Dupond-Moretti : quand Macron promettait la démission des ministres mis en examen

Dupond-Moretti : quand Macron promettait la démission des ministres mis en examen VIDEO. Le maintien au gouvernement d'Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, malgré sa mise en examen, vient contredire les promesses tenues par Emmanuel Macron en 2017 alors en pleine campagne présidentielle.

[Mis à jour le 4 octobre 2022 à 22h31] L'affaire Eric Dupond-Moretti met dans l'embarras Emmanuel Macron. Le président de la République continue d'afficher son soutien au ministre de la Justice, mis en examen pour "prises illégales d'intérêt". Mais en 2017, lors de la campagne présidentielle, le chef de l'État avait été pourtant clair : "tout ministre concerné par une mise en examen devra démissionner". Des mots qui résonnent aujourd'hui comme une promesse non tenue. Le ministre délégué aux comptes publics, Gabriel Attal, a confirmé le nouveau principe guidant l'exécutif. "Nous avons une doctrine : quand un ministre est condamné, il quitte le gouvernement", a-t-il expliqué sur LCI. Autrement dit, une mise en examen ne justifie plus à elle seule un départ, comme c'était autrefois la pratique. 

Lundi 3 octobre 2022, un procès a été ordonné par la Cour de justice de la République contre Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice mis en examen pour "prises illégales d'intérêt". Un procès pour l'heure caduc en raison du pouvoir en cassation formulé par le garde des Sceaux. "Ce renvoi n'est qu'une étape, cela fait un an qu'il est mis en examen et ça ne l'a jamais empêché de travailler ", a indiqué son entourage auprès du journal Le Monde. Le quotidien explique également que le président de la République voit dans cette affaire une contestation de son autorité politique.

Quelques heures plus tard, le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, était à son tour mis en examen pour le même chef d'accusation. Cependant, aucun de ces deux hauts personnages de la République ne va quitter ses fonctions. Si le bras droit d'Emmanuel Macron n'a pas publiquement réagi, le premier a affirmé, mardi, qu'un départ de la place Vendôme n'était "pas à l'ordre du jour", justifiant "[tenir] ma légitimité du président de la République et de la Première ministre. Elle m'a réaffirmé hier toute la confiance qu'elle me portait." Ainsi, Emmanuel Macron semble miser sur la banalisation des affaires.

Macron : "un ministre doit quitter le gouvernement lorsqu'il est mis en examen."

Un discours qu'il ne tient pas pour la première fois. Dès sa mise en examen, Eric Dupond-Moretti s'était défendu de la même sorte. Cependant, cette actualité a donc fait rejaillir un engagement pris par Emmanuel Macron devant les Français que le chef de l'Etat ne semble pas vouloir assumer. C'était en 2017, quelques semaines avant le premier tour de l'élection présidentielle. L'ancien ministre de l'Economie n'est alors que le jeune candidat venu bousculer le monde politique. Invité sur le plateau de France 2 le 3 mars 2017, le prétendant à l'Elysée est interrogé par David Pujadas en pleine affaire Fillon, lequel avait annoncé son retrait de la campagne s'il était mis en examen (promesse non tenue). La question est donc également posée par le journaliste à celui qui briguait le palais présidentiel :

  • David Pujadas : "Un mot quand même sur votre conception des choses : si vous étiez mis en examen, est-ce que vous renonceriez à être candidat ?"
  • Emmanuel Macron : "Oui, de la même façon que, dans le principe, un ministre doit quitter le gouvernement lorsqu'il est mis en examen."

Une réponse claire que le président de la République semble avoir omise, même si, par le passé, quelques-uns de ses ministres dans le viseur de la justice avaient rendu leur tablier (Richard Ferrand, Sylvie Goulard, François Bayrou, Marielle de Sarnez, tous mis en examen après avoir quitté le gouvernement). Cependant, Eric Dupond-Moretti et, tout comme Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée, restent toujours en fonction sous les ors de la République. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient.