Sarkozy : peut-il sauver l'UMP ?
Nicolas Sarkozy sera-t-il l'homme providentiel qui viendra sauver l'UMP du chaos provoqué par l'élection contestée de dimanche 18 novembre ? Alors que le parti est dans l'impasse, que François Fillon et Jean-François Copé ne cachent plus leur animosité réciproque, l'ancien président pourrait être l'homme capable de remettre un peu d'ordre à l'UMP. Alain Juppé, qui était appelé par François Fillon à jouer les médiateurs, a jeté l'éponge après à peine une demi-heure de discussion entre les deux anciens candidats. Pour le maire de Bordeaux, que d'aucuns considéraient assez sage et respecté pour trouver un terrain d'entente, le seul désormais capable de mettre le parti dans le droit chemin s'appelle Nicolas Sarkozy : "Il apparaît clairement qu'il est le seul aujourd'hui à avoir l'autorité suffisante pour proposer éventuellement une sortie" a affirmé Alain Juppé sur RTL.
L'ancien président de la République sait que les dissensions à l'UMP pourraient conduire le parti à un schisme et se révéler catastrophiques. D'abord pour la force d'opposition que constitue le parti et le rôle qu'il doit assumer dans les prochaines années, mais aussi pour lui-même, qui serait accusé d'avoir laisser sombrer le navire une fois son départ acté de la vie politique. Sans parler d'un éventuel retour, plus que contrarié si le parti s'écharpe... Ses proches ont fait savoir, prudemment, qu'il était "favorable à toute initiative qui peut permettre de régler la situation".
Comment Nicolas Sarkozy peut-il donc intervenir ? D'abord auprès de François Fillon, avec qui il a déjeuné ce lundi. L'ancien président avait convenu ce rendez-vous de longue date, mais les axes de la conversation n'ont pu que s'articuler autour du chaos actuel, que l'ancien Premier ministre a contribué à semer. Nicolas Sarkozy doit convaincre François Fillon de ne surtout pas porter les querelles - encore internes - devant la justice, ce qu'entend clairement faire l'ancien occupant de Matignon. Cela serait, aux yeux de l'ancien président, un risque considérable de voir l'UMP exploser, comme le lui a sans doute déjà confié Alain Juppé. Les deux hommes, qui s'entretiennent régulièrement an téléphone, partagent sur ce point la même analyse.
François Fillon devrait écouter avec attention Nicolas Sarkozy. S'il n'est pas son "mentor', il demeure toutefois le seul soutien de poids qui pourrait faire pencher la balance de son côté. Il sait que sa parole sera attentivement écoutée à l'UMP et qu'apparaître auprès de lui sera décisif. François Fillon devra probablement courber l'échine et supporter les dures critiques de Nicolas Sarkozy, qui ne comprend pas, selon son entourage, comment il a pu récolter si peu de voix sur son nom, lui, l'ancien Premier ministre dont on assurait tant la carrure d'homme d'Etat, et qui aujourd'hui se livre à une guerre de chefs et parle de sa famille politique comme d'une "mafia".
Nicolas Sarkozy devra aussi intervenir auprès de Jean-François Copé, lui qui a plusieurs fois déclaré qu'il lui cèderait la place du meneur s'il se sentait prêt à revenir jouer les premiers rôles. L'ancien Président ne devrait donc pas se gêner pour contester, d'une manière ou d'une autre, son attitude excessive, qui ressemble à un "putsch" selon les mots d'un des proches de l'ancien Président. D'autre part, si Jean-François Copé ne cède pas d'un pouce et s'accroche à ses positions dès aujourd'hui, sera-t-il possible de le détourner de ses ambitions présidentielles en 2017 ?
La position que devrait adopter Nicolas Sarkozy devrait ainsi être double : se montrer prudent et agir sans avoir à se compromettre dans le camp des fillonistes et dans celui des copéistes. Appeler au rassemblement, calmer le jeu auprès des lieutenants des deux adversaires devenus clairement ennemis. Lui-même, n'a-t-il pas longuement souffert de la rupture entre Jaques Chirac et Edouard Balladur ? Enfin, et c'est peut-être la solution pour mettre efficacement un terme à cette lutte intestine, appeler officiellement à un nouveau vote des militants. Une position que personne, même Jean-François Copé, qui s'est clairement dit opposé à une telle possibilité, ne pourrait probablement plus contrarier.
EN VIDEO : Pour Jean-François Copé, un nouveau vote des militants ne serait, à l'heure actuelle, "pas responsable" :