Débat de la primaire de la droite : ce qu'il faut retenir

Débat de la primaire de la droite : ce qu'il faut retenir DEBAT PRIMAIRE - Le premier débat de la primaire de la droite a donné lieu à un relatif consensus sur le fond et à de nombreuses piques sur la forme...

Le premier débat entre les sept candidats de la primaire de la droite, organisé le 13 octobre 2016 par TF1, Le Figaro et RTL, a attiré des millions de téléspectateurs, mais sans susciter l'emballement : 5,6 millions de personnes étaient derrière leur poste pour suivre les échanges. C'est Alain Juppé qui est sorti vainqueur de la confrontation selon les différents sondages publiés depuis. Dans le contenu, le débat a oscillé entre l'exacerbation des rivalités et le rythme effréné des questions de fond. Chaque candidat à la primaire de la droite avait une minute pour se présenter puis une minute pour s'exprimer, à tour de rôle, sur une quinzaine de questions, avant de conclure dans le même laps de temps. Un format très strict, avec de nombreuses thématiques, parfois techniques, qui ont fait émerger beaucoup de consensus chez les candidats, mais aussi quelques désaccords, comme sur les questions de laïcité, de lutte contre le terrorisme, ou encore de méthode de gouvernance.

"Primaire de la droite et du centre : le récap du débat en 2 minutes"

CLASHS - Parmi les moments chauds on retiendra le premier coup porté par Jean-François Copé dès son introduction sur la "rupture" manquée de Nicolas Sarkozy, entre 2007 et 2012. Le duel avec l'ancien chef de l'Etat s'est poursuivi tout au long de la soirée, notamment quand celui-ci rappellera à Jean-François Copé qu'en tant que député, il était "bien incapable d'imposer quoi que ce soit au président ou au Premier ministre" à l'époque. Copé aura sa vengeance en fin d'émission, raillant le changement de position de Nicolas Sarkozy au sujet de l'usage du référendum. Chez les challengers que sont Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire, on a préféré jouer la carte du renouveau contre les anciens. "Si vous voulez que tout continue comme avant, eh bien vous avez tout sur ce plateau", a commencé Le Maire tandis que NKM conclura par un cinglant : "Le recyclage, ça marche pour les déchets pas pour les idées", en fin d'émission.

Certes il y eut de réels moments d'apaisement : un "hommage" de Fillon à Sarkozy au sujet de la loi sur la burqa, la page tournée de Copé et Fillon au sujet de leur duel sans merci de 2012, le rappel par Sarkozy des "injustices" frappant certains amis et rivaux, le souvenir du travail commun du précédent quinquennat, un consensus dans la détestation de François Hollande... Mais on sentait qu'il en fallait peu pour raviver les divisions. En témoigne l'évocation des affaires, Bygmalion et emplois fictifs en tête, qui restera la séquence la plus tendue et sans doute la plus marquante de cette soirée.

AFFAIRES - Le débat a en effet pris une tournure particulière quand Bruno Le Maire a été interrogé sur sa  proposition d'obliger chaque candidat à la présidentielle à rendre public son casier judiciaire. Juppé, condamné en 2004 dans l'affaire des emplois fictifs, s'est senti visé : "Je tiens mon casier judiciaire à la disposition de Bruno, il est connu d'ailleurs", a indiqué le maire de Bordeaux, qui a précisé qu'à l'époque de sa condamnation, les juges avaient reconnu qu'il n'était pas "coupable d'enrichissement personnel". Nicolas Sarkozy a lui aussi été contraint de s'expliquer aux sujet des affaires pour lesquelles il est visé. Mis en examen dans l'affaire Bygmalion, il a réagi à la déclaration de François Fillon : "imagine-t-on le général De Gaulle mis en examen ?" Pour l'ancien chef de l'Etat, "ce ne sont pas des déclarations qui honorent ceux qui les prononcent". "Mon casier judiciaire est vierge", a-t-il continué, évoquant "cinq non-lieux" dont il aurait bénéficié. "Est-ce que les Français pensent que si j'avais quelque chose à me reprocher, je serais candidat ?", a-t-il fini par lancer.

