Jacques Chirac : la mort politique ?

Jacques Chirac : la mort politique ? Jacques Chirac fait la une de VSD cette semaine. Le motif : son "divorce" avec Bernadette Chirac sur le cas Sarkozy. La fin d'une séquence médiatique qui acte la mort politique de l'ancien chef de l'Etat.

Depuis sa retraite du pouvoir en 2007, on connaissait les ennuis de santé de Jacques Chirac. Mais d'aucuns prêtaient encore à l'ancien président de la République une capacité d'analyse politique qui en fit l'un des meilleurs de sa génération. D'autres lui accordaient un pouvoir d'influer encore sur la destinée de son parti voire du pays. On se souvient notamment de la déclaration impromptue de l'ancien chef de l'Etat en Corrèze en 2011, quand Jacques Chirac annonçait qu'il allait "voter Hollande" à l'élection présidentielle. Un soutien qui aurait pu, selon certains, faire pencher la balance en faveur du candidat socialiste dans sa course à l'Elysée face à Nicolas Sarkozy. Mais malgré une longévité impressionnante, Jacques Chirac arrive aujourd'hui au terme de son parcours politique.

Certes on connaissait les ennuis de santé de Jacques Chirac, son "anosognosie" et les suites de son AVC de 2005. Certes on voyait de moins en moins l'ancien chef de l'Etat dans les médias, si ce n'est sur des photographies d'un homme affaibli, prises lors de vacances à Dinard ou à Saint-Tropez. Certes Jacques Chirac a déjà plusieurs fois été hospitalisé ces derniers mois. Certes le patriarche semblait, politiquement, de plus en plus réduit au silence, sa parole étant continuellement disputée et déformée par sa femme Bernadette et sa fille Claude. Mais cette fois, il semble bien que l'on assiste à la mort politique définitive de celui qui aura marqué 50 ans de vie politique.

Une interview bidon pour un soutien sincère ?

Le soutien de Jacques Chirac à Alain Juppé pour la présidentielle 2017 dans les pages du Figaro, au tout début du mois d'octobre, est un leurre. Alors que l'entretien accordé au quotidien semble démontrer une volonté de peser sur le débat politique, il reflète au contraire de manière flagrante l'instrumentalisation de l'ancien président dans la guerre que se livrent Bernadette Chirac (qui soutient Nicolas Sarkozy) et Claude Chirac (qui le déteste). Pire : l'incapacité du chef de l'Etat à exprimer librement et clairement sa pensée est désormais manifeste. En 2011, Jacques Chirac s'était contenté d'un tonitruant "Moi, je vote Hollande !", ajoutant "sauf si Juppé se présente. J'aime bien Juppé !". Aujourd'hui, le propos est visiblement encadré, enjolivé, réécrit voire totalement formulé par d'autres : "J'ai toujours su qu'Alain Juppé serait au rendez-vous de son destin et de celui de la France. Peu de choses pouvaient me faire plus plaisir, pour moi-même, pour lui et surtout pour notre pays", était-il ainsi écrit dans le Figaro. Pire : à 81 ans, Jacques Chirac (ou ceux qui auront rédigé son texte) affirme que s'il "en avait l'énergie, [il aurait] déjà réservé [s]a place, même une petite" au sein du QG d'Alain Juppé. L'aveu que le Corrézien ne peut plus s'occuper de politique, aussi infime soit sa tâche.

La Une de VSD ce vendredi vient enfoncer un peu plus le clou. La couverture du magazine people, s'intéresse ainsi plus aux déboires de couples de Jacques Chirac qu'à sa prise de position politique. "Le divorce" avec Bernadette, fervente supportrice de Nicolas Sarkozy, fait désormais parler et sourire, réduisant l'intervention de Jacques Chirac en faveur d'Alain Juppé à un épisode supplémentaire d'un vaudeville auquel les Français se sont désormais habitués. Vaudeville dans lequel Jacques Chirac n'est plus l'ancien chef de l'Etat qui a gouverné la France pendant douze années, mais le grand-père sympathique et un brin gâteux qui sourit quand son épouse fait les gros yeux.