t-il ajouté, faisant référence à deux villes déjà largement réduites en ruines par l'armée israélienne au cours de cette guerre qui dure depuis près de deux ans.

Une prise de contrôle et la colonisation de Gaza ?

S'il est question, selon le nom du plan, de contrôler uniquement la ville de Gaza, Benyamin Nétanyahou déclarait lors d'un entretien à Fox News diffusé le 8 août qu'il n'excluait pas d'occuper toute la bande de Gaza déjà contrôlée à "70 ou 75%" par Israël selon lui. Le chef d'état-major de l'armée israélienne Eyal Zamir a pourtant exprimé des réticences à une prise de contrôle "totale" de la bande de Gaza.

Pour l'heure, le cabinet de sécurité israélien a validé "cinq principes pour conclure la guerre" auxquels le plan de conquête de Gaza pourrait apporter des réponses : le désarmement du Hamas, le retour de tous les otages vivants et morts, la démilitarisation de la bande de Gaza, le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza et enfin l'établissement d'une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas, ni l'Autorité palestinienne". Le dernier objectif fait craindre à la communauté internationale une politique de colonisation israélienne dans la bande de Gaza. Lors de son entretien avec Fox News, Benyamin Nétanyahou a assuré ne pas vouloir "garder" l'enclave palestinienne : "Nous voulons mettre en place un périmètre de sécurité, mais ne voulons pas la gouverner".