Michel Guiniot : dans l'Oise, le FN "va décoiffer"
Michel Guiniot est un homme heureux. Au téléphone, ce vendredi midi, son sourire est perceptible. Les bons mots fusent. La conversation se veut détendue. "Je ne 'mythonne' pas les journalistes", assure-t-il. Pourquoi mentir ? Le chef de file du FN dans l'Oise a largement de quoi être serein : son parti arrive en tête, pour le premier tour, de tous les sondages sur les élections départementales, prévues les 22 et 29 mars. Et l'Oise, avec l'Aisne, le Var et le Vaucluse, fait même partie des départements qui pourraient tomber dans les mains du parti frontiste. "Notre objectif ? Faire le meilleur résultat possible", plaisante celui qui fait partie de la boutique frontiste depuis vingt-cinq ans, et lui même candidat à Noyon. "Evidemment, on veut gagner, poursuit-il. Aux élections européennes, on avait fait entre 40 et 45 % dans 10 cantons, et entre 35 et 40 % dans 8, donc c'est plutôt bon signe..." Doux euphémisme : sachant que l'Oise compte 21 cantons, il "suffit" au FN d'en gagner 11 pour décrocher le département. Et même s'il n'y parvient pas, il aura à coup sûr le rôle d'arbitre, notamment au "3e tour", lorsqu'il s'agira d'élire le président du conseil départemental.
Pour ces élections départementales dans l'Oise, le FN a en plus bénéficié d'un redécoupage favorable. L'élargissement de la surface de chaque canton injecte davantage de ruralité, traditionnellement acquise au parti. Mécaniquement, les personnalités bien ancrées dans une zone voient leur influence diluée au sein d'un ensemble plus vaste. "Forcément, ça nous a aidé car on souffrait d'un déficit d'image, maintenant ça s'équilibre", reconnaît Michel Guiniot. Autre motif de satisfaction : les ralliements de plusieurs cadres UMP pour le FN. Symbole de cette grande migration : Sébastien Chenu, ancien secrétaire national de l'UMP, rallié au FN en 2014 et candidat à Beauvais.
"Y a qu'à voir la gueule de nos adversaires. J'ai l'impression qu'ils bossent pour les pompes funèbres !"
Même si le festin sent plutôt bon, "ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué", tempère Michel Guiniot. Quand on parle d'ours en perdition, on pense bien sûr au PS. Le Parti socialiste, qui règne sur l'Oise, subit de plein fouet le désamour de l'exécutif à l'échelle nationale. "Je ne vois pas la gauche conserver le département", s'avance, sans trop prend de risques pour le coup, Michel Guiniot. Au petit jeu des prédictions, il prévoit également, pour ces départementales, "un second tremblement de terre, après celui des Européennes [le FN était devenu le premier parti de France, ndlr], et en attendant un tsunami pour les régionales".
Rien ne semble pouvoir arrêter la percée frontiste. Pas même les nombreux dérapages de plusieurs candidats FN, coupables d'avoir tenu sur les réseaux sociaux des propos, au choix, racistes/homophobes/antisémites. Des incidents que Michel Guiniot, chargé, à ses heures perdues, de former les nouvelles recrues, balaie d'un revers de main. "Je condamne fermement ces propos, il faut punir les gens qui les ont tenus. Mais des zozos, y en partout. Et je suis sûr que si on fouillait sur les blogs des candidats du Front de gauche, on trouverait également de sacrées perles !"
Celui qui affichait au début de l'entretien "un optimisme raisonnable", laisse paraître, au fil de la conversation, une confiance plus large. "Franchement, au soir du premier tour, je pense que ça va décoiffer ! Y a qu'à voir la gueule de nos adversaires. J'ai l'impression qu'ils bossent pour les pompes funèbres ! Ça aussi, c'est un signal !"