Marion Maréchal-Le Pen : un rôle crucial dans la mise à mort de Jean-Marie Le Pen

Marion Maréchal-Le Pen : un rôle crucial dans la mise à mort de Jean-Marie Le Pen Alors qu'elle incarne une sorte de liaison entre la ligne de Marine Le Pen et l'ancienne matrice idéologique de son grand-père, Marion Maréchal-Le Pen est désormais dans l'embarras. Car la figure montante du Vaucluse a des clés en mains, qui manquent à Marine Le Pen.

[Mis à jour le 9 avril à 15h43] Alors que le Front national ne parle que de ça, qu'il est animé par un profond débat sur l'exclusion ou non de Jean-Marie Le Pen, la figure montante du parti, Marion Maréchal-Le Pen, elle, se réfugie dans le silence. La jeune députée du Vaucluse s'est contentée d'assurer qu'elle était bien sur la ligne de la présidente du FN, sans en ajouter. Ne pas participer au lynchage, ne pas enterrer trop tôt le fondateur du parti. Son silence sur le sujet est ainsi très lourd de sens, tant ses efforts pour l'évacuer sont manifestes. La jeune élue préfère parler "salles de shoot" ou "domaines de surveillance" en mettant en avant son travail de parlementaire. Hier, elle posait une question au ministre de l'Intérieur sur le projet de loi sur le renseignement. Toujours pas de prise de position officielle contre son grand-père.

Déjà, après l'interview de Jean-Marie le Pen sur BFM TV, dans laquelle il s'épanchait à nouveau sur les chambres à gaz, elle avait tardé à condamner ses propos. Et de le faire, finalement, d'une manière alambiquée : "Je suis en désaccord sur le fond et je ne peux soutenir de tels propos car même le plus fier et le plus sage des hommes politiques tire bien peu de gloire à s’installer dans sa vérité et à l’asséner comme une certitude sans tenir compte des conséquences", disait-elle auprès des journalistes de Valeurs Actuelles.

Le coup de grâce de Marion Maréchal Le Pen ?

Aujourd'hui au banc du parti qu'il a fondé, Jean-Marie Le Pen ne compte plus que très peu de soutiens de poids, de ceux qui lui permettraient de conserver un rôle dans l'appareil frontiste. Son investiture dans la région PACA pour les régionales lui sera retirée, Marine Le Pen est prête à lui opposer un candidat investi officiellement par le FN s'il persiste à se présenter. Et si c'était Marion Maréchal-Le Pen qui le remplaçait ? Plus qu'un affront, cela constituerait une mise à mort politique, orchestrée par la présidente du parti, exécutée par la petite-fille Le Pen, elle qui a été lancée en politique par son grand-père. La jeune femme ne semble pas, pour l'instant, disposée à tuer politiquement le patriarche. Stéphane Ravier, sénateur de Marseille, est lui prêt à assumer l'investiture.

Quoi qu'il en soit, le rôle de Marion Maréchal-Le Pen sera crucial dans la manière dont le Front national va exclure son leader historique. Parce qu'elle est très proche de lui, parce qu'elle incarne, aujourd'hui plus que jamais, un frontisme radical, conservateur, peu enclin à couper tous les ponts avec l'arrière garde idéologique du parti. Mais aussi parce que l'avenir du parti s'articule autour de la dédiabolisation, du patriotisme économique qui a rompu avec le libéralisme assumé du FN dans années 1980, et qu'il ne deviendra un potentiel parti de gouvernement que s'il écarte les vieilles rangaines nauséabondes. Ça, Marion Maréchal-Le Pen le sait et lorsqu'elle s'affranchira totalement de la ligne de son grand-père, elle entraînera avec elle des convaincus de la ligne historique, qui se seront résignés.

L'aristocratie Le Pen en question

"Cela va évidemment paraître très prétentieux, mais des gens ont déjà évoqué devant moi une 'aristocratie' Le Pen" aurait déclaré la jeune femme auprès de ses proches selon un journaliste de L'Express, qui assure qu'elle y croit dur comme fer. De fait, si la jeune députée fait aujourd'hui de la politique, c'est parce que son grand-père l'y a encouragée, alors qu'elle n'y était pas vraiment disposée à suivre cette voie. Le patriarche l'a d'ailleurs toujours soutenue, l'encensant devant les médias, lors des meetings de campagne, lors de réunions publiques, ou encore en privé. La filiation politique entre Marion Maréchal-le Pen et son grand-père semble du reste plus forte que celle existante entre le leader historique et son actuelle présidente. Jean-Marie le Pen pouvait compter sur elle pour relativiser le poids d'un Florian Philippot ou d'un Louis Aliot au sein du parti frontiste. Désormais, de nouvelles figures vont se faire davantage de place, se faire entendre ou émerger, entre les Le Pen.

EN VIDEO - En se faisant élire à l'Assemblée en 2012, Marion Maréchal-Le pen s'est affirmée comme la seconde héritière du clan.
"Clash entre Manuel Valls et Marion Maréchal-Le Pen à l'Assemblée"