Pietro Parolin : qui est cet Italien si apprécié au Vatican, diplomate chevronné ?
Le prochain pape pourrait-il être l'actuel numéro deux du Vatican ? Pietro Parolin fait en tout cas partie des "papabili", ces cardinaux pressentis pour succéder au pape François, décédé le 21 avril dernier. Secrétaire d'État du Saint-Siège depuis plus de dix ans, il était l'un des rares à pouvoir approcher dans ses dernier jours le souverain pontife, hospitalisé durant cinq semaines avant sa mort.
Pietro Parolin est tellement considéré comme favori pour devenir pape que les bookmakers en ont fait une figure de proue. Sur Polymarket, un site d'investissement en ligne qui agrège les pronostics, Pietro Parolin se classe parmi les 3 candidats les plus souvent cités pour succéder au pape. Pourtant, comme pour les autres papabili, ses "chances" doivent être relativisées : il s’agit de côtes fondées sur les mises des parieurs, non d’une probabilité réelle d’élection.
Même si Pietro Parolin figure en tête des pronostics, le cardinal connaît bien le vieux dicton romain qui souligne l'incertitude du processus de sélection du pape : "Qui entre pape au conclave en sort cardinal." De plus, bien qu'aucun pape italien n'ait été élu depuis 40 ans, les sphères dirigeantes de l'Eglise s'éloigne progressivement de l'Italie et de l'Europe. Ce qui pourrait, selon la BBC News Afrique, rendre improbable l'élection d'un pape italien, du moins pour l'instant. Le conclave, qui réunit les 133 cardinaux électeurs âgés de moins de 80 ans dans la chapelle Sixtine, est présidé par Pietro Parolin lui-même.
Un diplomate chevronné au service de l'Eglise catholique
Né le 17 janvier 1955 à Schiavon, en Vénétie, dans une famille modeste, Pietro Parolin perd son père à l'âge de dix ans. Ordonné prêtre en 1980, il rejoint en 1986 les services diplomatiques du Saint-Siège. Polyglotte – italien, anglais, français et espagnol – il est reconnu pour son calme et sa discrétion. Pietro Parolin est alors affecté à plusieurs nonciatures : au Nigeria, au Mexique, et auprès d’organisations internationales comme l'ONU. Il travaille ensuite à la Secrétairerie d’État, où il devient l’un des principaux collaborateurs du cardinal Angelo Sodano, puis du cardinal Tarcisio Bertone.
Pietro Parolin se distingue notamment par ses qualités de négociateur et sa connaissance fine des enjeux géopolitiques. Il joue un rôle clé dans les relations entre le Saint-Siège et des pays sensibles comme le Vietnam et la Chine, ainsi que dans les dossiers liés au Moyen-Orient. Cet Italien à la voix douce et à la silhouette légèrement voûtée connaît les arcanes de la Curie, l'administration centrale de l'Église. De 2002 à 2009, il est sous-secrétaire de la Section pour les relations avec les États.
En 2013, le pape François le nomme secrétaire d'État du Vatican, une fonction comparable à celle d'un Premier ministre. À ce titre, il est chargé de la gestion des affaires internes de l'Église, ainsi que de sa politique étrangère. Fin connaisseur des dossiers, ce diplomate chevronné a joué un rôle clé dans l'accord signé en 2018 avec la Chine sur la nomination des évêques. Il s'est également exprimé sur les grands enjeux internationaux, notamment lors de conférences sur le conflit israélo-palestinien, le changement climatique ou encore la lutte contre le trafic d'êtres humains, comme le souligne le New York Times.
Partisan d’une diplomatie basée sur le dialogue, la médiation, et la promotion de la paix, Pietro Parolin incarne une ligne équilibrée entre fidélité à la doctrine catholique et ouverture aux réalités du monde contemporain. Il accompagnait régulièrement le pape François dans ses déplacements et intervenait souvent à ses côtés dans les instances internationales pour promouvoir les droits humains.
Souvent perçu comme une figure modérée au sein de l'Église, Pietro Parolin refuse les étiquettes politiques. "Ni de gauche, ni de droite", d'après The Independent, il incarne plutôt une ligne équilibrée, marquée par le pragmatisme diplomatique et la paix. Un positionnement qui pourrait peser dans un monde en proie à de nombreuses tensions géopolitiques. Certains observateurs, cités par la BBC, estiment toutefois que certains cardinaux craignent qu'il privilégie le dialogue diplomatique au détriment du dogme catholique. Ce que ses partisans considèrent comme une force, ses détracteurs y voient une faiblesse.
19:01 - Une vocation dès le plus jeune âge
Dès ses 14 ans, Pietro Parolin a commencé ses études au séminaire diocésain de Vicence. A 25 ans, il est ordonné prêtre. Il est ensuite devenu vicaire à la paroisse de Schio. Il a ensuite intégré l'Académie pontificale ecclésiastique qui forme les diplomates du Vatican. A 31 ans, il a rejoint les services diplomatiques du Saint-Siège, ce qui le mène au Nigeria et au Mexique. Il est ensuite passé par les services des relations avec les Etats au Vatican, avant de commencer à se hisser dans les plus hauts rangs.
18:53 - Pietro Parolin, l'héritier naturel du pape François ?
Pietro Parolin fait partie des rares prélats de haut rang qui sont restés en fonction pendant quasiment tout le pontificat de François. Son travail a été reconnu à de nombreuses reprises par le pape défunt. Il l'a confirmé au Conseil des cardinaux en 2014. Parolin apparait comme l'héritier naturel du pape François, capable de poursuivre ses réformes, mais avec un style qui apparaitrait plus mesuré et sobre.
18:30 - ChatGPT parie sur Pietro Parolin pour la succession du pape
Interrogé par Tech&Co, ChatGPT estime que le cardinal italien Pietro Parolin a 27,6 % de chances de devenir le prochain pape. Pour établir ce pronostic, le modèle o3 d’OpenAI, réputé pour son raisonnement avancé, a été utilisé, en excluant toute source médiatique afin de garantir une analyse neutre, rapporte BFTMTV. L’intelligence artificielle s’est appuyé sur cinq critères notés sur 5 : la sociologie du collège électoral, la volonté d’une continuité ou d’une rupture avec l’ancien souverain pontife, la gouvernance et la diplomatie, l’âge et la santé et enfin l’acceptabilité idéologique (capacité d’un futur pape à séduire plusieurs courants). Ces résultats sont ensuite pondérés selon un modèle interne qui tient compte des différences idéologiques dans l’Église. Pietro Parolin arrive en tête grâce à son profil modéré, son expérience diplomatique et le soutien d’électeurs européens et du Sud. Il incarne, selon ChatGPT, une transition douce et sans rupture : “Sa longue pratique diplomatique rassure ceux qui veulent des réformes de la Curie sans bouleversement". Le conclave, qui débutera le 7 mai prochain, dira si l’IA a vu juste.
16:30 - Pietro Parolin touché par les critiques
Certains cardinaux conservateurs se sont montrés critiques envers Parolin, notamment car il est le principal artisan d'un accord secret entre le Vatican et la Chine. Cette décision a donné aux autorités chinoises une certaine influence sur l'élection des évêques catholiques. Une autre critique concerne 140 millions de dollars perdue pour la Secrétairerie d'Etat, sous la direction de Parolin, suite à un investissement dans un bien immobilier londonien. Cela a donné lieu à un procès pour corruption au Vatican, pendant lequel le cardinal Angelo Becciu, l’un des principaux adjoints de Parolin, a été reconnu coupable de détournement de fonds et de fraude. Parolin a simplement témoigné au procès, ne figurant pas parmi les accusés.