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Nicolas Sarkozy "proaméricain", "susceptible" et "imprévisible", Bernard Kouchner vu comme un ministre de second plan, des diplomates inquiets à propos de l'Iran et de ses protecteurs russes et chinois, des Français gênés sur l'adhésion de la Turquie à l'UE ou sur l'Afghanistan... Les télégrammes révélés par WikiLeaks ne font que confirmer ce qu'on connaissait déjà de la diplomatie française. Mais jamais les choses n'auront été dites aussi clairement, voire crument, et avec autant de détails. C'est le bilan que l'on peut d'ailleurs tirer globalement du "cable gate" initié par WikiLeaks avec cinq grands journaux dans le monde : le New York Times aux Etats-Unis, le Guardian en Angleterre, Der Spiegel en Allemagne, El Pais en Espagne et Le Monde en France. Des documents sont encore en cours de publication à l'heure de boucler ce dossier. Bien d'autres révélations pourraient encore concerner la France ou Nicolas Sarkozy dans les prochains jours.

9 000 extrémistes en France

Parmi les autres "fuites" déjà rendues publiques et en lien avec la France, certaines donnent des informations précieuses sur les échecs de Nicolas Sarkozy au Moyen-Orient, sur la minimisation, par les Américains, de la médiation de l'Elysée en Géorgie, sur la crainte française d'une "panne énergétique" en Russie, sur les critiques acerbes de Paris contre la Serbie dans le dossier du Kosovo, ou encore sur l'utilisation de l'UE comme d'une "carotte" pour la Bosnie (une adhésion étant promise à ce pays en contrepartie d'une normalisation politique). On en apprend aussi sur les conditions qui ont amené Paris à accueillir d'anciens détenus de Guantanamo.

Sur le sol français, les diplomates américains ont précisément analysé les émeutes de 2005, qu'ils attribuent à l'échec de l'intégration des minorités ethniques et religieuses. Ils s'intéressent d'ailleurs beaucoup à l'Islam en France et aux notes des RG qui estiment à 6 millions le nombre de musulmans dans l'Hexagone, dont 9 000 extrémistes. Ils sont également admiratifs de l'efficacité de la France en matière de lutte antiterroriste. D'un point de vue plus politique, la stratégie de Nicolas Sarkozy pour 2007 et sa vision d'une république "hyper-présidentielle" seront décortiquées dès 2005. La gauche n'est pas oubliée. Une note de 2006 estime notamment que DSK "manque du feu sacré" pour la présidentielle, même s'il semble "le plus capable et le plus qualifié des socialistes". Dans un entretien, celui qui deviendra le patron du FMI qualifie la popularité de Ségolène Royal "d'hallucination collective".

L'Iran omniprésent

Plusieurs télégrammes concernent plus particulièrement les relations entre la France et l'Iran. En 2007, un diplomate iranien appelait par exemple Nicolas Sarkozy à devenir un allié contre les Etats-Unis. Une requête cocasse qui a fait long feu, mais n'a pas empêché la France de jouer un rôle particulier dans les tractations avec Téhéran. Une note évoque également l'embarras de nombreux diplomates après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en 2009 et l'organisation, dans le plus grand secret, du boycott de son investiture. Une autre détaille par le menu la stratégie adoptée par la France pour la libération de Clotilde Reiss. Une dernière raconte comment Total a dû défendre, face aux Américains, ses investissements en Iran...

Une vision globale de la diplomatie française

Une poignée de notes donne enfin les grandes lignes de la stratégie diplomatique de Nicolas Sarkozy telle qu'elle est perçue par les Américains. Parmi les priorités affichées, refaire de la France un leader de l'UE avec le traité européen et maintenir l'influence de Paris en Afrique tout en redistribuant nos forces au Moyen-Orient, notamment avec une base militaire aux Emirats Arabes Unis. Le chef de l'Etat reste aussi très attaché au "bloc occidental" hérité de la guerre froide, ce qui fait de lui, selon les les diplomates, le premier président "non-gaulliste" depuis la seconde guerre mondiale et l'un des seuls à ne pas voir la France comme "totalement indépendante". Par ailleurs, Nicolas Sarkozy préfèrerait dialoguer et utiliser la stratégie de la carotte avec des "mauvais garçons" comme Chavez ou Kadhafi plutôt que l'inaction. Enfin, le dialogue avec l'Islam et le changement climatique feraient partie de ses priorités.

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