Boyard insulté, Mélenchon excuse Hanouna et déplace le problème

Boyard insulté, Mélenchon excuse Hanouna et déplace le problème Alors que le député LFI Louis Boyard s'est fait insulter en direct par Cyril Hanouna sur le plateau de Touche pas à mon poste, Jean-Luc Mélenchon a mis du temps à s'exprimer avant de dédouaner l'animateur de C8 lors d'un meeting le 14 novembre.

L'heure est à l'indignation dans les rangs de la France insoumise. Tous les leaders et élus insoumis ont apporté leur soutien au député Louis Boyard après son passage houleux dans l'émission Touche pas à mon poste (TPMP) le 10 novembre ainsi que le flot d'insultes versé par Cyril Hanouna et ont condamné le comportement de l'animateur de C8. Tous ou presque, car à l'appel manque un nom de taille : celui de Jean-Luc Mélenchon. Resté silencieux pendant plusieurs jours, l'ancien député s'est exprimé sur le sujet le 14 novembre 2022 lors d'un meeting à Clermont-Ferrand et sa position a suscité des interrogations. "Je ne vais pas jeter la pierre comme tout le monde" à Cyril Hanouna qui "est juste à visage découvert", a-t-il déclaré sous les huées de certains militants excusant presque l'animateur de C8 qui "n'a pas les bonnes manières des autres" et le savoir faire pour "entortiller, dans le poison et les dentelles, les propos".

Jean-Luc Mélenchon passe-t-il donc l'éponge sur cet échange rempli d'insultes et attaquant un député de son camp ? Difficile à dire mais il est certain que le leader de LFI a conscience de la violence des propos. "Il l'insulte, il en est quasiment à le menacer", a fait remarquer l'ex-candidat à la présidentielle en référence à Cyril Hanouna sans pour autant le condamner. Le politique a préféré éluder la question et s'attarder sur d'autres détails dont l'absence de commentaires dans la presse sur la virulence de l'animateur. Une discrétion qui n'aurait pas été la même si l'élu Louis Boyard s'était exprimé de la sorte selon lui. Un pas de côté qui permet d'une part à Jean-Luc Mélenchon de ne pas s'arrêter sur le sujet Cyril Hanouna et d'ouvrir la discussion sur un problème plus vaste qu'est la concentration des médias plutôt défavorable à la cause des insoumis, toujours d'après l'ancien député.

Jean-Luc Mélenchon "loyal" à Cyril Hanouna ?

Le silence de Jean-Luc Mélenchon entre le jeudi 10 novembre et le lundi 14 novembre n'est pas passé inaperçu et Cyril Hanouna s'est fait un plaisir de le souligner dans TPMP évoquant même la "loyauté" du leader insoumis à son égard. L'animateur s'est dit proche du politique et d'autres membres de LFI donc Alexis Corbière ou Raquel Garrido. En insistant sur la discrétion de l'ex-député, Cyril Hanouna et ses chroniqueurs ont suggéré la responsabilité de Louis Boyard qui n'avait pas prévenu son camp de ses intentions, à savoir critiquer les agissements des milliardaires français donc Vincent Bolloré, patron de Canal+ et "ami depuis 20 an" de l'animateur vedette. Sur ce point non plus Jean-Luc Mélenchon ne s'est pas étendu.

Jean-Luc Mélenchon déplace la responsabilité de Hanouna sur les médias

Le comportement de Cyril Hanouna sur le plateau de TPMP à l'égard de Louis Boyard  est symptomatique d'un problème plus grand selon Jean-Luc Mélenchon et dont l'animateur n'est pas le responsable mais la conséquence : la concentration des médias. "Quand neuf milliardaires [dont Vincent Bolloré, ndlr] possèdent 90% des médias, il y a un ruissellement de médiocrité et d'obéissance", a jugé le politique à Clermont-Ferrand le 14 novembre. Surtout ces patrons sont libres "de faire ce qu'ils veulent avec les médias" notamment autoriser des propos injurieux à l'égard d'élus, quand le scénario inverse serait intolérable et décrié par ces mêmes médias. Aussi l'affaire du clash entre Louis Boyard et Cyril Hanouna a servi à Jean-Luc Mélenchon pour défendre un projet de loi signé LFI et défendu par Clémentine Autain, projet qui sera présenté au Parlement ce mois-ci. Une occasion aussi saisie par l'élue de Seine-Saint-Denis dans Libération : "L'épisode Louis Boyard est l'occasion de tirer la sonnette d'alarme sur la concentration des médias et le contrôle de l'information". Et de préciser qu'elle doit déposer le 16 novembre une proposition de loi visant à mettre fin à la concentration dans les médias et l'industrie culturelle.