"Je n'étais pas l'auteur de violences répétées" : condamné, Adrien Quatennens se défend

"Je n'étais pas l'auteur de violences répétées" : condamné, Adrien Quatennens se défend Dans une interview-fleuve accordée à La Voix du Nord et publiée mardi 13 décembre 2022, quelques heures après avoir appris sa peine, le député LFI Adrien Quatennens est revenu sur celle que l'on a appelé "l'affaire Quatennens".

[Mis à jour le 13 décembre 2022 à 18h32] Après trois mois de silence, Adrien Quatennens, condamné ce mardi 13 décembre à quatre mois de prison avec sursis et 2 000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral, a décidé de donner sa première interview, et avec de livrer sa vérité sur la très médiatique "affaire Quatennens". Expliquant à La Voix du Nord avoir préféré jusque-là "réserver [s]a parole à la justice", Adrien Quatennens a évoqué une "épreuve personnelle", mais aussi "un lynchage médiatique inédit" enduré "en silence". "L'enquête a conclu à ce que j'avais reconnu : une gifle donnée dans un contexte de dispute, il y a plus d'un an et jamais reproduite, et l'envoi de trop nombreux SMS amoureux à la suite d'une annonce de divorce incomprise", a-t-il mis en avant, affirmant accepter la sanction, mais refuser de prendre davantage que sa "juste part" et de "continuer à subir cet acharnement disproportionné", justifiant ainsi son interview.

Critiquant les méthodes et le chantage de son ex-compagne, Adrien Quatennens a dénoncé une "réécriture malhonnête de [leur] histoire et des faits [qui l']attriste énormément". Et d'insister : "L'enquête a permis de démontrer que je n'étais pas l'auteur de violences répétées. S'il y a eu des disputes depuis deux ans et un contexte tendu, la violence ne caractérise aucunement nos treize années de vie commune." Adrien Quatennens insiste par ailleurs sur le fait qu'il lui a été proposé de porter plainte à son tour contre son épouse, ce qu'il aurait refusé de faire et ce, "malgré ce [qu'il a lui]-même subi". "J'ai choisi de ne pas le faire car il s'agit de faits isolés et que je souhaite protéger notre enfant. Il est urgent que tout cela cesse", a-t-il plaidé.

Quand Adrien Quatennens pourra-t-il réintégrer le groupe LFI à l'Assemblée ?

Plus tôt dans la journée du mardi 13 décembre, le groupe parlementaire de La France insoumise a publié un communiqué pour indiquer que ses fonctions étaient suspendues pour une période de 4 mois, correspondant à la durée de sa peine de prison avec sursis. A partir du 14 avril 2023, une porte est ouverte au député s'il veut effectuer son retour à l'Assemblée dans le groupe parlementaire, mais celui-ci doit être "conditionné à l'engagement de suivre un stage de responsabilisation sur les violences faites aux femmes auprès d'associations féministes".

Depuis sa condamnation, le député doit cependant composer avec des réactions très claires de plusieurs personnalités politiques de la Nupes : la députée de Paris Sandrine Rousseau a rédigé un court message sur Twitter ce mardi : "Il doit démissionner. Par respect pour les femmes, pour nos combats et les valeurs que nous défendons", a-t-elle écrit. La sénatrice EELV Mélanie Vogel a exigé elle aussi qu'il quitte ses fonctions "s'il ne veut pas envoyer un message catastrophique à toutes les femmes victimes de violences et à toutes les personnes qui s'engagent dans des mouvements qui se disent féministes". " C'est une décision judiciaire sérieuse, une peine conséquente, grave, (…) Est-il en situation de défendre la cause commune qui est la nôtre, y compris la cause des féministes ?", a abondé le député communiste Sébastien Jumel. Arthur Delaporte, élu du groupe Socialistes et apparentés à l'Assemblée a eu des mots catégoriques : "S'il avait été socialiste, je peux vous dire qu'il aurait été exclu".

Une condamnation judiciaire acceptée par Adrien Quatennens

Le député La France insoumise Adrien Quatennens a été condamné à 4 mois de prison avec sursis pour violences. L'élu a été jugé ce mardi 13 décembre, en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité : le parquet l'a convoqué ce matin, pour lui demander s'il reconnaissait toujours les faits et lui proposer une peine : de la prison avec sursis donc.

Adrien Quatennens avait déjà fait savoir qu'il admettait avoir asséné une gifle à son épouse et qu'il avait multiplié les messages par téléphone, dans une démarche qui s'apparente dans sa description à des faits de harcèlement. Le mis en cause a bien accepté la sanction proposée par la Procureure de la République de Lille, pour "violences sur conjoint, n'ayant entraîné aucune ITT" ainsi que pour "envoi régulier et malveillant de messages" par SMS et WhatsApp, entre août et septembre 2022. Le député du Nord a par ailleurs été condamné à verser 2 000 euros de dommages et intérêts à sa femme, Céline Quatennens, qui avait porté plainte contre lui.

"Cette peine ne l'empêche pas de réintégrer l'Assemblée"

Selon la chaîne d'information en continu BFMTV, Adrien Quatennens "est apparu fatigué et amaigri, nageant dans son manteau" à l'audience. La peine a été homologuée ce matin par un juge. L'AFP, qui s'appuyaot sur l'entourage du mis en cause, indiquait ce mardi matin que la peine très probablement proposée par le parquet serait '"une amende" ou bien "un stage de sensibilisation" aux violences conjugales. Les peines maximales prévues pour les violences sexuelles sont bien plus sévères : le député encourait jusqu'à deux ans de prison, selon la manière dont les faits sont qualifiés par la justice. Le ministère public, pour fixer une peine, a entendu plusieurs témoins, des proches du couple actuellement en instance de divorce.

Me Jade Dousselin, son avocate, a indiqué à l'AFP insisté sur le fait que le député était condamné pour des faits remontant à "plus d'un an" dans un contexte "d'agressivité mutuelle". L'avocate précise par ailleur que les SMS envoyés et qui ont fait aussi l'objet de sa condamnation n'ont pour le juge homologateur "aucun caractère ni harcelant, ni malveillant, ni menaçant". "C'est un avertissement solennel pour un homme dont on sait qu'il ne reviendra pas devant la justice", a-t-elle déclaré, ajoutant : "Cette peine ne l'empêche pas de pouvoir réintégrer l'Assemblée nationale".

Céline Quatennens avait quant à elle dénoncé des "violences physiques et psychologiques" exercées depuis "plusieurs années" dans un communiqué envoyé à l'AFP il y a plusieurs semaines. Si Adrien Quatennens avait refusé la peine proposée, alors il aurait été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Lille en mars 2023, pour une audience publique, qui l'aurait exposé bien davantage médiatiquement.