"Je conteste avoir eu connaissance d'une fraude" : la défense fragile de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bygmalion

"Je conteste avoir eu connaissance d'une fraude" : la défense fragile de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bygmalion Lors du procès en appel de Nicolas Sarkozy dans le dossier Bygmalion, l'ex-chef de l'État s'est défendu vendredi 24 novembre avec véhémence de tout excès et a contesté "vigoureusement toute responsabilité pénale".

Nicolas Sarkozy de retour devant la justice. L'ancien chef de l'État a été entendu par les juges, ce vendredi, dans le cadre du procès en appel du dossier Bygmalion. Et il s'est montré catégorique. "Je conteste vigoureusement toute responsabilité pénale car je n'ai pas eu connaissance de la fraude", a-t-il déclaré au début de son intervention à la barre.

Le procès, qui a commencé le 8 novembre à la Cour d'appel de Paris, porte sur les dépenses excessives de sa campagne présidentielle en 2012. Dans une brève déclaration, l'ex-président a rappelé avoir "assumé sa responsabilité politique", quand le Conseil constitutionnel a refusé "de rembourser un centime" de sa campagne perdue de 2012. "Cette responsabilité, je l'ai assumée, en trouvant auprès des gens qui m'aiment 10,5 millions d'euros, c'est ce qu'on a appelé le 'Sarkothon'. Cela me permet de dire que ma campagne n'a rien coûté au contribuable", a-t-il affirmé face aux juges.

Nicolas Sarkozy conteste

Nicolas Sarkozy est rejugé aux côtés de neuf autres personnes qui ont fait appel, de façon partielle ou en totalité, de leur condamnation en septembre 2021. Il encourt, pour "financement illégal de campagne", un an de prison et 3 750 euros d'amende. Celui qui a été condamné en première instance à un an de prison ferme, aménageable sous bracelet électronique, a toujours contesté "vigoureusement toute responsabilité pénale", a-t-il répété devant la cour d'appel ce vendredi. 

Nicolas Sarkozy a également "contest[é] la nécessité de fausses factures". Et d'assurer : "J'ai fait la même campagne qu'en 2007 je n'avais donc pas besoin du double de budget." Ce système "n'a pas été mis en place pour me faire gagner. Mais organisé dans le dos de mon équipe pour faire gagner de l'argent à un certain nombre de personnes", a-t-il estimé, visant la société Bygmalion. "La question de savoir où est passé cet argent est centrale. Il n'est pas passé dans ma campagne."

Nicolas Sarkozy n'a par ailleurs pas manqué de charger implicitement son rival, Jean-François Copé, qui n'a, lui jamais été poursuivi dans cette affaire. "Rétrospectivement, j'ai eu tort de lui confier l'UMP. Si je ne l'avais pas fait, on n'aurait pas eu Bygmalion", a-t-il notamment lâché. Contestant également "le mensonge d'une campagne qui devient folle", l'ancien président a accusé Jérôme Lavrilleux, son ex-directeur adjoint de campagne, proche également de Jean-François Copé, d'être, selon lui, "au cœur de tout".

"Où est le délit ?"

"Je conteste, et j'espère le démontrer, n'avoir jamais eu connaissance d'une fraude, n'avoir jamais demandé une fraude ou même avoir bénéficié d'une fraude. Comme l'a relevé le juge d'instruction", a-t-il précisé, avant le début de son interrogatoire. Et Nicolas Sarkozy de questionner : "Si je n'ai pas ordonné, participé, si je n'en ai pas été informé, alors où est le délit ?"

La justice lui reproche d'avoir laissé filer les comptes de sa campagne présidentielle en 2012 malgré des alertes. Celle-ci avait coûté près de 42,8 millions d'euros, quand le plafond légal était fixé à 22,5 millions d'euros. C'est pour masquer ce dépassement du plafond légal qu'un système de fausses factures a été mis en place, selon l'enquête. Le tribunal correctionnel avait souligné dans son jugement que l'ex-chef d'État avait "poursuivi l'organisation de meetings" électoraux, "demandant un meeting par jour", alors même qu'il "avait été averti par écrit" du risque de dépassement autorisé par la loi.