"J'aurais dû plus me mouiller...", la petite pique de Macron à Borne

"J'aurais dû plus me mouiller...", la petite pique de Macron à Borne Après un parcours législatif de quatre mois et une contestation tout aussi longue, l'entrée en vigueur de la réforme des retraites laisse un goût amer à Emmanuel Macron.

Un mea-culpa sur la forme, pas le fond. Mais surtout, une phrase qui en dit long. Emmanuel Macron a reconnu devant des lecteurs du Parisien qu'il ne s'était pas assez "mouillé" sur la réforme des retraites. "Peut-être que l'erreur a été de ne pas être assez présent pour donner une constance et porter cette réforme moi-même", a-t-il concédé devant cette dizaine de Français. Une phrase en apparence anodine mais qui peut être perçue comme une remontrance à l'encontre de sa Première ministre, Elisabeth Borne. Lors de son interview sur TF1 et France 2 le 22 mars, le président de la République avait déjà dit regretter "de ne pas avoir réussi à convaincre sur la nécessité de cette réforme."

"Elle fait bien son travail", mais...

Cette fois, le chef de l'Etat est allé plus loin dans son introspection sur la manière dont a été menée cette réforme, semblant égratigner sa cheffe du gouvernement. A ses yeux, "le premier élément qui n'a pas fonctionné est qu'on n'ait pas installé l'idée qu'il y avait besoin de faire cette réforme." S'il ne met pas directement en cause la locataire de Matignon, c'est à son ancienne ministre des Transports que le Président avait confié la tâche de mener à bien ce projet de loi et de trouver une majorité à l'Assemblée nationale pour faire adopter le texte. Mais jamais la Première ministre n'est parvenue à impulser une dynamique autour de cette loi, entre le totem des 64 ans, le couac sur les 1200 euros minimum de pension et le bruit de la contestation sociale. Conclusion : les Français rejettent en masse la réforme et le vote n'a pas eu lieu au palais Bourbon, le 49.3 ayant été engagé.

Or, dans son propos, Emmanuel Macron laisse entendre que s'il s'était plus impliqué publiquement dans le dossier, l'affaire aurait été menée différemment. Est-ce à dire qu'il remet en cause Elisabeth Borne dans sa fonction ? Publiquement, surtout pas. C'est même le contraire : "Elle a ma confiance, elle fait bien son travail dans un moment difficile pour le pays." Il est cependant resté vague sur la gestion de la réforme par les ministres, députés et sénateurs macronistes : "[Le Président] donne le cap, ensuite le gouvernement et le Parlement ont fait leur boulot." Bien ? Toute la question est là.

Emmanuel Macron est resté évasif, reconnaissant à nouveau ne pas s'être "trop exprimé." Avant d'ajouter : "Il y a eu des erreurs de communication, des choses qui n'étaient pas claires. Et hop ! Ça s'infecte tout de suite, ça dérape. Et, du coup, ça érode la confiance. Est-ce qu'on aurait pu mieux faire ? Oui." Comme une piqûre de rappel à Elisabeth Borne mais aussi l'ensemble des ministres. Si la Première ministre ne peut contrôler l'ensemble des dires de l'exécutif, elle reste toujours la cheffe d'un gouvernement censé soutenir et mettre en œuvre la politique du chef de l'Etat. A elle de tenir les troupes.