Débat de la primaire à droite : attention, ils vont se lâcher ! Qui va flinguer qui ?
[Mis à jour le 17 novembre 2016 à 16h50] Nous y sommes. Ce soir aura lieu le troisième et dernier débat avant le premier tour de la primaire de la droite, qui se déroule ce dimanche 20 novembre. Jean-François Copé, François Fillon, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Jean-Frédéric Poisson et Nicolas Sarkozy se retrouveront dans un studio de Saint-Cloud pour une confrontation diffusée en direct sur France 2 et Europe 1, à trois jours de la date fatidique. Avec le resserrement observé dans les sondages ces derniers jours, le résultat de cette primaire est incertain. Et devrait donc donner lieu à des échanges encore plus tendus que lors des deux premiers débats, sur TF1 et sur BFMTV, voire sanglants. A quelques heures du rendez-vous, on sait déjà que chaque protagoniste s'est donné une ou plusieurs cibles à attaquer. Et dans certains cas, c'est peut être un règlement de compte généralisé qui se profile, avec le risque de voir tirés quelques scuds particulièrement dangereux.
Poisson vise Juppé. Pour certains, qui n'ont plus rien à perdre, on pourrait en effet assister à de véritables dérapages en direct. Jean-Frédéric Poisson, qui n'est pas membre des Républicains mais du Parti chrétien démocrate de Christine Boutin, a semble-t-il décidé de se lâcher pour grappiller quelques points au plus vite ou faire le plus de dégâts chez ses adversaires. Situé à à peine 1 % d'intentions de vote, il a multiplié les coups d'éclats ces dernières heures. Dans le Grand Soir 3 hier, il a dénoncé un traitement médiatique indigne avant de quitter le plateau (voir sur le site de France Télévisions). Toujours en grande forme ce matin, dans .Pol, l'émission politique de Linternaute.com avec le JDD, le Huffpost et le Lab d'Europe 1, il a attaqué Alain Juppé, dénonçant sa proximité avec les Frères musulmans, assurant que "cette proximité a conduit un certain nombre de personnes à quitter l'équipe de campagne d'Alain Juppé". Si l'argument était abordé ce soir, devant l'intéressé, la déflagration qui s'en suivrait pourrait faire d'énormes dégâts.
EN VIDEO - Jean-Frédéric Poisson : "Il y a une proximité entre Alain Juppé et les Frères musulmans"
La guerre des favoris
Juppé vise Sarkozy et Fillon. Alain Juppé, le favori, a prévu des ripostes virulentes contre les assauts de ses challengers. Outre jean-Frédéric Poisson, Nicolas Sarkozy et François Fillon pourraient en faire les frais. Menacé dans les sondages, le maire de Bordeaux prévoit, selon ses proches, de continuer à dérouler calmement son programme, pour convaincre les derniers indécis, mais aussi pour que sa popularité se traduise en actes dimanche. Car une incertitude demeure : ceux, nombreux, qui affirment avoir une bonne opinion de Juppé feront-ils bien l'effort de se rendre aux urnes ? Avec l'approche de l'échéance et la fébrilité qui pourrait pointer son nez, Alain Juppé, qui se contentait de laisser filer les attaques jusqu'à présent, pourrait se montrer plus mordant cette fois. Son staff a déjà indiqué qu'il sera plus "punchy", selon le Monde. Face à Sarkozy et Fillon qui rêvent de lui siffler la victoire, il pourrait montrer les crocs et rappeler, comme lors de son meeting du Zénith lundi, que ceux qui "gonflent les biceps" aujourd'hui sont aussi ceux "qu'on a déjà vus à l'oeuvre" hier.
Sarkozy vise Fillon. Nicolas Sarkozy croit encore dur comme fer en une dynamique qui lui permettrait de renverser la table d'ici dimanche. Il ambitionne de terminer en tête du premier tour et de faire mentir les médias et les sondages. Déjà particulièrement cinglant lors du dernier débat sur BFMTV, il pourrait lâcher encore un peu ses coups. Ce qui ferait craindre à certains de ses proches qu'il aille trop loin. Sa cible reste bien évidemment Alain Juppé. Mais Nicolas Sarkozy devrait réserver un sort particulier à son ancien Premier ministre, François Fillon, qui vient lui tailler des croupières dans les sondages depuis une semaine. Invité de RTL mardi, l'ancien président a déjà donné le ton. Alors qu'on laissait entendre que François Fillon bénéficiait d'une image de réformateur sans doute meilleure que la sienne, il a réutilisé l'image réductrice du "collaborateur" qui avait tant fait parler entre 2007 et 2012. "Le patron, c'est celui qui est élu, pas celui qui est nommé. Lorsque j'étais président de la République, je décidais d'un certain nombre de réformes, que François Fillon mettait en oeuvre, loyalement", a-t-il lâché. Une version light d'un "je décide, il exécute" qu'il pourrait décliner ce soir.
