Sarkozy et Juppé : des mots doux en pleine guerre froide
Dans quelques mois, les deux hommes seront lancés dans la course à l'Elysée et ils auront bien du mal à retenir leurs coups. Mais pour l'heure, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy doivent faire l'un et l'autre l'effort d'afficher une unité de facade. D'aucuns trouveront amusant le petit jeu des gentillesses auquel ils sont prêtés mercredi soir, à Limoges, lors du meeting de soutien à Virginie Calmels, la tête de liste dans la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. "Je voulais te remercier de ta présence", a d'abord déclaré le maire de Bordeaux au patron du parti, comme si le meeting était organisé par l'ancien premier ministre. Et de louer "l'énergie" de son rival. "Ce sera un atout formidable pour notre campagne".
EN VIDEO - Virginie Calmels a réussi à réunir Alain Juppé et Nicolas Sarkozy :
Nicolas Sarkozy a alors pris le soin de rendre la politesse sur scène : "Tous les deux, on se connait depuis longtemps, chacun sait ce que l’autre pense. J’ai confiance en lui et je pense qu’il a confiance en moi Nous savons lui et moi que nous avons une responsabilité qui pèse sur nos épaules, notre devoir est d’être unis, sans failles". Virginie Calmels est dans cette campagne la protégée d'Alain Juppé. L'ancien chef de l'Etat aurait moins à perdre qu'Alain Juppé dans une défaite de la droite et du centre dans cette région. Son investiture pour les régionales 2015 a été validée après quelques négociations menées fermement entre les états majors des deux rivaux. Nicolas Sarkozy, lui, donne un récit des faits qui aura fait sourire les cadres locaux : "Virginie, je ne la connais pas depuis longtemps. Quand elle est entrée dans mon bureau, elle m’a dit 'je suis une amie d’Alain Juppé'. Je lui ai répondu : 'ça tombe bien, moi aussi' !".
"Couille molle"
Les deux hommes le savent, ils avancent chacun leur pion en pleine guerre froide. L'affaire Morano, qui a tant embarrassé Nicolas Sarkozy, a été l'occasion pour Alain Juppé de se démarquer, sans pour autant se confronter frontalement au patron de LR. Le Canard enchaîné, cette semaine, révèle que Nicolas Sarkozy n'a pas du tout apprécié la manière dont le maire de Bordeaux est resté en retrait, laissant ses lieutenants tenter d'affaiblir la position du chef du parti. L'hebdomadaire rapporte ainsi les propos de Nicolas Sarkozy sur Alain Juppé : "Il laisse Benoist apparu réclamer l'exclusion de Morano, il voit que ça ne prend pas... et au final, il explique que ce n'est pas son sujet. En deux mots : une couille molle !"