Rachida Dati attendue au tournant par les professionnels de la culture, surpris et inquiets

Rachida Dati attendue au tournant par les professionnels de la culture, surpris et inquiets L'ancienne garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, a été nommée ministre de la Culture du gouvernement Attal. Sa nomination suscite la méfiance chez les professionnels du domaine.

En l'espace de sept ans, cinq ministres de la Culture se seront succédés rue de Valois, sous la présidence d'Emmanuel Macron. Comme ses prédécesseurs, Rima Abdul Malak a été remerciée après à peine deux ans en poste. Le monde de la culture se dit lassé de ces changements constants et souhaite plus de stabilité pour faire avancer les grands chantiers qui concernent leur domaine. "Cette valse est épouvantable, il faut tout recommencer à chaque fois, c'est une perte de temps et cela témoigne que la culture est une sorte de hochet", déplore Pascal Rogard, directeur général de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) dans des propos rapportés par Le Monde. Même son de cloche chez le directeur général de la Société civile des auteurs multimédias (SCAM), Hervé Rony : "Quelle ambition à changer tous les deux ans au mieux ? On peut s'interroger au fond sur l'intérêt du président pour ce secteur." Outre l'agacement de voir les nouveaux ministres se succéder sans cesse, les professionnels du monde de la culture réagissent à la nomination surprise de Rachida Dati.

"Pas de connaissance ni d'intérêt particulier sur la question"

La nomination de Rachida Dati au ministère de la Culture suscite de nombreuses réactions de méfiance. L'ancienne garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy (2007-2009) et maire du 7e arrondissement de Paris, depuis 2008, n'est pas perçue comme maitrisant les dossiers culturels. Ses atouts, rue de Valois, seront surtout son énergie, son influence politique et sa haute médiatisation qui pourront lui permettre de placer son ministère au centre des conversations. "Rachida Dati n'a pas de connaissance ni d'intérêt particulier sur la question, alors que 2024 va être l'année où doivent aboutir les Etats généraux de l'information", a fait remarquer l'économiste Julia Cagé, à la tête de l'association "Un bout des médias". Le secrétaire général du SNJ-CGT et journaliste à Prisma, Emmanuel Vire, s'est dit "de prime abord surpris" : "Rachida Dati n'a jamais manifesté d'appétence pour les domaines culturel et audiovisuel".

Mais sa nomination suscite aussi de nombreuses craintes quant à l'indépendance des médias. Julia Cagé a confié être "désespérée" face à cette annonce qui représente une "déclaration de guerre à toutes celles et ceux qui se battent pour l'indépendance des médias". Rima Abdul Malak avait pris position contre l'émission Touche pas à mon poste, de Cyril Hanouna, sur C8, la chaîne du très influent Vincent Bolloré. Emmanuel Vire a également dit être "inquiet" : "On connaît les liens entre Rachida Dati et Nicolas Sarkozy, mais aussi ceux de Nicolas Sarkozy avec Vincent Bolloré."

Rachida Dati sera "jugée sur ses actes"

Du côte des professionnels de la culture, la directrice du Syndicat des Musiques Actuelles, Aurélie Hannedouche, s'est montrée perplexe : "C'est une énorme surprise, explique-t-elle au HuffPost. Effectivement, ça a spéculé ces derniers jours, mais vraiment son nom n'était absolument jamais sorti. Dans quelques discussions que ce soit, on ne connaissait pas du tout sa prédilection pour la culture. Donc on va juger sur ses actes." Une surprise "que personne n'avait vu venir", aussi selon Richard Patry de la Fédération des cinémas français. Surprise aussi pour Caroline Verdu, directrice du syndicat national du théâtre privé. Toutefois la représentante syndicale contactée par BFMTV semble donner une chance à la nouvelle ministre : "Rachida Dati est une femme engagée, pugnace, présente, qui ne se laisse pas faire et en réalité je pense qu'à la Culture nous avons besoin de ça. Nous avons besoin d'être entendu, d'être soutenu, d'être considéré".

Lors de la passation de pouvoir, vendredi 12 janvier, la nouvelle ministre de la Culture a déclaré comprendre que sa nomination "puisse surprendre". Avant d'ajouter : "Moi, elle ne me surprend pas. Elle répond à un véritable besoin : le besoin de la France, que souvent on dit populaire, parfois avec un petit peu de mépris, je dois dire, qui doit se sentir représentée."