Jean-François Copé, a tenté quant à lui de  faire comprendre tant bien que mal qu'en disant qu'il n'aurait pas été candidat s'il avait été mis en examen, il ne visait pas Nicolas Sarkozy. "A chacun de décider. Ça me paraissait incompatible, en ce qui me concerne", a-t-il tranché. François Fillon a enfin dû s'expliquer sur les déclarations que François Hollande lui prête dans l'ouvrage "Un président ne devrait pas dire ça", de Fabrice Lhomme et Gérard Davet (Stock). Selon le chef de l'Etat, François Fillon aurait "dit à Jouyet [le secrétaire général de l'Elysée NDLR] : 'Mais comment ça se fait que vous ne poussiez pas la justice à en faire davantage ?'" sur les affaires de Nicolas Sarkozy. "J'ai déjà eu l'occasion de le dire, Monsieur Jouyet est un menteur", a répondu l'ancien Premier ministre. "Je découvre que le président de la République est non seulement incompétent et inefficace, mais c'est un manipulateur".

SONDAGES - Plusieurs sondages ont été publiés après cette confrontation diffusée sur TF1, Le Figaro et RTL ce jeudi. Le premier, un sondage Sofres réalisé pour Le Figaro, LCI et Public Sénat, donne Alain Juppé "gagnant" à l'issue de l'exercice. Ainsi, à la question "qui est le vainqueur du débat ?", 36 % des sondés désignent le maire de Bordeaux, devant Nicolas Sarkozy (22 %) et François Fillon ex-aequo avec Bruno Le Maire (11 % chacun). Seulement 3 % des interrogés ont répondu Nathalie Kosciusko-Morizet, 2 % Jean-Frédéric Poisson. Seulement 1 % a répondu Jean-François Copé. L'ensemble des candidats a vu sa cote de bonnes opinions évoluer positivement après les échanges, auprès des sondés : Alain Juppé (74%, +5 points), Bruno Le Maire (61 %, stable), François Fillon (55%, +10points), Nathalie Kosciusco-Morizet (54%, +6 points), Nicolas Sarkozy (46%, +5 points), Jean-Frédéric Poisson (37%, +29 points), Jean-François Copé (32%, +11 points). Une question posée précisément sur l'exercice révèle que Alain Juppé qui a été jugé le plus "convaincant", pour 72 % des personnes interrogées, devant Bruno Le Maire et François Fillon (52 %) et Nicolas Sarkozy (48 %). Ce sondage a été réalisé sur un échantillon de 625 personnes ayant regardé le débat à la télévision, toute obédience politiques confondue.

Le second sondage mené par Elabe pour BFMTV, dit sensiblement la même chose :  pour 35 % des téléspectateurs interrogés à la fin du débat, Alain Juppé a été le candidat le plus convaincant. Son score s'élève à 32 % auprès des sympathisants de la droite et du centre. Nicolas Sarkozy arrive en deuxième position, crédité de 21 % des réponses auprès de l'ensemble des téléspectateurs et jusqu'à 27 % auprès des sympathisants de la droite et du centre. Bruno Le Maire est troisième avec 15 % auprès de l'ensemble des téléspectateurs devant François Fillon à 13 %. Mais l'ordre s'inverse auprès des sympathisants de la droite et du centre, François Fillon étant à 17 % contre 14 % pour Bruno Le Maire. Un sondage OpinionWay pour Le Point donne quant à lui Alain Juppé comme le plus convaincant avec 31 % des votes, loin devant Nicolas Sarkozy à 14 %, Bruno le Maire à 12 %, François Fillon à 7 %, Nathalie Kosciusko-Morizet à 6 %, Jean-Frédéric Poisson à 3 % et Jean-François Copé à 2 %. Les résultats sont sensiblement similaires chez les personnes ayant l'intention d'aller voter le 20 novembre. 66 % des sondés déclarent ne pas avoir changé d'avis après le débat. Parmi les 34 % ayant changé d'avis, la plupart 45 % estime avoir finalement opté pour Alain Juppé. Un sondage Odoxa pur France Info donne Alain Juppé comme le candidat le plus capable de faire gagner son camp avec 58 % devant Nicolas Sarkozy à 19 %. "Le débat a permis à Alain Juppé de progresser de 55 % à 60 % quand Nicolas Sarkozy perd 2 points (de 20 % à 18 %) sur la question", précise l'institut. "Chez les sympathisants de la droite et du centre, Alain Juppé gagne 7 points (55 % à 62 %) grâce au débat et devance Nicolas Sarkozy de 30 points (59 % contre 29 %) en moyenne."