Défaite, déroute ou raclée pour le PS ?

Défaite, déroute ou raclée pour le PS ? Le Parti socialiste s'attend à perdre de nombreux cantons. Ce dimanche, l'ampleur de sa défaite sera très commentée. En fonction du nombre de candidats éliminés, les réactions de l'exécutif seront bien différentes.

[Mise à jour le 20 mars à 15h49] Après la perte de nombreux élus de terrain aux municipales de mars dernier, dont certains dans des villes d'importance, le Parti socialiste a des raisons bien légitimes de s'inquiéter des résultats des élections départementales, qui s'annoncent très mauvais. La faute à plusieurs éléments concordants. Le premier est clairement extérieur au PS. Le nouveau mode de scrutin a introduit en 2010 une règle très contraignante pour se qualifier au second tour : atteindre, pour les candidats arrivés en troisième position, 12,5 % des voix des inscrits. Un seuil quasiment inaccesssible en cas de forte abstention. Second élément, qui pèse sur les candidats locaux : l'impopularité du gouvernement, qui n'a cessé de progresser en trois ans, même auprès des électeurs de gauche. Enfin, troisième élément, dont la responsabilité incombe aux états-majors du PS et des autres partis de gauche : l'incapacité des socialistes de convaincre, si ce n'est dans 20 % des cantons, de rassembler son camp et de faire candidatures communes avec ses alliés communistes, écologistes, voire du Parti de gauche pour ces élections départementales.

Plus que 24 départements pour le PS ?

Rue de Solférino, on a commencé à faire les comptes, comme le rapporte Le Canard Enchaîné. Le PS estimerait à 24 le nombre de départements qui devraient garder un président socialiste, soit une perte de 26 conseils départementaux. Quant aux départements dirigés par d'autres formations de gauche, les "divers", radicaux ou communistes, il ne pourrait en rester que 3 ou 4. En raisonnant en nombre de cantons, les socialistes ont aussi fait leurs calculs : 1300 à 1400 devrait être contrôlés par la droite à l'issue du scrutin départemental, 700 pourraient rester aux mains de la gauche.

Si le PS anticipe la défaite, qui paraît structurellement inévitable au vu du nombre de départements aux mains des socialistes (une soixantaine jusqu'à dimanche prochain), son ampleur pourrait avoir des conséquences sur l'avenir. Si la gauche conserve une quarantaine de départements, les socialistes parleront de déconvenue, de retour à l'équilibre, assez naturel, d'autant que toujours lors de ce genre de scrutin, il existe une prime à l'opposition. Si la gauche ne garde qu'une trentaine de départements, il faudra parler de déroute, tant l'assise locale de la gauche sera affectée. A quelques mois de régionales, se retrouver avec un réseau d'élus locaux aussi affaibli serait un vrai problème pour les socialistes, et un vrai handicap pour préparer 2017. Enfin, si la gauche perd plus de 35 conseils départementaux, il s'agira bien d'une raclée. Les Français attendront probablement une réponse de la part de l'exécutif, tant la campagne a été nationalisée. Faudra-t-il s'attendre à un remaniement ? Si aujourd'hui l'hypothèse est publiquement écartée, la rumeur circule dans la presse.

Reste peut-être un unique motif de satisfaction pour François Hollande, qui pourrait au moins dégager quelque chose de positif de cette déroute : une sévère défaite de la gauche pourrait encourager tous les partis traditionnellement proches ou alliés du parti socilaliste à faire front commun lors des prochaines élections, compte tenu de la montée du Front national et face à la menace, de plus en plus concrète, de la relégation - voire la disparition - d'une gauche fragmentée sur la scène politique, dès 2017.

EN VIDEO - Manuel Valls s'est personnellement investi dans la campagne :

"Départementales : Valls en campagne"