Primaire à gauche : Aubry, Montebourg, Valls... qui veut la place de Hollande ?
François Hollande ne pourra plus éviter le sujet bien longtemps : sa candidature à sa propre succession ne dépendra pas que de lui, car il lui faudra d'abord convaincre son camp. Voire même, si les doutes sont trop manifestes, passer par une primaire. L'hypothèse semblait presque écartée, il n'a fallu que quelques mots de Martine Aubry pour que tout change. "Aujourd'hui, je vois que ça bouge", a-t-elle lancé jeudi soir à Lille lors d'un débat organisé sur le sujet. Et de poursuivre : "Eh, bien, allons-y dans ces conditions ! Et comme le président de la République a l'air de dire que s'il était candidat, il n'y serait pas opposé, alors voilà, il faut pousser à ce que chacun, y compris ceux qui ne veulent pas venir, accepte de venir dans ce grand mouvement démocratique".
Quelques jours après sa tribune au vitriol publiée dans Le Monde, la maire de Lille continue son opération chambardement. Pour autant, elle a pris soin de dissimuler ses propres intentions sur le sujet. Mais d'autres personnalités politiques cachent moins leur intérêt pour l'Elysée. Si primaire il y a, c'est que la gauche et le parti socialiste considèrent que d'autres voix que celles de l'exécutif doivent se faire entendre. Qu'un espace politique s'est libéré. Quels seront les prétendants pour l'incarner ? Arnaud Montebourg pourrait bien se manifester très prochainement, lui qui espère depuis des mois qu'une telle opportunité se présente. D'autant que Christiane Taubira a déjà fait savoir qu'elle ne visait pas la présidence de la République. L'ex-ministre du Redressement productif sait que l'aile gauche du PS compte peu d'hommes et de femmes capables de prendre le leadership de la contestation au sein du parti. Benoît Hamon n'a pas son envergure médiatique ni son réseau. Parmi les frondeurs, aucune personnalité n'est véritablement parvenue à émerger.
En vidéo - Martine Aubry est désormais favorable à une primaire à gauche
Reste la possibilité d'une annonce qui pourrait encore changer la donne : si François Hollande déclare qu'il ne se représentera pas, alors la ligne portée depuis l'arrivée de Manuel Valls devra être assumée par quelqu'un d'autre. Le Premier ministre est semble-t-il le plus à même de représenter le courant le plus social-libéral du PS. Mais face à lui, d'autres ambitions pourraient se révéler. Quid d'une candidature d'Emmanuel Macron ? Pour le ministre de l'Economie, qui affirme ici et là qu'il ne veut pas faire de la politique comme "autrefois", il s'agirait d'un horizon plus intéressant qu'une députation en 2017.
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