Un dernier scrutin régional à valeur de test
Les départementales avaient acté, en mars, la "triangularisation" de la vie politique française, avec l'émergence, en plus de la droite et de la gauche, d'un troisième bloc avec le Front national. Quelle sera la grande leçon politique à tirer de ces élections régionales 2015 et quel paysage politique vont-elles dessiner avant l'élection présidentielle de 2017 ? C'est l'une des questions majeures qui se poseront à l'issue du scrutin et déjà du premier tour ce dimanche. Car dans les états majors des trois principaux partis, outre l'enjeu régional en lui-même, c'est bien le "coup d'après" qui est anticipé.
Au Parti socialiste d'abord, ces régionales pourraient être l'un des arguments majeurs en faveur d'une candidature "automatique" de François Hollande pour un second mandat ou au contraire le déclencheur de primaires à gauche. Dans la majorité, les tiraillements sont toujours importants entre ceux qui considèrent que le chef de l'Etat sortant est légitimement amené à se représenter et ceux qui voudraient une nouvelle présélection – avec ou sans lui – avant ce scrutin majeur. Le maintien d'une bonne part des régions à gauche pourrait être perçu comme le début d'une nouvelle dynamique favorable au locataire de l'Elysée, le basculement de la majorité des régions à droite comme un indicateur supplémentaire de son impopularité et de son incapacité à fédérer dans un an et demi.
A droite, les couteaux ont été soigneusement rangés pour ce scrutin, mais les résultats des régionales devraient relancer la bataille acharnée qui se joue déjà depuis des mois pour être le candidat de la droite et du centre en 2017. Passées les régionales en effet, le prochain temps fort politique du pays sera l'organisation de la primaire des Républicains en 2016, primaire à laquelle l'UDI n'a pas encore affirmé qu'elle s'y associerait. De l'ampleur du score national, mais aussi de plusieurs résultats régionaux comme en Aquitaine, dans la région PACA, en Auvergne, Rhône-Alpes ou dans le Nord-Pas-de-Calais, Picardie, dépendront les nouvelles ambitions des Sarkozy, Juppé, Estrosi, Wauquiez ou encore Bertrand, dont certains sont d'ailleurs en première ligne lors de ces régionales.
Enfin, au FN, la candidature quasi-certaine aujourd'hui de Marine Le Pen sera sans doute réexaminée en fonction des régionales et de leurs résultats à la fois nationaux et dans le Nord-Pas-de-Calais, Picardie, où elle est candidate pour la présidence de la région. Dans tous les cas, le résultat du FN supposé à la prochaine présidentielle sera en partie proportionnel au nombre de régions qu'il sera parvenu ou non à conquérir à l'issue de ces régionales.