Saint-Brevin-les-Pins : le maire reçu par Elisabeth Borne confirme sa démission

Saint-Brevin-les-Pins : le maire reçu par Elisabeth Borne confirme sa démission Le maire démissionnaire de Saint-Brevin-les-Pins a été auditionné devant le Sénat puis reçu par Élisabeth Borne, ce mercredi. Il a dénoncé un " attentat criminel " après l'incendie de sa maison.

[Mis à jour le 17 mai 2023 à 22h33] "Ma carrière politique s'arrête aujourd'hui". Après avoir rencontré Élisabeth Borne à Matignon ce mercredi, le maire démissionnaire de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique) Yannick Morez a confirmé sa démission et appelé à "arrêter la spirale infernale" de violence à l'égard des élus. "Depuis ce matin, on a essayé de me convaincre de rester mais non, je ne peux pas. C'est une décision qui a été prise avec mes proches, avec ma famille", a-t-il affirmé. Le départ du maire de Saint-Brevin-les-Pins n'a pourtant toujours pas été acté par la préfecture de Loire-Atlantique, sur ordre de la Première ministre. Après l'annonce de la démission, la locataire de Matignon avait réagi jugeant "ce qui s'est produit est très choquant". Elle avait promis de "renforcer" l'action de l'État pour "mieux protéger les maires".

"Je pense que ça va faire bouger les choses", a-t-il assuré. Après la démission, "je ne m'attendais pas à ce que ça prenne une telle ampleur. J'ai eu comme l'impression d'être pris dans un tourbillon", a confié le maire qui assure avoir reçu "énormément de messages de soutien". Le maire de Saint-Brevin-les-Pins qui a mentionné "le manque de soutien de l'Etat" parmi les raisons de sa démission, a affirmé devant le Sénat avoir "bien réfléchi" après être revenu en détails sur son expérience malheureuse entre les menaces qu'il subissait depuis des années et jusqu'à l'incendie criminel qui a visé son domicile le 22 mars.

Le maire de Saint-Brevin-les-Pins auditionné par le Sénat

Les ennuis du maire Yannick Morez ont commencé en 2016, peu après l'installation d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada) sur la commune de Saint-Brevin-les-Pins. Mais tout s'est accéléré ces derniers mois avec le projet de transfert de l'établissement près d'une école. La force de l'opposition atteignant un nouveau niveau avec l'arrivée de militants d'extrême droite, ceux-là même qui semblent à l'origine des menaces et potentiellement de l'incendie de la maison de l'édile. Face à ce problème présent depuis des années, les services de l'Etat n'ont pas réagi a assuré Yannick Morez devant la commission des lois du Sénat, le mercredi 17 mai.

Après signalement des menaces, "le sous-préfet nous a tout simplement dit "vous savez, moi j'en ai tous les jours des menaces", a témoigné le maire divers droite se souvenant avoir été "très dépité et choqué" par ces propos, note Le Monde. "On s'est aperçus qu'on se retrouvait totalement démunis, seuls, abandonnés par les services de l'État, et qu'on allait devoir continuer à affronter la montée en puissance de ce collectif", a-t-il poursuivi insistant sur le manque de soutient "flagrant" de l'Etat. Pourtant, la préfecture a soutenu le contraire déclarant avoir été présente aux côtés du maire et avoir organisé des réunions publiques. Des mensonges éhontés selon Yannick Morez : "Il sait très bien qu'il n'a pas organisé de réunion publique, on a toutes les preuves. Il suffit de lui demander (…) la date, il ne pourra pas en fournir, il n'en a pas fait".

Quant au sommet de l'Etat, il s'appuie sur une lettre envoyée à l'édile par Emmanuel Macron le 3 avril dans laquelle le chef de l'Etat a assuré se tenir "aux côtés des élus de notre pays afin de leur assurer les meilleures conditions d'exercice de leurs mandats" pour se défendre. "Je condamne le plus fermement les faits dont vous avez été victime", a encore écrit le Président, mais ce soutien tardif n'est pas suffisant pour Yannick Morez.

La gauche et l'AMF soutiennent le maire de Saint-Brevin-les-Pins

Si le maire de Saint-Brevin-les-Pins s'est senti abandonné par l'Etat, il peut compter sur le Parti socialiste et l'Association des maires de France (AMF) qui ont appelé à une marche symbolique en soutien à Yannick Morez, le 24 mai. Au micro de BFMTV, la première secrétaire déléguée du PS et maire de Nantes, Johanna Rolland, a jugé que "jamais un élu ne devrait être obligé de choisir entre protéger sa famille et exercer son mandat public". Yannick Morez était membre du conseil municipal depuis 15 ans, maire depuis 6 ans et vivait dans la commune depuis 32 ans. Non seulement de démissionner de ses fonctions, il souhaite aussi quitter Saint-Brevin-Les-Pins.

L'AMF a dénoncé quelques heure après l'annonce de la démission de Yannick Morez "une énième manifestation de la violence à laquelle doivent de plus en plus faire face les élus". Elle a également réclame une réponse urgente et "à la hauteur des enjeux".

Pourquoi le maire de Saint-Brevin-les-Pins démissionne-t-il ?

Yannick Morez a annoncé le 11 mai 2023 sa démission en tant que maire de Saint-Brevin-les-Pins, une commune de Loire Atlantique. Des "raisons personnelles" ont été évoquées mais les menaces de militants d'extrême droite que subissait l'édile depuis plusieurs années ne sont pas étrangères à cette décision, pas plus que l'incendie criminel qui a visé sa maison le 22 mars 2023 alors que l'homme et son épouse dormaient. A l'origine de ces menaces se trouve un projet critiqué depuis son commencement : l'installation puis le transfert d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada).

L'extrême droite, notamment des militants proches du Rassemblement national (RN) puis de Reconquête, s'est fortement opposée à l'infrastructure. Le responsable RN du département a battu le pavé à plusieurs reprises s'opposant "à l'immigration massive, devenue une immigration de submersion !" Puis le parti Reconquête s'est emparé la mobilisation avec une campagne menée sur les réseaux sociaux. Des manifestations de plusieurs centaines de personnes ont eu lieu dans la commune comme le 25 février, en présence Damien Rieu, proche d'Éric Zemmour, et de militants munis de visuels néonazi, rapporte Libération. En face, 1 000 personnes ont aussi investi la ville en soutien au projet de Cada.

Le maire de Saint-Brevin-Les-Pins cite aussi "manque de soutien de l'Etat" parmi les raisons de sa démission. L'homme avait déjà interpellé l'exécutif sur sa situation et regrette de ne jamais avoir reçu de protection. Une absence de réponse également remarquée par le Sénat qui a auditionné Yannick Morez dans la matinée du 17 mai et dans le cadre de la mission d'information sur "l'avenir de la commune et du maire en France".