Jean-Marie Le Pen : jaloux de sa fille Marine ?
Selon Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen est "une petite bourgeoise". Fort de café pour celui qui est son propre père et qui serait donc responsable de cette éducation "bourgeoise". Dans un entretien au Times publié ce vendredi, le président d'honneur du Front national se lâche contre sa fille. Selon lui, celle-ci a été élevée dans un environnement favorable tandis que lui est "un homme du peuple". "Je viens d'une famille de paysans et de pêcheurs. J'ai été officier dans un régiment de parachutistes, j'ai eu une vie virile, c'est le moins que l'on puisse dire", déclare le leader frontiste dans une interview étonnante. Le vieux briscard de 84 ans est-il en froid avec sa dauphine ou est-ce un trait d'humour dont il est habitué ? Difficile à dire pour le moment.
Reste que plusieurs déclarations montrent que la direction qu'a prise le FN ces dernières années ne semble pas être du goût de son fondateur. La "dédiabolisation" est par exemple évoquée avec une pointe de regret par celui qui se vante d'avoir été catalogué comme un "diable", "grossier" et "inquiétant" : "Tous ces courageux et dynamiques militants qui se sont fait remarquer parce qu'ils avaient le crâne rasé ont été écartés", lance-t-il faisant référence à la mise à l'écart des plus extrémistes des militants frontistes. Plus expéditif, il explique que si Marine Le Pen a mieux réussi que lui à la dernière présidentielle c'est parce que "c'est une femme"...
On le sait, Jean-Marie Le Pen n'a pas toujours cautionné le virage entamé par sa fille. Pendant la présidentielle, la presse a plusieurs fois rapporté que le vieux lion était "sous surveillance" voire "bâillonné" par le staff de sa fille. Le but : éviter les dérapages sur la guerre, la déportation, l'extrême droite dont il parle volontiers mais que Marine Le Pen a rayé du vocabulaire du FN. Juste après l'élection, il n'a pas hésité à s'afficher aux côtés des exclus du FN parmi lesquels d'ex-bras droits de Bruno Gollnisch, le rival de sa fille pour la tête du parti en janvier dernier. Plusieurs fois également, on a vu Jean-Marie Le Pen afficher des opinions aux antipodes de la nouvelle présidente du FN : il était par exemple contre le retour à la retraite à 60 ans et voulait débattre avec Jean-Luc Mélenchon, pour lui "enlever son caleçon". Chose que Marine Le Pen s'est toujours refusée.
Lors des législatives, Jean-Marie Le Pen avait ostensiblement soutenu sa petite-fille, Marion Maréchal-Le Pen, mais ne s'était pas déplacé à Hénin-Beaumont pour soutenir Marine Le Pen.