"Macron démission" : un slogan et une pétition, mais pas une option

"Macron démission" : un slogan et une pétition, mais pas une option La colère des gilets jaunes s'articule autour d'une revendication de renouveau, avec le souhait d'un départ du président ou un référendum. Des options qui semblent écartées.

[Mis à jour le 10 décembre 2018 à 16h27] Le chef de l'Etat traverse la séquence politique la plus rude et la plus décisive de son quinquennat. C'est bien sur sa personne que se cristallisent depuis des semaines les virulentes critiques des gilets jaunes. Les revendications qui ont émergé ces dernières semaines, pour davantage de pouvoir d'achat, davantage de justice sociale et moins de pression fiscale, sont indissociables d'un reproche désormais omniprésent : le chef de l'Etat est perçu comme trop éloigné des préoccupations des plus précaires, comme un "président des riches" parfois arrogant aux formules blessantes.

Selon un sondage de l'institut Yougov, réalisé la semaine dernière, 48% des Français souhaiteraient la démission d'Emmanuel Macron. Ils sont même 57% parmi les 35 à 55 ans. À la question "Emmanuel Macron doit-il ou non dissoudre l'Assemblée nationale ?", 55% des sondés ont répondu par l'affirmative. Ces chiffres, qui s'ajoutent à des sondages démontrant la chute de popularité du chef de l'Etat en quelques semaines, interpellent forcément le président. Mais Emmanuel Macron ne démissionnera pas. Garant des institutions, le président peut se targuer de la légitimité du suffrage universel, qui donne un cadre à notre démocratie représentative. Si cette crise des gilets jaunes semble pointer certains dysfonctionnements institutionnels, notamment sur les moyens dont disposent les contre-pouvoirs, les corps intermédiaires ou les citoyens pour s'exprimer davantage, la constitution permet au président de garantir une stabilité politique. Il dispose ainsi de différents moyens pour sortir de la crise, dont le remaniement complet du gouvernement si nécessaire, ou bien le dissolution de l'Assemblée nationale, s'il considère que la majorité ne correspond plus aux aspirations des citoyens. L'une de ces deux options sera mise sur la table par le président avant d'envisager la moindre démission, même si cela paraît, à ce stade, très peu probable.

La démission d'Emmanuel Macron réclamée par de nombreux gilets jaunes

C'est un fait qui devrait interpeller le chef de l'Etat : de nombreux gilets jaunes en appellent à sa démission dans les manifestations. Et dans l'opposition, les appels à des changements majeurs au sein de l'exécutif se font entendre. La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, et le président de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon ont ainsi estimé que l'une des réponses à la crise des gilets jaunes passait la dissolution de l'Assemblée nationale. La présidente du Rassemblement national a fait savoir qu'elle ne "voyait que ça" comme solution, en se référant à l'article 12 de la Constitution.

Dans BFM Politique, le chef de file des Insoumis a également appelé à une dissolution de l'Assemblée nationale. "Il n'y a qu'une manière de trancher entre la légitimité de l'exécutif et celle des gilets jaunes, c'est le vote, alors ça s'appelle la dissolution", a-t-il déclaré. Une déclaration à la suite de laquelle Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement a réagi par un tacle : "Il faut que Jean-Luc Mélenchon accepte psychologiquement d'avoir été le 4ème homme de l'élection présidentielle", a-t-il dit.

François Ruffin, député La France insoumise, de son côté, avait demandé directement la démission d'Emmanuel Macron. L'ancien journaliste a même été plus loin, estimant la France "à feu et à sang" et que Macron allait "terminer comme Kennedy", à savoir assassiné. "Que disent les Français que j'ai rencontré ? Que Monsieur Emmanuel Macron doit maintenant partir. Qu'il doit partir, en auto, en moto, à cheval, en trottinette, en hélicoptère mais qu'il doit partir avant de rendre notre pays fou de rage", a conclu François Ruffin.

Une pétition "Macron démission" mise en ligne

Il faut savoir également qu'une pétition avait été mise en ligne pour exiger la démission du président de la République, signée par plus de 450 000 personnes. "Mon problème, qui est celui de plusieurs millions de personnes, je pense, c'est que notre Président a été élu avec 16 % des électeurs. (...) Est-il normal dans une démocratie, qu'un président valide ou précède des lois et réformes concernant 100 % du peuple, alors que seulement 16 % ont voté pour lui ?", déplore l'instigatrice de cette pétition. "Si nous réunissons plus de 50 % des électeurs, sachant que 84 % de l'ensemble des électeurs n'a pas voté pour Emmanuel Macron, nous obtiendrons justice", espère-t-elle, en oubliant cependant que Emmanuel Macron a remporté le premier tour de l'élection présidentielle avec 24% des suffrages exprimés, et le second avec plus de 66%, face à Marine Le Pen.