Marine Le Pen a-t-elle perdu la main ?
[Mis à jour le 24 janvier 2013 à 10h23] Marine Le Pen connaît en ce moment des tensions au sein du Front national. En cause notamment, son positionnement sur la réforme du mariage pour tous. Si la présidente du FN se déclare contre le mariage et l'adoption par les couples de même sexe, elle ne s'est pas pour autant rendue à la manifestation du 13 janvier dernier alors qu'une délégation de son parti était présente. Marine Le Pen a même refusé d'appeler à manifester, un engagement minimum sur cette question qui n'a pas plu à tous les dirigeants du parti. Certains sont allés manifester quand même, mais à titre individuel. Dans cette affaire, certaines figures du parti ont pu regretter que la présidente du parti d'extrême droite laisse le champ libre à l'UMP Jean-François Copé dans le cortège et face aux caméras. Parmi les manifestants le 13 janvier, Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen avaient fait le déplacement, tout comme Steeve Briois, secrétaire général du parti et même Louis Aliot, le compagnon de Marine Le Pen. Pour justifier son absence, la députée européenne a expliqué que ce projet de loi était un "leurre pour ne pas parler des problèmes économiques et sociaux du pays". Mais, selon le magazine d'extrême droite Minute, la patronne du FN serait en fait sous l'influence d'un "lobby gay". Rumeur démentie par l'intéressée : "c'est bien mal me connaître car je suis imperméable à l'influence de tout lobby et d'autant plus lorsque celui-ci n'existe pas". Selon Christine Boutin, interviewée dans le talk Orange- Le Figaro, le FN serait aujourd'hui tiraillé entre ce "lobby gay" et une composante plus "catholique" de son électorat. Le projet de loi sur le mariage pour tous pourrait-il diviser durablement le parti ? Les stratégies sont divergentes mais, sur le fond, toutes les personnalités de premier plan affirment être opposées à ce projet de loi.
Ces temps-ci, la place de Florian Philippot, cet énarque devenu vice-président du Front national, fait débat. Marine Le Pen est-elle de plus en plus influencée par ce jeune politicien de 31 ans ? Cet homme fort du parti n'est pas forcément apprécié de tous. A BFM TV, un "frontiste de la première heure" a confié son agacement : "On ne voit plus que lui !" Pour Marine Le Pen, cet agacement n'est pas une surprise : "Florian est monté rapidement au Front national. Est-ce que cela fait quelques jaloux ? Il en est ainsi dans toutes les structures humaines". Dans le Journal du dimanche, Bruno Gollnisch voudrait tempérer l'influence du jeune homme, après la visite de ce dernier sur la tombe de Charles de Gaulle : "Je souhaiterais que le gaullisme de Philippot soit discret et qu'on n'en fasse pas un élément de doctrine". La branche traditionnaliste du FN ne voit en tout cas pas d'un bon oeil l'ascension de Florian Philippot, qui a ses entrées auprès de la patronne du parti.
Outre la réforme sociétale du mariage pour tous, Marine Le Pen a pu voir sa position sur l'intervention militaire française au Mali critiquée en interne. La présidente du FN a ainsi soutenu la décision de François Hollande de déployer les forces françaises dans ce pays d'Afrique de l'ouest. Un engagement qu'elle qualifie de "légitime", positionnement confirmé par Steeve Briois. Les deux affirmant cependant que cette intervention est la "conséquence de choix stratégiques adoptés en Libye et en Syrie, aux conséquences aujourd'hui dramatiques". Sur France Info, Marine Le Pen a ainsi martelé : "En réalité, l'armée française est en train de réparer aujourd'hui au Mali les conséquences de fautes politiques et géostratégiques majeures de la part de nos dirigeants tant sous le règne de Nicolas Sarkozy que sous celui de François Hollande puisque UMP et PS étaient d'accord pour mener la guerre en Libye et en Syrie." Mais, si les critiques contre l'UMP et le PS tempèrent le discours de la patronne du FN, son soutien à l'intervention au Mali n'est pas du goût de tous, dans les rangs des militants, mais sans doute aussi pour Bruno Gollnisch. L'eurodéputé frontiste a ainsi plaidé pour "constituer des bataillons de jeunes Maliens vivants en France" pour remplacer les militaires français envoyés sur le terrain. "Cette proposition peut choquer mais permettrait à la France d'être en retrait de ce conflit afin que les Africains se défendent par eux-mêmes". Bruno Gollnisch, qui affirme ne pas condamner l'intervention française au Mali, se démarque ici une nouvelle fois de la ligne de Marine Le Pen avec ces propos, qualifiés de "dérapage" par de nombreux commentateurs. Déjà lors de la manifestation contre le mariage pour tous, Bruno Gollnisch avait convié Nick Griffin, leader du British National Party, parti d'extrême droite outre-Manche, alors que Marine Le Pen a clairement pris ses distances avec cet élu.
EN VIDEO – Marine Le Pen a décidé de ne pas se rendre à la manifestation contre le mariage pour tous du dimanche 13 janvier 2013.