Nicolas Sarkozy : les secrets de son audition dans l'affaire Bettencourt

Nicolas Sarkozy : les secrets de son audition dans l'affaire Bettencourt Nicolas Sarkozy, accusé d'abus de faiblesse dans le cadre de l'affaire Bettencourt, à été entendu le 21 mars au Tribunal de Bordeaux. Une audience dévoilée par Vanity Fair en intégralité.

Nicolas Sarkozy a-t-il "abusé" de Liliane Bettencourt pour qu'elle l'aide à financer sa campagne de 2007 ? L'ancien chef de l'Etat, mis en examen pour "abus de faiblesse" dans le cadre de l'affaire Bettencourt, a tenté de prouver le contraire lors d'une audition le 21 mars dernier, pendant laquelle il a été confronté au personnel de la milliardaire. Une audition dont le nouveau magazine Vanity Fair publie l'intégralité des échanges.

"Je vais essayer de vous démontrer par les faits qu'il n'y a eu qu'un seul rendez-vous", commence Nicolas Sarkozy qui poursuit : "S'il y en avait eu d'autres, je vous le dirais !" Ces mots, il les a prononcés au Tribunal de Grande Instance de Bordeaux alors qu'il était opposé, pendant une journée entière, aux employés de la maison Bettencourt. Dans la pièce, Nicolas Sarkozy et le juge Gentil bien sûr, mais aussi l'avocat de l'homme politique Maitre Thierry Herzog et quatre membres du personnel de la femme la plus riche de France.

"On ne peut pas parler de politique avec elle"

Pour les juges, qui se sont saisis des agendas personnels de Nicolas Sarkozy, le doute plane : le candidat et futur vainqueur de la présidentielle a-t-il rendu visite au couple à une ou à deux reprises, le 10 février 2007 et le 24 février 2007 ? Selon Nicolas Sarkozy, un seul entretien a eu lieu, en février 2007, dans le but de s'entretenir avec André Bettencourt. S'il s'était montré un mois plus tôt, les employés de maison s'en souviendraient selon lui. "Le 24 (février), tout le monde m'a vu. En revanche, si j'étais venu avant, personne ne m'aurait vu ?", s'interroge-t-il faussement comme pour inverser la charge de la preuve. "Le 24, ils sont impressionnés de me voir, imaginons le choc au premier rendez-vous s'il avait eu lieu, il est forcément plus grand qu'au second"...

Autre argument de Nicolas Sarkozy : une conversation politique avec Liliane Bettencourt, déjà très âgée à l'époque, ne pouvait être que futile. "Je peux vous raconter une anecdote à propos d'un repas au domicile des Bettencourt avec mon ex épouse Cécilia, et je crois que c'était avant que je ne sois ministre de l'Intérieur. Il y avait une dizaine de personnes et Mme Liliane Bettencourt me raconte qu'elle va partir avec André aux Seychelles, qu'elle aime nager. Et je lui dis que moi aussi, j'aime beaucoup nager. Et là, elle dit en s'adressant à André (son mari, décédé en 2007 - NDLR) qu'il faut resservir le maire, Nicolas Sarkozy, qui "aime beaucoup manger". Pour vous dire qu'on ne peut pas parler de politique avec elle."

Le col roulé de Nicolas Sarkozy

Quatre témoins ont été appelés à donner leur version des faits : Dominique Gaspard, ancienne femme de chambre de Liliane Bettencourt, Bruno Lantuas, maître d'hôtel, Henriette Youpatchou, infirmière et Pascal Bonnefoy, gérant de société du couple Bettencourt. Leurs emplois du temps, méticuleusement examinés par les enquêteurs, ont fait l'objet de plusieurs interrogations des juges. Entre "pouvez vous nous précisez quels étaient vos horaires de travail ?" et "quels étaient vos week-ends de présence au domicile des Bettencourt ?", leurs activités de 2007 ont été passées au peigne fin.

Tous sont unanimes : Monsieur Sarkozy ne se serait présenté qu'une fois, le 24 février. Tous, ou presque. Pascal Bonnefoy, lui, soutient l'avoir vu le 10 février et témoigne même de sa tenue vestimentaire, un col roulé. Ce détail important semblerait concorder avec la description faite par Nicolas Sarkozy de sa tenue et des rendez-vous auxquels il s'est présenté le même jour.

Les employés des Bettencourt s'embrouillent

Mais certains faits ne s'accordent pas. Henriette Youpatchou, qui affirme n'avoir vu l'ancien président qu'une fois explique en avoir discuté avec Pascal Bonnefoy après avoir découvert la mention "Monsieur Nicolas" sur le planning du couple. Elle explique : "C'est Pascal Bonnefoy qui m'a répondu en me disant qu'il ne s'agissait pas du petit fils de Mme Liliane Bettencourt mais du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy. J'ai dit que j'aurais bien aimé prendre une photo mais il m'a dit que ce n'était pas possible parce que les téléphones étaient brouillés et qu'il y avait des tireurs d'élite sur les toits. Il a dit ça en rigolant". Tandis que Youpatchou affirme en avoir plaisanté avec Bonnefoy, ce dernier réfute totalement ses propos.

"Je trouve normal qu'on m'interroge"

En bon avocat de profession, Nicolas Sarkozy a sorti ses plus beaux arguments pour clamer son innocence. Il explique même "je trouve normal qu'on m'interroge là-dessus, mais je ne peux pas en faire plus !" A la suite de ces auditions, le juge Gentil a déclaré "nous notifions à la personne qu'elle est désormais mise en examen pour les faits qui lui ont été notifiés d'abus de faiblesse au préjudice de Liliane Bettencourt". Une mise en examen qui a provoqué les débats que l'on sait dans le monde politique.

 EN VIDÉO - Mis en examen, Nicolas Sarkozy dénonce un "traitement scandaleux". 

"Nicolas Sarkozy, mis en examen, dénonce un "traitement scandaleux""