Martine Aubry : pourquoi est-elle mise en examen ?

Martine Aubry : pourquoi est-elle mise en examen ? L'ancienne haut fonctionnaire du ministère du Travail a été mise en examen pour "homicides involontaires" dans l'affaire de l'amiante. De quoi est soupçonnée Martine Aubry ?

Après près de huit heures d'audition dans le cadre de l'enquête sur le drame de l'amiante, Martine Aubry a été mise en examen pour "homicides involontaires" mardi 6 novembre par la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy. L'actuelle maire de Lille et ancienne patronne du parti socialiste voit son nom associé au scandale de l'amiante dans le cadre du poste qu'elle a occupé entre 1984 et 1987. Martine Aubry était alors haut fonctionnaire au ministère du Travail, plus précisément directrice des relations du travail. Face aux médias, l'élue, visiblement éprouvée, a tenu à se défendre après cette mise en examen (voir la vidéo ci-dessous) : "Mme Bertella-Geffroy a considéré qu'elle devait me mettre en examen pour mes fonctions de directeur des relations du Travail, il y a 25 ans, entre 1984 et 1987. J'ai pu lui exposer point par point, et d'ailleurs elle a souvent acté ces points, que j'avais toujours fait ce que j'avais à faire au regard des connaissances de l'époque notamment en matière de réglementations et de contrôles."

En fait, la juge Bertella-Geffroy estime que Martine Aubry n'aurait pas pris les mesures nécessaires pour protéger les travailleurs, dans le cadre de l'enquête sur l'exposition à l'amiante des salariés de l'usine Fereo-Valeo de Condé-sur-Noireau, dans le Calvados. Mise en cause que rejette formellement Martine Aubry. "Je crois que la justice fait fausse route en s'attaquant à ceux qui ont protégé les salariés et non pas à ceux qui les ont exposés. C'est pour cela que dès demain (ce mercredi 7 novembre, ndlr) mon avocat déposera une demande en annulation de cette mise en examen comme d'ailleurs d'autres fonctionnaires l'ont fait avant moi."
Précisément, la juge reproche à l'ancienne directrice des relations du travail de ne pas avoir transcrit suffisamment rapidement une directive européenne dans la législation française. Directive datée de 1983 et qui portait sur la protection des travailleurs exposés à l'amiante. En France, le décret n'a été signé que le 27 mars 1987. La maire de Lille avance de son côté que ce décret a été transmis "dans les délais", c'est-à-dire en novembre 1986, au ministre Philippe Séguin.

Martine Aubry compte donc demander, par la voix de Me Yves Baudelot, l'annulation de sa mise en examen : "Comment aurions-nous pu, nous, entre 1984 et 1987, puisque c'est un autre des griefs, interdire l'amiante alors qu'aucun pays au monde ne l'avait fait, alors qu'aucune alerte scientifique, aucun expert, aucun syndicat ne le demandait, et alors que la France ne l'a interdit que neuf ans plus tard et l'Europe 20 ans plus tard ?", a-t-elle argumenté face à la presse.

EN VIDEO – A la sortie du pôle santé publique du tribunal de grande instance de Paris, ce mardi 6 novembre, Martine Aubry a réagi devant les médias après sa mise en examen.

"Martine Aubry mise en examen pour homicides involontaires"