Sarkozy flingue Fillon qui flingue Le Maire...
Fillon vise Le Maire. François Fillon pourrait quant à lui éviter le clash avec les deux favoris pour se choisir une autre cible : Bruno Le Maire, à qui il a disputé ardemment puis chipé la place de troisième homme de la primaire dans les sondages. Agacé par les attaques de l'ancien ministre de l'Agriculture pendant la campagne, François Fillon pourrait trouver une occasion d'affirmer son autorité lors du débat. Selon l'Opinion, François Fillon juge que Bruno Le Maire "perd les pédales" et devient "méchant". Tout juste s'il ne faudrait pas le remettre à sa place... "La vraie surprise de la primaire, c'est moi", devrait tenter de faire comprendre François Fillon ce soir, bien décidé à perturber le duel Juppé-Sarkozy qu'on nous annonce depuis des mois.
Le Maire vise Juppé. Bruno Le Maire, lui, va tenter de sauver les meubles. En chute libre dans les sondages alors qu'il était encore un brillant troisième il y a deux semaines, il est bien décidé à "marteler" encore et encore son slogan du "renouveau" contre "les vieux", croit savoir le Parisien. Outre Nicolas Sarkozy et François Fillon, c'est peut être le favori, Alain Juppé, qui devrait encore faire l'objet de ses offensives les plus musclées. Avec l'objectif secret de le faire sortir de ses gonds (voire de ses bottes) ? Après le second débat sur BFMTV, une altercation aurait eu lieu en coulisses entre Alain Juppé et Bruno Le Maire, a révélé l'Opinion. Exaspéré, l'ancien ministre des Affaires étrangères aurait averti son ancien collègue de l'Agriculture qu'il ne laisserait plus passer aucune attaque. On saura ce soir s'il tient parole.
NKM et Copé vont arroser tout le monde, dont Sarkozy
NKM vise tout le monde (et notamment contre Sarkozy). Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, il s'agira ce soir de poursuivre dans la lignée du précédent débat. L'élue parisienne s'était nettement démarquée sur BFMTV et iTélé il y a deux semaines, avec des punchlines qui avaient surpris les commentateurs. Nicolas Sarkozy en avait alors fait les frais comme l'ont fait remarquer nos confrères du Lab. Cette semaine, l'ancienne ministre de l'Environnement en a remis une couche dans les médias, après la sortie de l'ancien chef de l'Etat sur la "double portion de frites" que pourraient manger les enfants musulmans qui refusent le porc à la cantine. Un menu "aussi déséquilibré que le programme de Sarkozy", a-t-elle déclaré sur BFMTV. De quoi donner des crampes d'estomac à l'intéressé ce soir.
Copé vise Sarkozy. Dans ce canardage tous azimuts, Jean-François Copé ne sera évidemment pas en reste. Aussi flingueur qu'humoriste lors du dernier débat, l'ancien président de l'UMP n'avait pas manqué d'attaquer un par un ses adversaires. La semaine écoulée laisse penser qu'il continuera sur cette ligne, notamment contre Nicolas Sarkozy, sa cible favorite depuis l'affaire Bygmalion. Alors que l'ancien président de la République est pointé par de nouvelles révélations de l'homme d'affaires Ziad Takiedinne à Mediapart sur le supposé financement libyen de sa campagne de 2007, Jean-François Copé a fait exception. Il est en effet le seul candidat à la primaire à avoir souligné la gravité de ces accusations. "Ces déclarations sont évidemment extrêmement graves, extrêmement importantes", a-t-il indiqué sur LCP sans avoir l'air d'y toucher. "Je n'ai pas envie de les commenter", a-t-il ajouté, avant de souligner tout de même leur "importance capitale". Au point d'évoquer la question avec Nicolas Sarkozy ce soir ?
"Les déclarations de Ziad #Takieddine sont d'une importance capitale", dit @jf_Cope >> https://t.co/tDz4P4EjsZ #QDI pic.twitter.com/l7VqiMuhuP
— LCP (@LCP) November 16, 2016